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RIEN A FOUTRE de Emmanuel Marre & Julie Lecoustre : la critique du film

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Nom : Rien à Foutre
Parents : Emmanuel Marre, Julie Lecoustre
Date de naissance : 2021
Majorité : 02 mars 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h55 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique

Livret de Famille : Adèle ExarchopoulosAlexandre PerrierMara Taquin

Signes particuliers : L’un des meilleurs rôles d’Adèle Exarchopoulos depuis longtemps. 

Synopsis : Cassandre, 26 ans, est hôtesse de l’air dans une compagnie low-cost. Vivant au jour le jour, elle enchaîne les vols et les fêtes sans lendemain, fidèle à son pseudo Tinder «Carpe Diem». Une existence sans attaches, en forme de fuite en avant, qui la comble en apparence. Alors que la pression de sa compagnie redouble, Cassandre finit par perdre pied. Saura-t-elle affronter les douleurs enfouies et revenir vers ceux qu’elle a laissés au sol ?

 

ON S’EN FOUT PAS !

NOTRE AVIS SUR RIEN A FOUTRE

On a totalement « quelque chose à foutre » de ce Rien à Foutre, réalisation à quatre mains du tandem Emmanuel Marre et Julie Lecoustre. Le film est né d’une double-image, quand Emmanuel Marre s’est retrouvé sur un vol Ryanair et a observé l’hôtesse de l’air face à lui. La mine basse, l’air triste, elle semblait aller mal. Puis le « ding » du départ a retenti, la jeune femme s’est levée, sourire de façade autour des lèvres, elle a donné ses consignes, parcouru l’appareil avec son chariot à boissons et autres produits à vendre. La question qui taraudait le cinéaste était de savoir ce qu’elle avait pu laisser au sol avec de s’envoler ? Que cachait ce sourire « ultra bright » si artificiel ?

Deux portraits coexistent dans Rien à Foutre, d’un côté celui du monde des compagnies aériennes, plus particulièrement ces compagnies low cost aux règles strictes sommant le rendement, de l’autre celui d’une jeune femme incarnant une jeunesse éprise de liberté mais en proie à une forme de solitude 2.0 et devant conjuguer joie de façade et douleurs intérieures étouffées car à la question « comment ça va ? », personne ne veut entendre « bof, pas bien ». C’est la loi de notre monde moderne, il faut aller bien en société (ou faire croire que c’est le cas) sous peine de repousser ceux qui ne veulent pas se coltiner les états d’âme d’autrui. A la lapidaire « ça va ? », la réponse doit être « oui ». Toujours « oui ».

Porté par un hyperréalisme qui se traduit par une mise en scène volontairement approximative, un joyeux sentiment d’improvisation tâtonnant et un regard tout en fébrilité, Rien à Foutre est un objet filmique rendu intéressant par sa marginalité et par la profondeur qui habite chacun de ses pas. Tourneboulent une sensibilité à fleur de peau, un propos politique sur le cynisme du monde du travail contemporain déshumanisé, un mélange d’humour, de mélancolie, de statisme, d’empathie, de fuite sans repères… Emmené par une fabuleuse Adèle Exarchopoulos qui donne corps (et âme) à son superbe personnage désenchanté et à cette exploration personnelle et professionnelle, Rien à Foutre est un beau geste de cinéma dont l’humilité n’a d’égale que la profondeur résonnante.

 

 

Par Nicolas Rieux

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