Nom : Perfect Days
Père : Wim Wenders
Date de naissance : 28 novembre 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : Allemagne, Japon
Taille : 2h03 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de Famille : Koji Yakusho, Tokio Emoto, Arisa Nakano…
Signes particuliers : Magnifique et planant.
Synopsis : Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien.
UN WENDERS POETIQUE
NOTRE AVIS SUR PERFECT DAYS
Et surgi des ténèbres, revoilà Wim Wenders. Ca faisait un bon bout de temps que l’iconique cinéaste allemand ne s’était plus signalé avec quelque chose de réellement marquant. Ses derniers longs-métrages étaient au mieux intéressants (Submergence) au pire forts mauvais (Every Thing Will Be Fine, Les Beaux Jours d’Aranjuez, son documentaire promotionnel sur le Pape François). Il faut quand même remonter à Don’t Come Knocking en 2008 ou au documentaire Le Sel de la Terre en 2014 pour trouver trace de quelque chose de significatif dans la filmographie de Wim Wenders. Et puis est arrivé Perfect Days, présenté en compétition officielle à Cannes. Et qui outre le prix du jury oecuménique, a été couronné d’un prix d’interprétation masculine venu récompenser l’excellent Koji Yakusho (L’anguille, 13 Assassins, Oh Lucy!, Cure, Babel).
Tokyo. Hirayama est un homme calme, simple, routinier, heureux. Il travaille à l’entretien des toilettes publiques de la ville et sa routine lui convient. Se lever, se préparer, partir, sa canette à la machine, ses plantes, la photographie, la musique, lire, les feuilles, aider, sourire, son vélo, ses K7 audio…. Avec une sérénité poétique, Wim Wenders filme les journées qui se ressemblent de cet homme mué par une quiétude qui nous emporte comme un bain de soleil frémissant allongé dans l’herbe. Perfect Days dévoile une journée millimétrée, puis une seconde identique, puis une troisième. Comme si le film revenait au début à chaque fois, avec juste quelques micro variations, la musique écoutée le matin, les visages croisés dans un parc ou le banc sur lequel s’asseoir pour le sandwich du midi. Chez beaucoup, on lèverait les yeux au plafond, on baillerait d’ennui, on sombrerait dans un instant de sommeil. Pas chez Wenders. On ne saurait presque dire comment ni pourquoi, mais le cinéaste nous entraîne dans sa ritournelle silencieuse, dans le sillage de ce taiseux qui ne parle quasiment jamais mais qui regarde avec son œil malicieux et qui s’amuse de détails simples avec son sourire si sincère. Perfect Days baigne dans une subtilité sublimée par la tendresse qui se dégage de cet homme apaisé et par la manière dont la caméra de Wenders le filme.
Pas de péripéties ni de rebondissements, pas d’intrigue à proprement parler, pas d’enjeux particuliers, Perfect Days déstabilise en cela qu’il nous accroche délicatement à l’hameçon de sa chronique naturaliste et l’on suit sans résistance les mouvements calmes de cette vie calme. Avec un peu de Lou Reed sur des rayons de soleil histoire de rendre tout cela encore plus beau, encore plus gracieux, encore plus poétique. Comme une balade rêveuse et romantique, Perfect Days est un doux voyage dont on se demande où il nous mènera. Il finit bien par atterrir quelque part. Avec une subtilité douce-amère, Wenders finira par dévoiler très délicatement et pudiquement les petites fissures d’un homme qui avait forcément un passé. Mais le cinéaste n’en fait pas un twist « tadam-surprise ». Juste une ligne d’émotion supplémentaire dans un mille-feuilles de ravissement. Si la toute dernière partie baisse un peu de régime et témoigne des premiers signes de longueur, reste que cette œuvre profondément humaine et humaniste est l’une des plus belles choses que l’on ait pu voir cette année. Une réflexion élégante, tendre et aérienne sur la quête de beauté au quotidien et sur l’humanité radieuse.
Par Nicolas Rieux