Nom : Wicked
Père : John Chu
Date de naissance : 04 décembre 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h40 / Poids : NC
Genre : Fantastique, Musical
Livret de Famille : Ariana Grande, Cynthia Erivo, Jonathan Bailey, Michelle Yeoh, Jeff Goldblum, Ethan Slater…
Signes particuliers : Une surprise (très) inattendue.
Synopsis : WICKED suit le parcours des sorcières légendaires du monde d’Oz. Elphaba, une jeune femme incomprise à cause de la couleur inhabituelle de sa peau verte ne soupçonne même pas l’étendue de ses pouvoirs. À ses côtés, Glinda qui, aussi populaire que privilégiée, ne connaît pas encore la vraie nature de son cœur. Leur rencontre à l’Université de Shiz, dans le fantastique monde d’Oz, marque le début d’une amitié improbable mais profonde. Cependant, leur rapport avec Le Magicien d’Oz va mettre à mal cette amitié et voir leurs chemins s’éloigner. Tandis que Glinda, assoiffée de popularité, se laisse séduire par le pouvoir, la détermination d’Elphaba à rester fidèle à elle-même et à son entourage aura des conséquences aussi malheureuses qu’inattendues. Leurs aventures extraordinaires au pays d’Oz les mèneront finalement à accomplir leur destinée en devenant respectivement la Bonne et la Méchante Sorcière de l’Ouest.
RETOUR AU PAYS D’OZ
NOTRE AVIS SUR WICKED
Malgré le four cataclysmique de Cats il y a quatre ans, Universal Pictures récidive en distribuant une nouvelle adaptation d’un célèbre musical de Broadway : le méga-populaire Wicked de Stephen Schwartz et Winnie Holzman. Une invitation à retrouver l’imaginaire du pays d’Oz à travers une histoire dont l’action se passe bien avant l’arrivée de Dorothy au pays du célèbre Magicien. Porté par les chanteuses-actrices Cynthia Erivo et Ariane Grande, entourées de Michelle Yeoh, Jeff Goldblum et Jonathan Bailey entre autres, l’adaptation cinématographique de Wicked sera en deux (longues) parties, toutes deux dirigées par le redoutable tâcheron qu’est John Chu (G.I. Joe Conspiration, Insaisissables 2, Crazy Rich Asians). 2h40 de chansons, de magie et d’aventures dans le vaste royaume d’Oz.
L’histoire débute quelques heures après la mort de la méchante sorcière de l’Ouest vaincue par la petite Dorothy et ses amis dans Le Magicien d’Oz. Glinda, la gentille Sorcière du Nord, raconte aux habitants de Munchkinland, l’histoire méconnue de la sorcière de l’Ouest et comment elle est devenue la méchante tant redoutée dans tout le Royaume. Tout commence dans leur jeunesse commune, à l’Université de Shiz…
Vous avez bien lu, 2h40. C’est quand même très long pour un film musical qui s’adresse notamment aux plus jeunes. préquel du Magicien d’Oz (dont on retrouve tous les motifs), Wicked s’offre comme un joyeux mélange de Star Wars (pour l’arc dramatique d’un méchant), d’Harry Potter (pour l’univers magique) et de Shrek (pour l’humour plein autodérision). Les premières minutes laissent craindre un long chemin de croix. Direction artistique abominable injectant des kilos de colorant artificiel, ambiance musicale hystérique semblable à un dimanche d’été dans les rues bondées de Disneyland, enchaînement de chansons épouvantablement tartignoles… Le film n’a commencé que depuis 2 minutes et l’on sent déjà que les 2h38 restantes vont être plus longues que l’écoute d’une anthologie de Maître Gims. Et puis les choses se mettent en place, l’univers se dessine, les personnages se construisent, un rythme s’organise… et les réticences s’estompent comme des barrières démontées. En étant malhonnête, on reste figés sur l’impression première par délit de détestation. Plus honnête, on dépose les armes et on arrête de bouder son plaisir pour reconnaître à Wicked des qualités de grand spectacle qui respectent ses engagements envers la mythologie du Magicien d’Oz.
L’entreprise était complexe et périlleuse et le résultat est indéniablement inégal. Encore marqué par l’expérience Cats qui avait su plonger les deux mains en avant dans les tréfonds de la nullité la plus abyssale, il faut admettre que Wicked n’est pas une catastrophe similaire tant redoutée et que le film de John Chu vole un peu plus haut, loin des terres du nanar infâme. Il ne vole peut-être que d’une aile seulement, mais il vole. En tout point, Wicked est freiné par son inconstance et son incapacité à maintenir ses qualités sur la durée. Son humour bourré d’autodérision sur ses personnages volontairement caricaturaux (l’ingénue Galinda incarnée par Ariane Grande est tordante avec ses airs de barbie écervelée, tout comme le beau prince imbu de lui-même joué par Jonathan Bailey). Mais cet humour aurait mérité d’être une constante plutôt que de disparaître à mi-parcours alors qu’il déclenchait l’hilarité générale. Inconstance aussi du côté des tableaux musicaux, qui sont tantôt très réussis, spectaculaires et portés par des chansons pop entraînantes, tantôt ridicules et visuellement désastreux, avec des mélodies mièvres et/ou barbantes. Même chose pour le discours sur la différence et la manipulation des masses, capable de quelques incursions dans des chemins de traverse intelligents (allant jusqu’à oser quelques idées politiques avec le personnage du Magicien d’Oz incarné avec verbe, verve et talent par Jeff Goldblum) comme il peut parfois s’engourdir dans une lourdeur excessivement cheezy et répétitive.
De sa direction artistique à ses chansons, de son histoire aux composantes qui la nourrissent en passant par son propos ou ses effets spéciaux, Wicked est un film à géométrie variable, trop pour s’imposer comme une totale réussite. Mais par moments, par passages, par tableaux ou par segments, il parvient à installer une sorte de magie divertissante, certes très fragile et volatile, mais qui rehausse un film globalement maladroit et pas toujours très bien construit mais qui réussit à ne pas trop se faire écraser par sa mythologie ultra-culte.
Au final, adapter Wicked au cinéma ne relevait-il pas du défi impossible ? Le film est bien trop long, ce qui risque de le priver d’une partie de son public (les enfants pour qui 2h40 représente une demi-journée d’école). Peut-être eut-il fallu raccourcir l’histoire ? Son ampleur fait qu’elle file déjà assez vite mine de rien, et il est déjà en deux parties. Enlever les chansons ? Ce n’aurait plus été une adaptation de Wicked mais un autre film, un autre projet. Bilan, Wicked va devoir faire avec ce qu’il est, avec ses qualités et ses défauts. Et le spectateur va devoir accepter l’alternance. Parfois on s’ennuie un peu, parfois on est emporté par un tourbillon plein d’entrain, de rires et de mélodies. Rendez-vous pour la seconde partie dans un an !
Par Nicolas Rieux