ROQYA de Saïd Belktibia : la critique du film

Banlieues et cinéma de genre, une association devenue à la mode ces temps-ci. Après Kandisha, La Tour, La Gravité ou encore Vermines, c’est un tour de Roqya de se la tenter. Premier long-métrage du réalisateur Saïd Belktibia, Roqya nous embarque dans une expérience étrange parlant de superstitions et de sorcellerie au cœur d’une cité bouillonnante. Nour (Golshifteh Farahani) habite avec son fils dans une barre d’immeuble où elle vit de trafic d’animaux exotiques pour des guérisseurs. Elle pense tenir une bonne idée quand elle lance une appli mettant en relation clients et marabouts divers. Mais une expérience qui tourne mal met sa vie et celle de son fils en danger. Accusée de sorcellerie, elle se retrouve traquée…

Roqya est une curiosité, un film d’entre-deux difficilement classable dans un registre clairement défini. Souvent, on aime ces films de traverse qui déstabilisent. En l’occurrence, ce premier long-métrage de Saïd Belktibia ne pénètre jamais purement et franchement dans le genre et pourtant impossible de lui en refuser l’appartenance. Il flirte avec le fantastique, tourne autour de l’étrange, il prendrait presque des airs de David Lynch teinté d’horrifique. Un vrai film singulier, qui a déjà le mérite de ne ressembler à rien de vu récemment et surtout qui envoûte autant qu’il effraie avec son ambiance pesante et sa chasse aux sorcières haletante sur fond de superstitions occultes et de thématiques évoquant la méfiance contre le fondamentalisme illusoire et la perte de repères chez des laissés-pour-compte repliés dans un contre-modèle de société.