Nom : Je verrai toujours vos visages
VMère : Jeanne Herry
Date de naissance : 2022
Majorité : 29 mars 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h58 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de Famille : Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leïla Bekhti, Gilles Lellouche, Miou-Miou, Elodie Bouchez, Jean-Pierre Darroussin, Suliane Brahim, Fred Testot, Denis Podalydès, Birane Ba…
Signes particuliers : Bouleversant.
Synopsis : Depuis 2014, en France, la Justice Restaurative propose à des personnes victimes et auteurs d’infraction de dialoguer dans des dispositifs sécurisés, encadrés par des professionnels et des bénévoles comme Judith, Fanny ou Michel. Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes de homejacking, de braquages et de vol à l’arraché, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s’engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative. Sur leur parcours, il y a de la colère et de l’espoir, des silences et des mots, des alliances et des déchirements, des prises de conscience et de la confiance retrouvée… Et au bout du chemin, parfois, la réparation…
QU’EST-CE QUE LA « JUSTICE RESTAURATIVE » ?
NOTRE AVIS SUR JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES
Elle nous avait retourné d’émotion il y a cinq ans, elle récidive aujourd’hui. En décembre 2018, la réalisatrice Jeanne Herry (
Elle l’adore) illuminait la fin d’année avec
Pupille, la bouleversante odyssée d’un bébé remis à l’adoption par sa mère biologique le jour de sa naissance. Printemps 2023, la cinéaste signe un troisième long-métrage qui exige à son tour un petit paquet de kleenex dans la poche. A nouveau, Jeanne Herry propose un film choral ficelant dans l’émotion, un sujet de société au fonctionnement méconnu. Après les rouages du monde de l’assistance publique, c’est celles d’un pan peu connu de la justice qui l’intéresse, la « justice restaurative » dite plus fréquemment « justice réparatrice ». «
Qu’est-ce que c’est encore que ce truc ?! » vont très certainement dire nombre d’entre vous. Pas de panique, nous aussi au départ.
Sur le papier, le sujet pourrait paraître peu engageant. Mais le plus gros préjudice que l’on pourrait faire au film de Jeanne Herry serait de le résumer à son seul sujet et de le réduire à une œuvre repliée sur sa présentation de la justice réparatrice. Je verrai toujours vos visages n’est pas que ça. C’est aussi et surtout un drame solaire, profondément bouleversant, sur une galerie d’hommes et de femmes qui ont commis des erreurs ou en ont été victimes. C’est un film sur le lien social, sur l’entraide, sur le pardon, sur la réconciliation, sur comment des vies brisées peuvent-elles reprendre le fil de leur existence et aller de l’avant. La justice restaurative, c’est un concept judiciaire visant à réunir des délinquants et des victimes de crimes pour des séances de discussions. L’idée étant de permettre aux uns de comprendre la portée de leurs actes et aux autres, de peut-être trouver des réponses et dépasser les traumatismes subis. Réalité encore méconnue, Jeanne Herry s’est inspiré de ce dispositif pour imaginer un film dressant un portrait de cette pratique complémentaire au traitement pénal d’une infraction.
Sabine (Miou-Miou) a été victime d’un vol à l’arraché dans la rue. Nawelle (Leila Bekhti) a vécu un hold-up dans le magasin où elle travaillait. Grégoire (Gilles Lellouche), a lui été victime d’un home-jacking en compagnie de sa fille. Enfin Chloé (Adèle Exarchopoulos) a été violée par son demi-frère dans son enfance. Ces évènements ont détruit leurs vies à divers degrés. Ils se présentent face à Nassim, Issa ou Thomas pour dialoguer, en quête de réponses et, quelque part, d’aide. Leur colère est forte, leur haine est réelle. Face à eux, de la honte ou pas. Mais peut-être que de ces échanges tendus sortiront quelque chose de positif pour l’avenir de tous.
A travers ces rencontres entre criminels et victimes, Jeanne Herry porte un regard sur des tentatives de compréhension, sur des tentatives d’acceptation, sur des tentatives de pardon peut-être, sur des tentatives pour dépasser le statut dans lequel on pourrait enfermer des êtres. Fidèle à sa méthodologie habituelle, Jeanne Herry tient un sujet intéressant et érige sur celui-ci, une cathédrale émotionnelle riche en scènes fortes et poignantes, avec un peu de rire pour alléger la noirceur et injecter un peu de tendresse à l’ensemble. Jamais plombant malgré la lourdeur de ce qu’il raconte et que Jeanne Herry n’esquive pas, Je verrai toujours vos visages est un film passionnant, certes très didactique dans sa manière de faire, mais qui touche les buts et objectifs qu’il s’était fixés. Et pour animer cette illustration de cette justice réparatrice et ces portraits de personnages, la cinéaste démontre une nouvelle fois l’excellence de sa direction d’acteurs. Bien sûr, elle tenait d’excellents comédien(ne)s à sa disposition mais encore fallait-il les conduire vers les sommets. C’est chose accomplie et Je verrai toujours vos visages est un très beau film, puissant, pertinent, captivant.