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THE KING OF STATEN ISLAND de Judd Apatow : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : The King of Staten Island
Père : Judd Apatow
Date de naissance : 2019
Majorité : 22 juillet 2020
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h17 / Poids : NC
Genre : Comédie

Livret de famille : Pete Davidson, Marisa Tomei, Bill Burr, Steve Buscemi…

Signes particuliers : Le meilleur film de Judd Apatow ?

L’ADULESCENCE COMME CONSÉQUENCE D’UN TRAUMA

NOTRE AVIS SUR THE KING OF STATEN ISLAND

Synopsis : Il semblerait que le développement de Scott ait largement été freiné depuis le décès de son père pompier, quand il avait 7 ans. Il en a aujourd’hui 24 et entretient le doux rêve d’ouvrir un restaurant/salon de tatouage. Alors que sa jeune sœur Claire, sociable et bonne élève, part étudier à l’université, Scott vit toujours au crochet de sa mère infirmière, Margie, et passe le plus clair de son temps à fumer de l’herbe, à traîner avec ses potes Oscar, Igor et Richie et à coucher en cachette avec son amie d’enfance Kelsey. Mais quand, après 17 ans de veuvage, sa mère commence à fréquenter Ray, lui aussi pompier, Scott va voir sa vie chamboulée et ses angoisses exacerbées. L’adolescent attardé qu’il est resté va enfin devoir faire face à ses responsabilités et au deuil de son père.   

Très actif dans plein de domaines (production, écriture), Judd Apatow n’avait en revanche plus réalisé de long-métrage depuis cinq ans et Crazy Amy avec l’humoriste Amy Schumer. The King of Staten Island marque donc son grand retour derrière la caméra. Un retour triomphant mais malheureusement entravé par les conditions sanitaires et une douloureuse reprise de la fréquentation des salles, lesquelles qui risquent fort de faire passer cette comédie dramatique sous le radar du succès. Dommage car Judd Apatow venait de signer l’un de ses meilleurs films.

Après Amy Schumer, c’est un autre artiste du monde du stand-up qui a intéressé Judd Apatow : Pete Davidson. Comme Crazy Amy (coécrit par Schumer et inspiré de son propre parcours), The King of Staten Island n’est pas vraiment un biopic à proprement parler mais le film est quand même largement inspiré de la vie de Pete Davidson, son acteur principal également coscénariste. La mort de son père quand il était jeune, sa maladie Crohn, sa dépression et ses difficultés à aller de l’avant sont autant de vrais sujets que le comédien incarne dans cette comédie très estampillée « Apatow » puisqu’on y trouve au passage une thématique chère au cinéaste : l’adulescence. Encore ? Oui, encore. Mais si la tentation de penser que le cinéaste tourne en rond autour de ses éternels mêmes sujets était grande, The King of Staten Island prouve que l’on aurait tort de s’en tenir à ce seul préjugé, car cette fois Apatow ne traite pas de l’adulescence comme d’un état de vie rigolo et fun (ce que le cinéma a presque toujours fait), mais davantage comme le résultat d’un trouble psychologique enfoui.

Sur le papier, le héros du film, éternel adolescent incapable de s’autogérer et accroc aux joints et à la fainéantise procrastineuse, avait tout pour agacer et donner des envies de baffes irréfrénées. Pourtant, à la faveur d’une écriture malicieuse et non dénuée d’intelligence, Judd Apatow réussit le petit exploit de nous attacher follement à ce looser baladé entre le pathétique et le magnifique. Le cinéaste arrive à jongler avec ce qu’il provoque, drôlerie, énervement, empathie. Parce que « Scott » a beau être d’une constante bêtise le propulsant roi des têtes à claques, Judd Apatow glisse toujours en toile de fond de micro-explications que le spectateur va choper à la volée. Au fond, il ne s’agit pas d’un énième adulescent aussi creux qu’une amphore mais d’un déraillement psychologique, d’un gamin flingué par un passé qu’il n’a jamais pu accepter et dépasser. Derrière le rire, derrière les conneries et cette irresponsabilité chronique, se cache un « gamin » profondément déprimé, un jeune homme dans le déni. En fond de cette comédie sincèrement drôle, habite en réalité un drame finalement très amer. Judd Apatow aurait pu mieux gérer le mariage des deux tons avec davantage d’équilibre mais The King of Staten Island reste néanmoins un film très intéressant, un peu long (2h15) mais très intéressant quand même.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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