La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : Tout Simplement Noir
Père : Jean-Pascal Zadi & John Wax
Date de naissance : 2020
Majorité : 08 juillet 2020
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h30 / Poids : NC
Genre : Comédie
Livret de famille : Jean-Pascal Zadi, Fary, Lucien Jean-Baptiste, JoeyStarr, Claudia Tagbo, Eric Judor, Ramzy et Melha Bedia, Omar Sy, Soprano, Matthieu Kassovitz, Lilian Thuram, Cyril Hanouna, Jonathan Cohen…
Signes particuliers : Hilarant et intelligent, le combo parfait pour une bonne comédie.
TOUT SIMPLEMENT BON
NOTRE AVIS SUR TOUT SIMPLEMENT NOIR
Synopsis : JP, un acteur raté de 40 ans, décide d’organiser la première grosse marche de contestation noire en France, mais ses rencontres, souvent burlesques, avec des personnalités influentes de la communauté et le soutien intéressé qu’il reçoit de Fary, le font osciller entre envie d’être sur le devant de la scène et véritable engagement militant…
Qui est Jean-Pascal Zadi, acteur et coréalisateur de ce Tout Simplement Noir ? Un comédien bientôt quadragénaire dont la carrière n’a jamais vraiment décollé. On l’a brièvement vu dans l’horrible Black Snake de Thomas Ngigol ou encore dans le Nicky Larson de Philippe Lachaud. Un acteur raté ? C’est en tout cas, et non sans ironie et autodérision, ce qu’il incarne dans sa première réalisation, une comédie engagée qui s’apprête à sortir dans la morosité du déconfinement… mais surtout en plein mouvement de solidarité international envers le peuple noir alors que l’actualité récente a été marquée par les émeutes et la vague de soutien mondiale engendrée par l’affaire George Floyd. Oui, il y a encore en 2020 une « cause des noirs » à défendre et c’est un peu tout le problème d’ailleurs, ce triste immobilisme qui fait que les combats d’hier sont encore ceux d’aujourd’hui. Epaulé par John Wax (un proche du duo Eboué/Ngigol), Jean-Pascal Zadi s’est attaqué au problème sous le signe du mockumentary ascendant comédie. Ou plus clairement, il y est question d’un faux documentaire chargé en rigolade suivant un petit acteur minablo-raté qui rêve d’organiser une gigantesque marche de soutien pour les Noirs, marche où ne seraient acceptés que les « hommes noirs ». Mais vraiment bien noirs, pas les faux noirs, pas les métisses, pas les blancs, pas les femmes. En gros, que les hommes aux cheveux crépus et à la peau très foncée. Vous l’aurez compris, Jean-Pascal est plein de bonne volonté mais… un peu con. Ce qui va poser souci au gré de ses nombreuses rencontres avec les personnalités influentes de la communauté noire qui pourraient l’aider.
Outre le fait d’être un pari assez original sur la forme, Tout Simplement Noir était aussi un pari audacieux sur le fond. Faire rire avec un film populaire tout en n’abandonnant pas une visée très engagée défendant vraiment un propos militant. Et Jean-Pascal Zadi a réussi son coup sur (presque) toute la ligne, Tout Simplement Noir étant la bonne surprise à découvrir au cinéma en ce début de mois juillet marqué par une reprise douloureuse et une actualité cinématographique rendue compliquée par les mesures sanitaires. La grande force du film est clairement d’avoir assumer à 300% l’angle de l’autodérision. Que ce soit pour Jean-Pascal Zadi, acteur principal, mais aussi pour les innombrables guest qui viennent passer une tête tout au long de l’aventure de ce « JP », mix improbable entre noble conviction, bêtise aveuglée et allure burlesque. Lucien Jean-Baptiste, Fary, JoeyStarr, Claudia Tagbo, Eric Judor, Ramzy et Melha Bedia, Soprano, Matthieu Kassovitz, Lilian Thuram, Cyril Hanouna, Jonathan Cohen… Ils sont très nombreux à avoir accepté l’invitation de Jean-Pascal Zadi (et à eux s’ajoutent des surprises que l’on vous laissera découvrir) et tous se prêtent à un numéro hilarant dans cette sorte d’enchaînement de saynètes dont certaines valent leur pesant de cacahuètes. On pense en premier lieu à celle réunissant Lucien Jean-Baptiste et Fabrice Eboué, qui nous aura valu l’un de nos plus gros fous rires de l’année alors que le duo se chamaille sur la qualité de leurs films respectifs pétris de clichés.
Mais si Tout Simplement Noir est très drôle, surtout poussé par la naïve bêtise du personnage principal dont les plus gros problèmes sont d’être à la fois sans filtre et pas très très malin sur les bords (un moyen de critiquer les préjugés qui sont finalement partout et chez tout le monde car « la bêtise est le truc le mieux partagé au monde » dixit Zadi), le film coréalisé par Zadi et Wax n’en oublie pas d’être assez intelligent sur le fond, dans ce qu’il raconte et dans la manière dont il le raconte. Très humaniste quand on sait lire entre les lignes de son second degré, le film impose une fine réflexion sur la condition des « Noirs », sur la notion même de « Noir », sur la notion de communautarisme, de militantisme aujourd’hui et sur la manière de faire passer un message, montrant que bien trop souvent, les plus belles causes peuvent accoucher de catastrophes parce qu’insuffisamment réfléchies, trop égocentriques ou parasitées par l’opportunisme des uns et des autres. Tout Simplement Noir est à la fois un bel acte de défense de la cause des Noirs maniant à merveille le second degré et l’ironie pour faire passer son propos, tout en s’ouvrant à l’idée qu’au fond, ce sont toutes les « minorités » qui souffrent. Surtout, il n’hésite pas à aligner les clichés pour mieux les dénoncer par le rire. Et ça fonctionne. L’ensemble est parfois un peu inégal mais régulièrement jubilatoire et bien pensé, avec cette idée supérieure que finalement, noir, blanc, jaune ou rouge, on devrait tous n’être que des êtres humains. Simple, efficace, à l’image du film, à l’image de Jean-Pascal, un gars bien, un gars sincère, un gars profondément humaniste.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
Merci de me faire connaître ce film