Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Le Goût des Merveilles
Père : Eric Besnard
Date de naissance : 2015
Majorité : 16 décembre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h58 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Virginie Efira (Louise), Benjamin Lavernhe (Pierre), Lucie Fagedet (Emma), Léo Lorléac’h (Félix), Hervé Pierre (Jules), Laurent Bateau (Mme Ferenza), Hiam Abbass (Jules)…
Signes particuliers : Dans l’ombre de Star Wars, un petit film français que l’on aime follement !
UN PETIT PARFUM DE MERVEILLEUX
LA CRITIQUE
Résumé : Au cœur de la Drôme provençale, Louise élève seule ses deux enfants et tente de préserver l’exploitation familiale. Un soir, elle manque d’écraser un inconnu au comportement singulier. Cet homme se révèle vite différent de la plupart des gens. Et sa capacité d’émerveillement pourrait bien changer la vie de Louise et de sa famille.L’INTRO :
Une comédie dramatique attendrissante au milieu des vergers de Provence, avec Virginie Efira en vedette, et signée du scénariste de L’Italien d’Olivier Baroux, lui-même réalisateur des médiocres Ca$h avec Jean Dujardin ou Mes Héros avec Jugnot et Balasko… Au premier abord, Le Goût des Merveilles paraissait quand même bien mal engagé. Au second, aussi. Parce que de surcroît, le nouveau long-métrage d’Eric Besnard se voit lancé en salles en contre-programmation du méga-giga-ultra-événement de l’année : Star Wars. De compliqué, on entre quasiment dans la dimension de l’impossible, question existence médiatique et intérêt porté. Toutefois, il est possible de voir les choses sous un autre angle. D’abord, tout le monde n’est pas fondamentalement tourneboulé à l’idée d’aller voir Le Réveil de la Force et il est important que les salles obscures prévoient aussi, de quoi sustenter les quelques badauds qui n’en auront rien à cirer du retour de la saga culte avec ses Jedi, ses Wookies et ses Stormtroopers. Ensuite, parce qu’on peut résumer Eric Besnard autrement qu’en allant piocher le pire de sa filmographie. Eric Besnard, c’est aussi le scénariste des excellents Le Convoyeur et Made in France de Nicolas Boukhrief, c’est aussi le bonhomme qui a coécrit l’adaptation de Babylon A.D, avant que Kassovitz ne parte en sucette avec. Alors, il y a t-il vraiment un petit arrière-goût de merveilleux dans ce nouvel effort ?L’AVIS :
Ce que l’on aime avec le cinéma, c’est avant tout son étonnante diversité qui renvoie au célèbre adage culte de Forrest Gump, « la vie, c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber… » Avec les films, c’est un peu la même chose. Il y a les franches réussites, les chefs-d’œuvre attendus, les purges épouvantables, les tristes déceptions, les films moyens qui se regardent d’un œil, les divertissements calibrés pour être efficaces, les claques venues de nulle part… Et au milieu de cette galaxie cinématographique, il y a ces petits films que l’on aime à taxer de « mignons » pour exprimer avant tout, un sentiment plus qu’un véritable regard objectif à leur encontre. Ces films mignons, ce sont généralement de belles histoires, racontées avec une délicieuse simplicité qui fait du bien, déployant de nobles sentiments chaleureux, le tout dans une absence totale de prétention. Ce sont souvent de bons comédiens, qui mettent du cœur à l’ouvrage pour charmer un spectateur bercé, comme séduit par un doux clapotis plein de tendresse… Enfin, ces films mignons, ce sont souvent des histoires plaisantes adossées à un savoureux mélange d’humour et d’émotions, ingrédients incontournables qui s’entrecroisent dans, généralement, des films relevant des registres de la comédie romantique ou dramatique. En donnant cette succincte définition de ce que sont traditionnellement ces films dits « mignons », on vient de résumer quasiment toute l’essence de Goût des Merveilles.Prenant la direction de la Drôme provençale, au milieu de la nature, des vergers, du soleil, et de toutes les beautés de ce si beau coin de campagne, Eric Besnard nous prend par la main et nous emmène vers un récit aussi bienveillant qu’inoffensif. Et ça fait du bien ! Alors qu’il semble aujourd’hui presque impossible de faire du cinéma sans considérations manichéennes, sans gentils et méchants, sans affrontements querelleurs et enjeux d’opposition, le cinéaste vient nous rappeler que le contraire est tout à fait faisable. Le Goût des Merveilles n’a rien d’un chef-d’œuvre, il n’en a d’ailleurs pas une once de prétention. Il n’a rien non plus d’un film méchant. A l’image de son joli et émouvant personnage atteint du syndrome d’Asperger, Le Goût des Merveilles est juste un film loyal, sincère, honnête, gentil, qui ne veut et ne fait aucun mal, qui s’applique seulement à être simple et beau. Certains y verront de la naïveté et une absence totale de prise de risque ou d’aspérités, d’autres, y verront plutôt un effort plein de délicatesse, embrassant un flot d’émotions pures et essentielles, parlant de choses authentiques, touchant profondément par la noblesse de sa démarche sans aucune autre philosophie, que plaire en toute modestie et illustrer des sentiments vrais pleins d’humanité.A l’écran, c’est un fabuleux Benjamin Lavernhe (de la Comédie Française) qui incarne magistralement Pierre, cet homme aussi étrange que bouleversant, et qui va croiser la route d’une mère de famille esseulée se battant au quotidien pour maintenir à flot son exploitation agricole en faillite. Louise, c’est Virginie Efira, que l’on a si souvent connu fort mauvaise par le passé. Bien dirigée, filmée avec une grâce la rendant naturellement belle et ancrée dans le réel, l’actrice belge joue une partition juste et forme avec son acolyte, un duo délicieux dont on s’éprend très vite. La beauté du cadre, la mise en scène naturaliste d’Eric Besnard, la saveur de son beau récit poétique, la volonté de briser (ou plutôt contourner) certains codes archétypaux de la romance classique, et enfin les émotions qui se dégagent de cette touchante rencontre, donnent suffisamment de merveilleux à cette sucrerie sur la différence qui n’éloigne pas mais rapproche, pour la rendre profondément agréable et adorable. Le Goût des Merveilles a bel et bien du goût, et bel et bien du merveilleux. A consommer sans modération !
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux