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THE APPRENTICE de Ali Abbasi : la critique du film

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Nom : The Apprentice
Père : Ali Abbasi
Date de naissance : 09 octobre 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h00 / Poids : NC
Genre : Biopic

Livret de Famille : Jeremy Strong, Iona Rose MacKay, Sebastian Stan

Signes particuliers : On n’a pas été trumpé sur la marchandise.

Synopsis : Véritable plongée dans les arcanes de l’empire américain, The Apprentice retrace l’ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump grâce à un pacte faustien avec l’avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn.

 

DE LOOSER RIDICULE A MAGNAT CYNIQUE

NOTRE AVIS SUR THE APPRENTICE

C’est à environ un mois de distance de la prochaine élection présidentielle américaine que sortira aux Etats-Unis et en France le biopic The Apprentice d’Ali Abbasi sur Donald Trump. Un film qui a beaucoup fait réagir dès sa présentation en compétition officielle à Cannes, déclenchant notamment l’ire de l’ancien président orange, lequel n’a pas traîné pour lancer des manœuvres judiciaires en l’accusant de diffamation. Toujours « attaquer », c’est l’un des mantras du fou qui est devenu roi. Dans The Apprentice -du nom de sa célèbre émission de télé-réalité- Ali Abbasi imagine l’ascension du jeune Donald alors qu’il n’était qu’un petit arriviste fils de son promoteur de papa, certes ultra-motivé pour réussir mais looser sur les bords. Sa rencontre avec l’avocat véreux Roy Cohn changera sa destinée. C’est l’influent requin qui construira le « tueur » que deviendra Trump Junior, d’abord magnat de l’immobilier puis Président des Etats-Unis.

C’est un film bien particulier à de nombreux égards que livre là le réalisateur Ali Abbasi (Border, Les Nuits de Mashhad). Particulier dans ce qu’il est, dans ce qu’il raconte, dans la manière dont il le raconte et même dans son esthétique très curieuse avec une photographie changeante selon les décennies, 16mm pour les années 70 et VHS pour les années 80. Mais ce petit truc de mise en scène (à la justification fumeuse) n’est pas ce que l’on retiendra vraiment du film.

Quelque part entre Barry Lyndon, Scarface et Frankenstein (si, si), The Apprentice ne donne pas le biopic classique à narration linéaire, mais cherche à construire un portrait plus général de l’homme en associant des idées et informations glanées, nourrissant ensemble une histoire spécifique choisie comme axe porteur : la relation que Trump a entretenu avec son mentor Roy Cohn. Ou comment ce dernier a façonné le magnat impitoyable et agressif qu’allait devenir Donald Trump. Forcément, on comprend vite pourquoi le 45e président fou de l’Amérique a vu rouge après les premiers retours cannois. Si l’idée d’Abbasi n’est en aucune façon de le moquer ou de le caricaturer, The Apprentice donne à voir un portrait peu reluisant du bonhomme entre son côté looser endimanché du début, son manque de confiance en lui ensuite, puis sa maladresse grotesque, son égoïsme, son ingratitude, sa bêtise par ignorance, sa mégalomanie, la disparition progressive de toutes valeurs d’humanité, de respect, de loyauté, sa capacité à mentir, trahir ou humilier aussi… Ce qui est intéressant dans le film d’Abbasi, c’est de voir comment le cinéaste ne cherche jamais à écraser son sujet avec méchanceté ou médisance, bien au contraire. The Apprentice est plus fascinant qu’à charge, il tente d’élaborer le portrait psychologique d’un homme et d’expliquer comment et pourquoi il est devenu ce qu’il est en allant chercher dans son lointain passé, les bases de cette construction idéologique. Comme son refus de la défaite, toujours crier victoire peu importe les circonstances. Comme son systématisme à attaquer, attaquer et toujours attaquer car l’attaque est la meilleure des défenses, dit-on communément. Ou comme sa capacité à toujours tout nier en bloc pour imposer ses vérités.

Sous les traits d’un Sébastien Stan exceptionnel, The Apprentice est une plongée passionnante au plus près d’un « mythe » controversé. Le déroulement des événements ou certains faits échappent peut-être à une réalité pointilleuse mais The Apprentice n’est pas fait avec du vent. Très documenté, le film se sert ou s’inspire d’éléments réels pris ici et là, pour construire un portrait juste et pertinent, un peu à la manière de Danny Boyle sur son Steve Jobs. Boosté par son style pop-vintage et son énergie, The Apprentice donne à observer la naissance d’un monstre de cynisme.

 

 

Par Nicolas Rieux

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