Nom : Miraculous le film Pères : Jérémy Zag Date de naissance : 2023 Majorité : 05 juillet 2023 Type : sortie en salles Nationalité : France Taille : 1h39 / Poids : NC Genre : Animation, Aventure
Signes particuliers : Une adaptation loupée qui trahit beaucoup trop souvent la série.
Synopsis : La super-héroïne, qui a conquis le cœur de millions de fans à travers le monde, débarque pour la première fois au cinéma ! Ladybug va devoir unir ses forces avec Chat Noir, le charismatique justicier masqué qui n’a pas sa langue dans sa poche, pour affronter le Papillon et sa horde de super-vilains, alors que ceux-ci menacent de détruire Paris. Mais, alors que les deux héros se rapprochent, Marinette ignore que derrière son mystérieux complice se cache Adrien, le camarade de classe dont elle est amoureuse…
PAS DE MIRACLE POUR LADYBUG & CHAT NOIR
NOTRE AVIS SUR MIRACULOUS LE FILM
Véritable phénomène mondial, la série française Miraculous (coproduite avec la Corée et le Japon) s’est exportée aux quatre coins du globe, en plus de vivre à travers un merchandising très puissant. Outre le succès d’audience considérable, on compte désormais des DVD, des livres, des BD, des jeux vidéos, des figurines, des jouets et la panoplie complète pour bien matraquer les gosses : couettes, pyjamas, fauteuils, cartables, chaussures, culottes etc. Mais pour une fois, on en viendrait presque à prendre plaisir dans cette capitalisation capitaliste. D’une part, car ce n’est pas tous les quatres matins qu’une série animée française touche le monde entier et d’autre part parce que Miraculous… bah c’est franchement très sympa ! (ouais, à Mondociné, on adore). Après plusieurs saisons à succès, il était presque logique de voir les créateurs réfléchir en plus grand. « Grand » comme… « Grand Écran » par exemple. Et voici que débarque aujourd’hui Miraculous, le film ! La folie Ladybug & Chat Noir va s’emparer des salles de cinéma. Ou du moins, c’est ce que l’on souhaite de tout coeur aux créateurs Thomas Astruc et Jeremy Zag car l’adaptation est un projet pharaonique venu se classer comme le deuxième film le plus cher de l’histoire du cinéma français avec un budget de… 80 millions d’euros ! On le leur souhaite d’autant plus que si la série est une franche réussite hyper-addictive, son passage au cinéma est bien loin des attentes. Oui, Miraculous le film est une cruelle déception, en partie expliquée par son budget justement.
80 millions d’euros, c’est gigantesculous. Et à ce tarif, autant dire qu’il y a un besoin impératif de faire beaucoup beaucoup d’entrées. En soi, on ne s’en fait pas trop de ce côté-là. Les avants-premières ont fait carton plein, le film va s’exporter dans plein de pays et Netflix l’a acheté pour les contrées où il ne serait pas distribué. La rentabilité est à priori assurée. Mais tout de même, pour être bien certain de produire un succès, le producteur, coauteur, coréalisateur et compositeur de la B.O Jeremy Zag a misé sur une recette pour mettre toutes les chances de son côté, quitte à trahir un peu (ou beaucoup) la série. Et c’est là que le bât blesse. Le film d’animation fera un max d’entrées car les jeunes spectateurs voudront le voir. Mais est-ce qu’ils en sortiront contents ? Ca, c’est une autre paire de manches. Car pour être sûr d’être follement rentable, Miraculous le film a cherché une recette qui toucherait tout le monde, des fans de la série aux néophytes. Quitte à perdre son âme en voulant taper large. Les fans iront le voir car… ils sont fans. Logique. L’ennui, c’est que le film est complètement décorrélé de la série animée. Miraculous le film est à la fois un prequel et une conclusion à la série en cours, ce qui est un non-sens pour ceux qui suivent au quotidien les aventures de Ladybyg et Chat Noir. Allez expliquer à un enfant que ce qu’il voit dans le film c’est uniquement dans le film et que quand il se replongera dans la série, il devra oublier ce qu’il a vu dans le film car les deux histoires ne sont pas compatibles ! Bon courage. A vouloir boucler une histoire complète, Miraculous le film se perd complètement dans une écriture catastrophique qui condense à mort, survolant tous les marqueurs de la série (ou en oubliant des tas). Un bon tiers est un prequel et répète donc ce que les spectateurs télé ont déjà vu. Un autre bon tiers fait office de fin à l’histoire (ce qui paume les spectateurs qui suivent la série puisqu’elle est en cours et loin d’être terminée). Ok, ça fait deux tiers, et le troisième c’est quoi ? Bah des chansons pardi ! Hé oui, comment essayer de fabriquer un succès d’animation ? En copiant chez les voisins qui cartonnent… en l’occurrence Disney. Il n’y a jamais eu de chansons dans la série Miraculous. Il y en a plus dans l’adaptation ciné que dans La Reine des Neiges ! Presque 30 minutes au total sur 1h40 de film.
