Nom : Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres
Père : Andres Veiel
Date de naissance : 27 novembre 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : Allemagne
Taille : 2h00 / Poids : NC
Genre : Documentaire
Livret de Famille : Leni Riefenstahl…
Signes particuliers : Passionnant.
Synopsis : Elle a été actrice, monteuse, réalisatrice. Elle a créé des images iconiques. Elle a été proche du régime nazi. Qui était-elle ? Une opportuniste ? Une manipulatrice ? Une visionnaire ? Ses archives personnelles, accessibles pour la première fois, la révèlent enfin, dans toute sa complexité, son ambiguïté.
QUI ETAIT-ELLE ?
NOTRE AVIS SUR LENI RIEFENSTAHL, LA LUMIERE ET LES OMBRES
On pensait que tout avait été dit sur Leni Riefenstahl, artiste, icône et femme parmi les plus controversées du XXème siècle. Elle fut actrice, cinéaste et documentariste de très grand talent. Elle fut aussi la réalisatrice qui a mis ce talent au service d’Hitler et de la propagande du régime nazi. Passé 1945, Leni Riefenstahl n’a eu de cesse de combattre cette association faite par tous, de tout faire pour se dédouaner en dénonçant des soit-disant « mensonges » ou raccourcis. Elle a passé le reste de son existence à crier à l’incompréhension. Qui était réellement Leni Riefenstahl ? Une partisante convaincue du nazisme ou une simple artiste géniale qui n’a « pas eu le choix », qui « ne savait pas », qui voulait « juste exercer son art » ? La journaliste Sandra Maischberger et le réalisateur Andres Veiel ont eu accès pour la première fois aux archives personnelles de Leni Riefenstahl. Une somme considérable de documents écrits, photographiques, sonores et vidéos. Ils se sont plongés dedans, ont travaillé des années durant pour réussir à en tirer un récit filmique. Ainsi est né Leni Riefenstahl, La Lumière et les Ombres. La lumière, comme son impressionnant talent et son esthétique unique qui a inspiré les plus grands metteurs en scène à venir. La Lumière comme La Lumière Bleue aussi, son chef d’œuvre du cinéma muet. Les ombres, comme sa proximité avec Hitler, avec le nazisme, comme des mensonges à répétition et sa volonté de réécrire son histoire.
Hitler lui a demandé de travailler pour lui, pourquoi aurait-elle refusé ? À l’époque, personne ne savait pas, tout le monde était convaincu. Churchill, Staline ou Roosevelt l’aurait approchée, elle aurait fait le même travail pour eux, avec le même engagement et la même conviction. Par ses mots sortis de sa propre bouche en interview, Leni Riefenstahl essaie d’entretenir des contre-vérités qu’elle n’a eu de cesse de véhiculer après 1945 et la chute du régime nazi. Elle n’aurait été qu’une artiste, apolitique, seulement guidée par son art. Surtout, elle aurait été ignorante, comme toute l’Allemagne, des horreurs nazies. C’est ce que l’artiste allemande voudrait que l’on retienne d’elle. Quitte à mentir ou à manipuler la vérité. Leni Riefenstahl, La Lumière et les Ombres est une plongée passionnante dans le parcours de celle qui fut une légende, un génie, un pion ou une collaboratrice impardonnable. Au choix… ou peut-être un peu de tout cela à la fois.
Brillamment raconté et surtout minutieusement documenté, Leni Riefenstahl, La Lumière et les Ombres est un formidable travail documentaire qui tente l’impossible de percer un mystère, si tant est que l’on puisse définitivement trancher sur le cas Leni Riefenstahl. À tel point que l’on en finit la découverte avec autant de questions que de réponses devant tant de complexité. Aucune vérité et que des doutes ? On n’ira pas jusque-là. Avec soin et intelligence, le documentaire d’Andres Veiel met parfois Leni Riefenstahl face à ses contradictions. Ne savait-elle vraiment rien des horreurs du nazisme ? Peu probable. C’est même sûrement pour cela qu’elle s’est autant acharnée à se détacher de cette image. N’était-elle pas une « proche » d’Hitler, Goebbels et les autres comme elle s’en défend ? Peu probable compte tenu de la masse de documents incriminants présentés.
Oui, Leni Riefenstahl était un génie, c’est aussi un fait indiscutable. Par la puissance de ses images inventives et effroyablement mémorables (dans Les Dieux du Stade, Le Triomphe de la Volonté), elle a sublimé et incarné l’esthétique nazie. En somme, le beau au service du pire. Car Leni Riefenstahl était aussi complice de la marche en avant l’horreur. Comment se positionner comme apolitique quand un art est mis aussi fortement au service d’une propagande terrifiante ? Et au passage, le documentaire de participer à discuter à sa manière, de l’éternel débat sur la séparation de l’humain et de l’artiste, même si son coeur principal est ailleurs, dans la tentative de compréhension d’une artiste complexe et énigmatique.
Par Nicolas Rieux