Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Petit Pays
Père : Eric Barbier
Date de naissance : 2019
Majorité : 28 août 2020
Type : sortie en salles
Nationalité : France, Belgique
Taille : 1h53 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Jean-Paul Rouve, Djibril Vancoppenolle, Dayla De Medina…
Signes particuliers : Une histoire vraie aussi terrible que bouleversante.
Sortie reportée en raison de l’épidémie de Covid-19 et de la fermeture provisoire des salles de cinéma
UNE ENFANCE EMPORTÉE PAR LA GUERRE
NOTRE AVIS SUR PETIT PAYS
Synopsis : Dans les années 1990, un petit garçon vit au Burundi avec son père, un entrepreneur français, sa mère rwandaise et sa petite sœur. Il passe son temps à faire les quatre cents coups avec ses copains de classe jusqu’à ce que la guerre civile éclate mettant une fin à l’innocence de son enfance.
En 2016, l’artiste polyvalent Gaël Faye publiait Petit Pays, roman partiellement autobiographique dans lequel il revenait sur son enfance au Burundi dans les années 90, dans une famille aisée dont la vie allait être bouleversée par la guerre civile opposant les Hutus et les Tutsi. D’une puissance indescriptible, Petit Pays racontait ces années d’horreur à travers le regard d’un enfant. Quatre ans plus tard, le roman salué et couronné de succès devient un film de cinéma sous l’œil de la caméra d’Eric Barbier (Les Promesses de l’Aube, le biopic sur Romain Gary avec Pierre Niney), avec Jean-Paul Rouve en vedette porteuse.
Avec Petit Pays, Eric Barbier nous plonge dans l’atroce guerre civile qui a ravagé le Burundi entre 1992 et 1994. Un conflit latent qui bouillonnait depuis des années et qui a atteint des sommets d’horreur avec des milliers de civils Tutsis massacrés puis une répression très dure de l’armée ayant conduit à un carnage côté Hutu. Ce conflit est ici observé à travers le regard d’un enfant qui va être spectateur impuissant de son monde qui s’effondre, avant de s’embraser. Pour beaucoup, le génocide rwandais et la crise entre les Tutsi et les Hutus est un drame politique et humanitaire lointain dont on connaît les conséquences tragiques sans vraiment en maîtriser l’exactitude des tenants. Si l’on en comprend les grandes lignes à travers Petit Pays, le détail pourra échapper aux profanes car le film d’Eric Barbier manque parfois d’un peu d’intelligibilité alors qu’il s’attaque à un sujet extrêmement complexe. Et le film de laisser poindre une légère frustration de ne pas forcément arriver à bien suivre et comprendre toutes les composantes de l’exact déroulé ayant conduit à l’enfer, au point qu’il devient presque impératif d’aller se documenter après afin de mieux saisir ce qui nous aurait pu nous échapper. Néanmoins, le fond est là, l’escalade vers l’inéluctable et l’horreur d’un conflit où tout n’aura été que jalousie et esprit de vengeance. Surtout, Barbier a su garder, via ce regard d’enfant, l’idée d’un roman ayant démontré toute l’absurdité de la guerre, des guerres. Car pour ce petit garçon qui ne comprenait pas le détail de la situation, seule subsistait l’idée d’une guerre entre deux peuples pourtant très proches, plus qu’ils n’étaient différents.
Eric Barbier a bien su s’approprier le roman de Gaël Faye (qui a supervisé le projet) pour essayer d’en communiquer toute la force à l’écran, même s’il perd parfois son côté très ciselé, affaibli par une mise en scène finalement assez lisse. La principale qualité du film est d’avoir su respecter le ton de cette vision à hauteur d’enfant, mettant en opposition la naïveté candide du jeune âge et les tensions du monde des adultes. Poignant, Petit Pays ne manque pas d’images marquantes qui tranchent avec les instants de joie qui les précèdent. En chef d’orchestre, Eric Barbier garde le cap d’une tragédie intimiste et reste bien vissé à ses personnages. Un regard qui se fait parfois au détriment du souffle mais qui donne une véritable entité au film. On est loin de la qualité du roman, le film filtrant sa puissance, mais l’effort est honorable malgré un manque de poigne.
BANDE-ANNONCE :
Par Wilfried Rennahan
A chaque commentaire qui ne fait pas la différence entre le génocide des Tutsis du Rwanda [et non génocide rwandais] et la guerre du Burundi on fait face à l’amnésie de ce drame. D’un côté il y a une guerre qui fait de nombreuses victimes d’accord mais qui reste une guerre ou beaucoup de Hutus mourront mais je pense qu’il est important de faire le distinguo sinon on passe à côté de la responsabilité de la complicité de génocide de la France au Rwanda.