A l’arrivée, cette adaptation ne contente franchement pas grand-monde. Pour les amateurs du show télé, jeunes ou moins jeunes, le film est un résumé XXL contraint de foncer à 200 à l’heure pour caser en 1h40 : présentation de la mythologie, des personnages principaux et secondaires, origin story, milieu et conclusion de l’histoire générale. C’est frénétique, ça oublie des tas de choses en cours de route, c’est très mal équilibré, ça trahit la continuité de l’intrigue, ça rajoute une matière dont on se contrefout (les chansons, qui de surcroît sont interprétées par d’autres voix que celles des comédiens – ce qui est une aberration artistique de changer de timbres vocaux constamment tout au long du métrage). Sans parler de cette manie agaçante de pousser à l’extrême les curseurs de la série au-delà du raisonnable. Pour les connaisseurs, Marinette n’est plus amusément maladroite mais une véritable catastrophe ambulante passablement énervante, Adrien est sous-traité, Chloé Bourgeois n’est plus qu’une petite peste pourrie gâtée mais carrément une harceleuse brutale et condamnable… Pour les non-amateurs, les problèmes sont parfois similaires ou autres. L’écriture et le rythme sont frénétiques, la mythologie générale est expédiée façon TGV, ça ne raconte pas grand-chose et c’est objectivement assez mauvais car il n’y a pas le lien d’affection avec la série pour sauver (un peu) les meubles.
Dire qu’on en sort déçu serait un euphémisme. L’adaptation de Miraculous transforme une série de teen super-héros géniale en tarte à la crème romantique et insipide. La condensation « cinéma » a anéanti tout ce que la série avait eu le temps de poser en termes d’enjeux et de mythologie. Il n’en reste qu’un mauvais concentré sans goût, badigeonné de chansons insupportables et dénué du charme qui enjolive la série. Ce charme qui rend Marinette si mignonne et attachante, ce charme qui rend son univers si plaisant, qui rend ses aventures dans Paris si exaltantes, qui rend son double lien avec Adrien/Chat Noir si touchant. Une perte de charme qui se traduit d’ailleurs dans les (forts) changements graphiques opérés pour maximiser l’opération séduction à l’international. Exit l’esthétique très « manga » de la série et de ses héros, troquée pour un visuel plus lisse à l’américaine (façon Disney). Dans le processus de transformation, la pimpante Marinette perd par exemple 80% de sa mignonnerie pour ressembler davantage à une « Elsa de la Reine des Neiges » ou autre princesse moderne du genre. Pas mieux côté Adrien. Un choix artistique aussi aberrant que déplorable, qui ne fait qu’enfoncer un long-métrage trahissant donc beaucoup trop son matériau originel. Restent quelques bricoles fragiles auxquelles se raccrocher, le cadre parisien, 2-3 jolies scènes bien imaginées, une ou deux blagues bien senties (l’idée du look de pastèque par exemple) et l’émotion finale – même si on attendra quand même de la vivre plus nintensément dans la série.