LES DERNIERS JOURS DANS LE DÉSERT de Rodrigo Garcia : la critique du film

Ewan McGregor qui se promène dans le désert en robe de bure en cherchant la paix de l’esprit. Non, on ne parle pas de la série Obi-Wan sur Disney+ où le Jedi arpentait le sable de Tatooine mais de Les Derniers Jours dans le Désert, un film « spirituel » à venir en salles dans lequel l’acteur incarne rien de moins que… Jésus et le Diable ! Cette fable autour des fameux 40 jours de retraite et de jeûne qu’a observés le Christ avant son funeste destin sacrificiel remonte à 2015, année où il fut présenté à Sundance. Ce n’est que sept ans plus tard (?!) qu’il pointe son nez chez nous, perdu au milieu des méandres de l’été. Un choix de programmation très étonnant. Réalisé par le colombien Rodrigo Garcia (Albert Nobbs avec Glenn Close), Les Derniers Jours dans le désert est une virée mystique, au départ solitaire, dans laquelle Jésus McGregor va croiser les chemins de Ciaran Hands et Tye Sheridan.

Sublimé par les images renversantes du chef opérateur Emmanuel Lubezki, Les Derniers Jours dans le désert est un voyage contemplatif illustrant cette retraite dans laquelle le Christ s’est retrouvé aux prises avec le Diable tentateur (incarné lui aussi par Ewan McGregor donc). Rodrigo Garcia conte un chapitre imaginaire de cette tribulation désertique (imaginaire car le récit inventé n’entretient aucun rapport avec la description biblique de l’épisode) en mettant sur la route du Saint Homme, une famille pauvre dont la situation va involontairement pousser Jésus dans ses retranchements. Peu vraiment d’enjeux, peu de péripéties, Les Derniers Jours dans le désert est l’histoire d’un conflit intime d’ordre spirituel et humaniste.

On est loin de l’audace d’un Scorsese sur La Dernière Tentation du Christ, autant que l’on est loin de la puissance du Jésus de Nazareth de Zeffirelli. Le film de Rodrigo Garcia est sage, il ne cherche ni la polémique ni l’illustration appliquée. Sa voie est d’ailleurs mystérieuse. On s’interroge sur son but réel, autant que l’on savoure sa beauté enivrante qui se charge d’un pouvoir de fascination constant rendant le voyage plus intéressant qu’escompté. Les Derniers Jours dans le désert est finalement assez malin dans la manière dont il imagine et revisite le conflit spirituel entre Jésus et le diable car il parvient à en tirer une profondeur qui dépasse le simple trait théologique. Au final, c’est un peu vain (voire anecdotique) mais qu’est-ce que c’est beau ! Et Ewan McGregor est formidable.