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MOURIR PEUT ATTENDRE de Cary Joji Fukunaga : la critique du nouveau James Bond

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Spectateurs

Carte d’identité :

Nom : No time to die
Père : Cary Joji Fukunaga
Date de naissance : 2020
Majorité : 06 octobre 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h43 / Poids : NC
Genre : Action

Livret de Famille : Daniel CraigRami MalekLéa Seydoux, Leshana Lynch, Ralph Fiennes, Christoph Waltz, Ben Wishaw, Naomie Harris, Jeffrey Wright, Ana de Armas, Dali Benssalah, Rory Kinnear…

Signes particuliers : Daniel Craig ne finit pas en beauté.

 

 

LA FIN DU FILM SE FAIT ATTENDRE

NOTRE AVIS SUR MOURIR PEUT ATTENDRE

Synopsis : Dans MOURIR PEUT ATTENDRE, Bond a quitté les services secrets et coule des jours heureux en Jamaïque. Mais sa tranquillité est de courte durée car son vieil ami Felix Leiter de la CIA débarque pour solliciter son aide : il s’agit de sauver un scientifique qui vient d’être kidnappé. Mais la mission se révèle bien plus dangereuse que prévu et Bond se retrouve aux trousses d’un mystérieux ennemi détenant de redoutables armes technologiques…

Clap de fin pour Daniel Craig. L’acteur devait déjà lâcher le costard de James Bond au terme de Spectre. Il a finalement accepté de rempiler pour un dernier tour de piste après un beau chèque. Mais cette fois ça y est, c’est la bonne, après 5 films sur quinze ans, le moment est venu de tourner la page. De tourner une page. Pour lui comme pour la saga qui va devoir faire face à un renouvellement posant pour l’heure, beaucoup de questions. Qui pour le remplacer ? Comment écrire et assurer la transition ? Daniel Craig aura fait un bon James Bond, différent de ses prédécesseurs, plus musculeux et héros d’action, mais bon quand même dans son registre. Les films ont été inégaux, pour un splendide Skyfall, un foireux Spectre, pour un excellent Casino Royale un raté Quantum of Solace. 2-2 partout, balle au centre en somme. Ce que l’on espérait du coup, c’était de voir la balance pencher maintenant du bon côté, voir Craig finir en apothéose avec une ultime sortie rendant hommage à ses bons et loyaux services. Et tristement, la fin de l’histoire d’amour entre l’acteur et l’espion préféré de sa Majesté a été gâchée par un bien mauvais film. Ou du moins, un film trop moyen pour être Bond.

Lister les défauts de ce Mourir peut Attendre prendrait plus de temps que recenser les blagues sexistes de Nagui. Pas d’autres choix que de se concentrer sur les principaux, ce qui génèrent tous les autres dans leur sillage. En première ligne de mire, un scénario écrit avec deux moignons gauches. Mourir Peut Attendre, ou l’art de compliquer un script qui à plat, est en réalité d’une simplicité effarante. Sauf que pour faire durer le suspense (durer c’est le mot), le récit prend des chemins de traverse tortueux dont on décroche complètement et ce n’est pas plus mal au fond tant, quand on entre dans le détail, ils s’avèrent aussi abscons que nonsensiques. Oui, le script ne tient pas debout. Comme beaucoup de Bond diront certains. Certes, mais là, on bat des records de stupidité car même dans une « réalité bondienne », tout s’effondre sous le poids des non-sens à répétitions. Truffé de trous d’air non remplis, l’histoire brille par son incohérence et celles des actions de ses protagonistes (jamais Bond n’avait autant enchaîné les mauvaises et stupides décisions). Des motivations des personnages à leurs trajectoires en passant par les actes qui dictent leur chemin, rien ne tient la route. Trop d’impasses, d’aberrations narratives, de raccourcis ou au contraire de rallongements inutiles, le scénario de Mourir Peut Attendre prend l’eau de toute part pendant ses interminables 2h45. 2h45 selon la police, 5h30 selon les manifestants. En somme, l’écart entre la durée réelle de l’affaire et la durée ressentie durant la traversée du tunnel. Car en plus d’être une tragique brouillonnerie, Mourir Peut Attendre est long. Extrêmement long. Ce Bond25 a beau injecter un maximum d’action à sa dynamique, cela ne lui octroie pas un rythme efficient pour autant. Et les longueurs n’auront jamais été aussi pesantes. A tel point que le film lui-même devient une longueur.

On critique beaucoup les inepties du script mais de base, pour faire un bon scénario, il faut déjà de bons personnages. Et à ce jeu-là, patatras ! Une nouvelle 007 qui n’existe qu’à travers ses interactions « ridiculisantes » avec James Bond, un grand méchant en détresse d’épaisseur et dont le temps de présence famélique à l’écran est à la mesure de la pauvreté de son élaboration anti-charismatique, une James bond girl fonctionnelle dont l’incarnation est plombée par le jeu de patate tiède de Léa Seydoux loin de l’intensité d’Eva Green en Vesper, des personnages sous-exploités qui traversent le film pour quelques malheureuses minutes (Ana de Armas, Christoph Walter, Naomi Harris/Moneypenny en mode figuration), un second méchant inintéressant uniquement là pour faire avancer un script aux allures de tracteur… Le seul qui sauverait presque les meubles est un sbire à œil de verre joué par le français Dali Benssalah.

Zéro qualité du coup ? Non. Il en a une demi par exemple. Mais on ne peut pas vous en parler ! C’est ballot mais c’est la réalité. Tout le film est construit pour une conclusion très attendue dont on ne peut logiquement pas parler parce que #SpoilerPeutAttendre. Une conclusion qui offre à voir une symbolique intéressante mais qui est elle-aussi sabordée par l’incohérence du script. Avec une petite poignée de plans potables et une introduction très efficace dans la magnifique cité de Matera en Italie, ils composent ensemble les rares petits points à sauver d’un bouillon loin d’être à la hauteur des attentes et plus proche d’un sous Mission Impossible que d’un vrai James Bond. Et ce final d’errer quelque part entre Spectre et Quantum of Solace, soit très loin des meilleurs efforts de la franchise, d’autant qu’il ne peut compter sur une mise en scène très inspirée (Cary Fukunaga n’est pas Sam Mendès). Dommage pour un film censé clôturer un arc. On espère que le renouveau (?) à venir fera oublier ce ratage certes divertissant par intermittence (les longueurs détruisant sa souhaitée intensité) mais globalement plus que bancal.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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