La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : Lucky Day
Père : Roger Avary
Date de naissance : 2019
Majorité : 18 septembre 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h39 / Poids : NC
Genre : Thriller, Action
Livret de famille : Luke Bracey, Nina Dobrev, Crispin Glover, Tomer Sisley, Mark Dacascos, Nadia Farès, Clifton Collins Jr…
Signes particuliers : Un petit plaisir à grignoter sans modération !
LE RETOUR DE ROGER AVARY AUX AFFAIRES
NOTRE AVIS SUR LUCKY DAY
Synopsis : C’est le grand jour, Red sort de prison, après avoir purgé deux ans pour un braquage de banque qui s’est soldé par la mort de son complice. Il retrouve sa femme Chloé qui l’a attendu tout en élevant seule leur fille Beatrice. Le même jour, Luc, le frère de son ancien complice, tueur à gages et psychopathe notoire, débarque assoiffé de vengeance et avec la ferme intention de l’éliminer…
Disparu depuis Les Lois de l’attraction en 2002, Roger Avary est enfin de retour après une longue absence marquée par un drame. Le coscénariste de Pulp Fiction et réalisateur de Killing Zoé revient d’extrêmement loin et l’enfer qu’il a vécu, il le formule aujourd’hui dans une proposition de cinéma étonnante. Croiser Luke Bracey, Tomer Sisley, Mark Dacascos, Nina Dobrev, Nadia Farès, Clifton Collins Jr ou encore le rarissime Crispin George McFly Glover dans un seul et même film, déjà rien que par son casting, Lucky Day n’est pas banal. Puis il y a l’histoire, simple en apparence mais tellement intéressante quand on la replace dans son contexte. Lucky Day suit Red, un ancien braqueur de banque qui sort de prison et retrouve sa famille après deux années d’enfermement. Collé à ses basques, Ernesto Sanchez, son officier de probation qui suivra de très près sa conditionnelle et sera là au moindre faux pas. Mais pire que Sanchez, il y a Luc Chaltiel, tueur à gage psychopathe qui n’attendait que sa sortie pour lui tomber dessus et lui faire la peau.
Vu comme ça de but en blanc, pour Roger Avary, Lucky Day ressemble à un simple thriller pour DTV pas cher, histoire de se remettre en jambes. En réalité, il s’agit en partie des restes d’une suite à Killing Zoé jadis imaginée par le cinéaste avant d’être rangée au frigo. Mais là où le film change radicalement de visage, c’est quand on le réinsère dans l’histoire d’Avary lui-même. En 2008, alors qu’il conduisait en état d’ivresse, le réalisateur a eu un accident de voiture qui a coûté la vie à l’un de ses amis présent à bord du véhicule. Condamné pour homicide involontaire, Avary ira en prison et sera libéré quelques temps plus tard pour bonne conduite… sous conditionnelle. Voilà d’où sort Lucky Day, du cœur, des tripes, d’un vécu, d’une volonté d’exorciser certains traumas à travers une fiction de cinéma. Le réalisateur a repris l’histoire initialement écrite, l’a transformée en y incorporant des éléments de son récent passé, pour donner un visage à l’œuvre que l’on découvre aujourd’hui et qui marque son comeback sous le signe du très personnel.
L’œuvre en elle-même, on sent que Lucky Day remonte à loin à travers son côté désuet qui pourrait aisément lui valoir d’être taxé de vieillot, de série B d’un autre âge que l’on aurait apprécié il y a 15-20 ans mais qui sonne comme passée de mode aujourd’hui. Et pourtant, c’est ce même côté vintage qui offre au film ce petit ton délicieux et fort amusant de nos jours. Avec Lucky Day, on a l’impression de vivre un moment de nostalgie en compagnie d’une pépite grindhouse d’antan, réalisée sans le cynisme actuel qui essaie souvent de récréer de manière factice un charme old school plus par opportunisme visant à séduire un certain public que par sincérité de la démarche. Lucky Day lui, ne cherche pas à faire de la nostalgie pour faire dans la nostalgie, il l’est par essence, presque involontairement, comme si Avary reprenait sa carrière là elle s’est arrêtée il y a plus de 15 ans. Le résultat est presque improbable, doucement rétro, « kitschement » violent et sympathiquement décalé et farfelu. A l’image de cette petite fille qui a appris le français à l’école, qui refuse de parler anglais désormais et peut disparaître en claquant des doigts. A l’image d’un Crispin Glover qui compose un sociopathe fabuleusement génial, roi de la tuerie sadique par plaisir et qui s’exprime avec un accent français surréaliste juste parce qu’il a envie de « se croire français ». Des têtes explosent à coups de flingue, une critique de l’art et des critiques d’art régale lors d’un vernissage qui vire au bal sanglant, Nina Dobrev trimballe son sex-appeal un peu partout, Tomer Sisley joue les barmans nazifiés en vendant des armes et Crispin Glover offre à son personnage de tueur impitoyable, un sens du burlesque qui ajoute au film un surplus de personnalité très affectueuse.
Avec Lucky Day, ni plus ni moins qu’une histoire de règlement de comptes, Avary règle justement pas mal de comptes, avec l’industrie du cinéma, avec le système judiciaire, avec son ancien ami Tarantino aussi, qui l’avait un peu dépossédé de Pulp Fiction (les références à True Romance sur lequel beaucoup ont oublié qu’Avary avait bossé, valsent dans tous les sens). Mais tout cela, Avary le fait avec une sincérité débordante via une série B dénuée de prétention, hyper jouissive et rock n’ roll. Des défauts, on pourra en trouver à la pelle entre maladresses et idées non-abouties. Mais que ce retour de Roger Avary est touchant, en plus d’être d’une générosité décomplexée qui fait plaisir à voir ! Et puis bon sang mais qu’est-ce que c’est fun !!
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux