C’est l’une des œuvres les plus célèbres de la littérature française. 1844, Alexandre Dumas père publie les premières aventures des légendaires Trois Mousquetaires. Quatre en réalité puisqu’ils seront vite rejoint par le jeune gascon D’Artagnan. Il ne faudra pas attendre bien longtemps avant que la saga culte séduise le cinéma. Dès l’aube du septième art, en 1903, Georges Méliès en signe une première adaptation. Depuis, les aventures des intrépides mousquetaires du Roi ont beaucoup inspiré entre adaptations, déclinaisons, transpositions, réinterprétations et autres parodies… Et elles ont vu passer une pluie de stars, de France à Hollywood, de l’Italie au Mexique. On y a croisé Max Linder, Douglas Fairbanks, John Wayne, Gene Kelly, Vincent Price, Gino Cervi, George Marchal, Georges Descrières, Jean Marais, Michael York, Oliver Reed, Les Charlots, Chris O’Donnell, Charlie Sheen, Philippe Noiret, Jean-Paul Belmondo, Leonardo DiCaprio, John Malkovich, Gabriel Byrne, Florent Pagny (si, si), Luke Evans, Vincent Elbaz et tant d’autres.
2023, soit 110 ans après le film de Méliès, le cinéma français dégaine la plus ambitieuse adaptation des aventures des
Trois Mousquetaires jamais produite dans l’Hexagone. 72 millions d’euros injectés dans une superproduction imaginée en deux volets (peut-être trois si le succès est au rendez-vous). Et un casting 5 étoiles sous l’œil de la caméra du réalisateur Martin Bourboulon (les rigolos
Papa ou Maman, le raté
Eiffel). François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris et Pio Marmaï côté mousquetaires, Louis Garrel en Roi de France, Eva Green en Milady mais aussi Lyna Koudhri, Vicky Crieps ou Patrick Mille. Sacrée brochette pour un sacré spectacle !
Que le projet était casse-gueule… Malgré les moyens, malgré les vedettes, malgré les intentions, tout était réuni pour faire de cette nouvelle version des aventures des Trois Mousquetaires, au mieux un pari très risqué, au pire un flop en perspective. Car il faut une certaine audace pour se lancer dans le film de cape et d’épée à l’heure actuelle et dans la conjoncture délicate que traverse le cinéma en général. Dire que Martin Bourboulon et sa troupe s’en sortent bien serait un euphémisme.
Les Trois Mousquetaires offre exactement ce que l’on était venu chercher et en droit d’en attendre. Aventureux, trépidant, drôle aussi, et spectaculaire bien sûr, l’épopée a franchement de la gueule, d’autant qu’elle est portée à l’écran avec rythme et idées. Cerise sur le gâteau, l’écrin est tout aussi séduisant que le contenu. Bourboulon signe une mise en scène enlevée et appliquée, ni trop platement illustratrice, ni trop excitée et hystérique comme cela peut être à la mode. Et le film d’avoir le panache de ses personnages, au passage tous campés avec entrain par un casting qui semble vraiment s’amuser. En résulte un film fort divertissant qui coche les cases de son cahier des charges, avec quelques bonus. Comme ce recours par intermittence aux dialogues originels de Dumas. Le décalage soudain provoque le rire tout en rappelant l’indéniable talent de l’auteur, si tant est qu’on l’ait oublié.
A l’heure où le cinéma français est à la recherche d’un nouveau souffle, Les Trois Mousquetaires lui offre une belle inspiration. Le film est à la hauteur de ses ambitions. Une épopée spectacle qui fait mieux que le « simple job », croisant le thriller, le western et le romanesque dans un blockbuster exaltant. En somme, du vrai et bon cinéma populaire plaisant, soigné et palpitant. On en redemande. Ca tombe bien, la deuxième partie arrive en fin d’année.