Carte d’identité : Nom : Resident Evil: Welcome to Raccoon City Père : Johannes Roberts Date de naissance : 2020 Majorité : 24 novembre 2021 Type : Sortie indéterminée Nationalité : USA Taille : 1h47 / Poids : NC Genre : Horreur
L’AVIS DE FRED SUR RESIDENT EVIL : BIENVENUE A RACCOON CITY
Synopsis :Autrefois le siège en plein essor du géant pharmaceutique Umbrella Corporation, Raccoon City est aujourd’hui une ville à l’agonie. L’exode de la société a laissé la ville en friche… et un grand mal se prépare sous la surface. Lorsque celui-ci se déchaîne, les habitants de la ville sont à jamais… changés… et un petit groupe de survivants doit travailler ensemble pour découvrir la vérité sur Umbrella et survivre à la nuit.
Après six films Resident Evil massacr… menés en grande partie et en roue libre par le couple Paul W.S. Anderson/Milla Jovovich devant et derrière la caméra (bon, il y en a quand même certains plus regardables que d’autres, reconnaissons-le, principalement dans la première trilogie), l’espoir de voir un jour une adaptation respectueuse de la saga vidéoludique pleine de virus et de laboratoires improbables tenait de la chimère la plus totale… Même si, on le savait en notre for intérieur, le succès inexplicable des précédents longs-métrages allait forcément appeler un reboot un jour ou l’autre. Pour le meilleur ou pour le pire.
C’est désormais chose faite avec ce Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City qui, évidemment, gomme tous les errements cinématographiques précédents pour ce concentrer sur une adaptation des deux premiers jeux vidéos, se voulant bien plus fidèle à leur esprit. Connu pour 47 Meters Down ou The Strangers: Prey at Night, Johannes Roberts fait en effet le choix, que l’on sent d’ailleurs bien intentionné, de revenir aux sources de la licence, avec sans doute l’espoir de livrer enfin aux fans le film qu’ils attendaient. Mais le résultat final a hélas, de grandes chances de susciter une nouvelle fois plus le rejet que l’adhésion.
Bien sûr, en soi, Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City se rapproche bien plus des jeux vidéos que la précédente saga, il passe d’ailleurs son temps à le souligner : des séquences donnent l’impression de n’être que des variations de cinématiques de ses modèles jouables, les personnages connus sont bien présents et martèlent sans arrêt leurs noms tout haut afin de nous le rappeler, la caméra aime s’attarder longuement sur certains décors incontournables comme pour nous mettre des coups de coude appuyés du genre « T’as vu ? C’est pareil !« , une foule d’easter eggs est à relever et le film met en scène l’exploration du manoir Spencer mêlée à l’apocalypse que subit Raccoon City par l’intermédiaire du duo frère/soeur Redfield. Même de petites innovations comme cette idée d’une ville laissée au bord de la ruine par Umbrella (et donc dépeuplée de la plupart de ses habitants) sont loin d’être inintéressantes pour créer une atmosphère un chouïa différente. Cependant, rien n’y fait, Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City n’est clairement pas un bon film.
Malgré tous les efforts déployés pour en adapter l’esprit, le film se perd complètement en en faisant à la fois trop dans la référence continuelle (avec déjà des clins d’œil supplémentaires à l’avenir… enfin, au passé… enfin, vous comprendrez l’allusion, ne vous inquiétez pas !) et dans l’entremêlement finalement très vain et calamiteux des intrigues des deux premiers jeux. Non seulement les multiples points de vue de personnages et les nouveaux ponts scénaristiques qui s’y créent n’apportent rien ou, pire, donnent le sentiment que le film et tous ses protagonistes font sans cesse du surplace alors que le tout dure tout de même 1h47 (le vilain ultime paraît carrément arriver comme un cheveu sur la soupe pour signifier le début du dernier acte), mais ils ne lui laissent jamais le temps d’installer une ambiance unique étant donné que le long-métrage passe non-stop d’un jeu à l’autre, d’un point de vue à un autre, du manoir à la ville, etc, les quelques moments où l’on sent poindre un climat d’effroi, joliment amplifié par les chœurs lugubres de la bande-son de Mark Korven, sont invariablement interrompus par un déplacement vers un lieu différent au cours de cette fameuse nuit dont le compte à rebours anecdotique ne fait que renforcer l’inanité de ce qui déroule dans l’ensemble.
Pour relever le niveau, mieux ne vaut pas compter pas non plus sur la réalisation extrêmement brouillonne de Johannes Roberts (bon sang, la platitude terrible des scènes d’action, le film de 2002 avait au moins pour lui des séquences plus mémorables à ce niveau !), sur une qualité d’interprétation assez oubliable pour incarner des personnages emblématiques eux-mêmes pauvrement définis (seule Kaya Scodelario s’en sort à peu près la tête haute en Claire Redfield), sur des dialogues atteignant en permanence des sommets d’indigence ou sur les tentatives d’humour, parfois méta, le plus souvent désespérantes (le traitement de Léon part encore une fois d’une bonne intention ironique mais le boulet sciemment voulu en devient un vrai pour le film, aussi répétitif qu’insupportable sur la durée).
Est-ce là à dire que Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City est une catastrophe complète en guise de conclusion ? Peut-être pas, car si le film était finalement sorti vers l’année où il se déroule (1998), à la place du premier opus réalisé par Paul W.S. Anderson, il aurait pu probablement satisfaire une partie de nos attentes un peu moins exigeantes de l’époque et gagner un peu d’indulgence de la part du public qui y aurait au moins retrouvé certains aspects fidèles au jeu. Mais aujourd’hui, en 2021, une adaptation avec une telle absence de vision et d’audace ne peut que renforcer la plus vive de nos certitudes : la licence Resident Evil doit à l’avenir rester le plus éloignée possible du grand écran et des adaptations live. En espérant que ça s’arrête là… Oups, on nous murmure qu’une série Netflix Resident Evil doit arriver prochainement. Bon, en même temps, ils ne peuvent pas faire pire, n’est-ce pas ? N’EST- CE PAS ???