
Nom : Les aigles de la république
Père : Tarik Saleh
Date de naissance : 12 novembre 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : Coproduction Europe
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique, Drame, Thriller
Livret de Famille : Fares Fares, Zineb Triki, Lyna Khoudri…
Signes particuliers : Inégal.
Synopsis : George Fahmy, l’acteur le plus adulé d’Egypte, accepte sous la contrainte de jouer dans un film commandé par les plus hautes autorités du Pays. Il se retrouve plongé dans le cercle étroit du pouvoir. Comme un papillon de nuit attiré par la lumière, il entame une liaison avec la mystérieuse épouse du général qui supervise le film.

PORTRAIT DU RÉGIME EGYPTIEN
NOTRE AVIS SUR LES AIGLES DE LA RÉPUBLIQUE
Trois ans après y avoir remporté le Prix du Scénario avec La Conspiration du Caire, l’égyptien (ou plutôt suédois d’origine égyptienne) Tarik Saleh était de retour en compétition officielle à Cannes avec Les Aigles de la République, une comédie dramatique qui vient clôturer la trilogie du Caire entamée avec Le Caire Confidentiel en 2017.
Avec toujours l’excellent Fares Fares en tête d’affiche, Les Aigles de la République nous plante dans les souliers de la plus grande star du cinéma égyptien, l’adulé George Fahmy. Tout roule pour lui et les dérives du régime autoritaire d’Al Sissi, il s’en fiche un peu car son statut le protège. Jusqu’au jour où l’on vient toquer à sa porte pour lui proposer le rôle principal d’un film de propagande validé par le régime : un biopic à la gloire du Président produit par l’Armée. George Fahmy comprend vite que ce n’est pas vraiment une « proposition ». À contrecœur, il accepte ce pacte avec le diable et le voilà involontairement engagé politiquement.
Film au ton assez étrange, Les Aigles de la République va constamment se balancer entre la chronique dramatique, le thriller politique et la farce comique acide et pamphlétaire. Mais dans tous les cas, son objectif reste clair, la dénonciation du régime insidieusement dictatorial d’Al-Sissi et ses exactions plus ou moins bien cachées. Pressions étatiques, meurtres commandités, corruption galopante, privation des libertés (notamment de penser), culture de la peur… Tel est le tableau accablant de l’Égypte brossé par Tarik Saleh. Malheureusement, si l’on a connu le cinéaste puissamment virtuose par le passé, Les Aigles de la République n’a pas la trempe de ses autres films passés. D’un bout à l’autre, ce troisième volet de la trilogie du Caire peine à trouver sa bonne dynamique, son bon rythme et son meilleur élan.
Il demeure à basse altitude, au niveau d’une chronique qui ne mord pas assez fort dans son sujet malgré ses intentions. Par intermittence, le cinéaste délivre pourtant des scènes savoureuses (tantôt tragiques ou angoissantes, souvent hilarantes) mais l’ensemble n’a pas la force percutante que l’on attendait. En cause, des problèmes d’équilibres. Équilibre des tons, équilibre de la narration, équilibre du dosage en vitriol, équilibre des personnages. Les Aigles de la République est un peu contenu dans sa folie, souvent trop long pour ce qu’il raconte et la manière dont il le raconte, et dans le même temps il semble parfois manquer de consistance autour de son héros. Témoin, des personnages secondaires qui n’existent pas, à l’image d’une Lyna Koudhri (l’amante du héros) dont on se demande encore pourquoi elle a accepté un rôle aussi ingrat et si peu exploité. Reste que plusieurs scènes font mouche, que le portrait de cet acteur contraint de signer un pacte faustien (avec une lettre de suicide jointe, « juste au cas où ») est intéressant et que le film parvient à surprendre, notamment dans ses changements d’humeur brutaux comme lorsqu’il passe de la comédie effrayante à la violence inattendue.
Par Nicolas Rieux