LA TRAVERSÉE de Varante Soudjian : la critique du film

Trois ans après Inséparables puis Walter et son vigile de supermarché en mode Rambo flegmatique, Varante Soudjian retrouve à nouveau son acteur fétiche Alban Ivanov pour La Traversée, une nouvelle comédie également portée par Lucien Jean-Baptiste. L’histoire est simple, deux éducateurs emmènent un groupe de jeunes des quartiers déscolarisés pour une traversée en mer afin de leur apprendre des valeurs dans un esprit de cohésion en pleine nature. Mais les 15 jours de bateau s’annoncent compliqués aux côtés de Riton, leur skippeur, un ancien de la Bac qui a justement fui les quartiers et tout ce qui va avec pour aller chercher le calme en mer. Le voyage se profile sous haute tension…

Des figures tutélaires aux prises avec des jeunes en difficulté à diriger vers le droit chemin, des antagonistes que tout oppose, un cadre de huis clos propice au rocambolesque… Avec La Traversée, Varante Soudjian n’exploite pas un ressort archi-classique de la comédie, il en réunit plusieurs en même temps et dans le même film. Autant dire que question originalité, on repassera. Mais avec le même savoir-faire déjà vu à l’œuvre sur Walter, l’ancien faiseur de télé (qui a officié sur Scènes de Ménage ou Groland) s’en tire à bon compte. Non pas que sa comédie soit follement réussie mais à défaut d’être truculente, elle a au moins ce mérite de faire rire par intermittence. Une intermittence qui s’appelle Alban Ivanov. L’acteur-humoriste est clairement le monsieur Plus du film, celui par qui passe les scènes les plus drôles, celui qui se révèle le plus touchant, celui qui rehausse le goût d’une production souvent un peu trop fade. Quand il entre en piste, son affrontement avec ces jeunes et leurs éducateurs fait marrer par l’entremise de répliques cinglantes. Et globalement, La Traversée amuse malgré l’océan de clichés sur lequel vogue son bateau. Ce n’est pas du grand (ni même du bon) cinéma, ça reste très anecdotique, tout y est réduit à peau de chagrin (l’écriture, la mise en scène, le propos éculé et sa morale sur le vivre ensemble et la tolérance, le niveau de jeu catastrophique d’une bonne partie de la distribution), mais c’est loin d’être ce qui se fait de pire dans le genre en France. Au contraire, il se dégage même une certaine tendresse de l’affaire, qui lui permet de contrer ses faiblesses et de séduire. Petitement certes, faiblement diront certains, mais de séduire quand même. Une chose est sûre, elle appelle à l’indulgence.