[Note des spectateurs]
La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : Yves
Père : Benoît Forgeard
Date de naissance : 2018
Majorité : 26 juin 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h38 / Poids : NC
Genre : Comédie
Livret de famille : William Lebghil, Doria Tillier, Philippe Katerine, Alka Babir…
Signes particuliers : Pour la première fois, un frigo a monté les marches à Cannes.
UNE FARCE QUI AURAIT BESOIN D’ÊTRE DÉGIVRÉE
LA CRITIQUE DE YVES
Synopsis : Jérem s’installe dans la maison de sa mémé pour y composer son premier disque. Il y fait la rencontre de So, mystérieuse enquêtrice pour le compte de la start-up Digital Cool. Elle le persuade de prendre à l’essai Yves, un réfrigérateur intelligent, censé lui simplifier la vie…
C’est l’histoire d’un mec qui se fait livrer un frigo super-intelligent, lequel va prendre une énorme place dans sa vie au point de tout gérer pour lui et de devenir son meilleur copain. A la lecture du pitch de Yves et alors que Le Daim sort en salles une semaine avant, difficile de ne pas penser à Quentin Dupieux et son univers si loufoque. Et à la découverte du film, difficile de ne pas s’empêcher d’imaginer ce que le même Dupieux aurait justement pu faire de cette histoire un brin barrée sur les bords. Sauf qu’il n’y a pas de Dupieux dans l’affaire. Yves est réalisé par Benoît Forgeard (Gaz de France) et le résultat est très déconcertant.
Sur le papier, Yves débordait de bonnes intentions. A commencer par l’envie de signer une fable humoristique alliant léger surréalisme et critique de la surdose de nouvelles technologies dans nos vies quotidiennes, notre soumission à celles-ci et la dépendance qu’elles créent. Le potentiel était là, la douce absurdité née d’un grossissement du trait s’efforce de coller aux thèmes défendus par le scénario, mais Benoît Forgeard passe quand même à côté en raison de son incapacité à maîtriser l’esprit décalé de son effort. Ou plutôt à réellement l’embrasser, comme si le metteur en scène se retenait constamment par peur que l’humour délirant ne soit un frein à ses envies de propos. Poussif d’un bout à l’autre, Yves n’est jamais dans le rythme, jamais dans la déconne, toujours rattrapé par un ton intellectualiste et son étrange nonchalance qui figent le plaisir de la farce et amène le film sur les pentes glissantes d’une sorte de fausse prétention assassine. « Fausse » car Yves est pourtant sincère dans l’idée mais très maladroit dans l’exécution. Succession de saynètes mécaniques où le rire s’évente derrière l’obsession de la poésie post-moderne, le film tombe doucement dans un faux tempo qui manque cruellement de mordant et de piquant.
Plus proche de Serge Bozon que de Dupieux mais sans la maîtrise, Yves devient vite trop abstrait pour parler efficacement. On sent constamment l’écriture, la mise en scène, les idées appuyées, à tel point qu’elles étouffent le film pour en faire une démonstration trop consciente de sa volonté d’intelligence. Et à force, Forgeard de nous mettre tellement à distance que l’on sort du film, d’autant que ses personnages ne sont que rarement attachants, qu’aucune émotion ne se dégage d’une entreprise aussi froide que son frigo. Tout l’inverse du Her de Spike Jonze par exemple, lequel arrivait à concilier réflexion sur les nouvelles technologies et cinéma chaleureux et mélancolique.
BANDE-ANNONCE :
Par Wilfried Rennahan