La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : Fête de Famille
Père : Cédric Khan
Date de naissance : 2019
Majorité : 04 septembre 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h41 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Catherine Deneuve, Emmanuelle Bercot, Vincent Macaigne, Cédric Khan, Luana Bajrami…
Signes particuliers : L’autopsie rude et fascinante d’une famille dysfonctionnelle.
UNE FAMILLE DE FAUX-SEMBLANTS
NOTRE AVIS SUR FÊTE DE FAMILLE
Synopsis : « Aujourd’hui c’est mon anniversaire et j’aimerais qu’on ne parle que de choses joyeuses. » Andréa ne sait pas encore que l’arrivée « surprise » de sa fille aînée, Claire, disparue depuis 3 ans et bien décidée à reprendre ce qui lui est dû, va bouleverser le programme et déclencher une tempête familiale.
Un peu plus d’un an après son salué La Prière, Cédric Khan enchaîne déjà avec son onzième long-métrage. Derrière la caméra, Khan écrit et réalise. Devant, il partage l’affiche avec entre autres, Catherine Deneuve, Vincent Macaigne ou Emmanuelle Bercot. Tous sont membres d’une jolie famille qui se retrouve le temps de quelques jours dans la maison familiale pour l’anniversaire de la matriarche Andréa. Tous, plus une invitée surprise, Claire, la fille ainée qui avait disparu depuis trois ans aux Etats-Unis et qui revient comme une fleur dans un état d’excitation palpable. André ne sait pas encore que ce retour va transformer la joie des retrouvailles en tempête aux vents violents.
Difficile de ne pas songer lointainement au Juste La Fin du Monde de Jean-Luc Lagarce et à l’adaptation de son roman par Xavier Dolan. Le retour d’un enfant après plusieurs années d’absence, une réunion familiale espérée et le passé qui va remonter et tout faire voler en éclats dans une hystérie collective. Mais si l’on y pense un peu, formellement les deux films s’éloignent. Thématiquement aussi. Avec Fête de Famille, Cédric Khan dresse une radiographie d’une famille qui joue des apparences pour enfouir rancœurs et non-dits. Un frère taiseux qui contient son agacement, un autre qui cache son instabilité derrière une façade de joyeux doux-dingue irresponsable, une mère qui passe son temps à arrondir les angles, un père qui évite toujours toute décision, une sœur qui trahit vite son profond mal-être. Très vite, on voit que rien ne va dans cette belle famille, que ce beau moment estival dans la maison familiale ne va pas bien se passer. Une sorte de tension diffuse est là, qui rôde, qui plane, qui se contient tant bien que mal. Petit à petit, elle va se répandre, s’affirmer avant d’effriter l’ambiance pour nouer les personnages face à des responsabilités qu’ils n’ont cesse de fuir depuis des lustres.
Si Fête de Famille emprunte volontiers au genre dit du « film de famille », on remarque une grande théâtralité dans le dispositif élaboré par Cédric Khan. Le cinéaste ne le réfute d’ailleurs pas, même s’il avoue ne pas avoir eu l’intention de faire du « théâtre filmé ». Là où la théâtralité est la plus évidente, c’est du côté des personnages, à propos desquels le cinéaste explique « qu’ils se mettent eux-mêmes en scène » jouant le rôle qui leur revient dans cette sorte de fiction familiale. C’est en effet tout le cœur du film, montrer un microcosme qui ne pouvait que se diriger vers le drame à force de « prétendre » et de s’abîmer dans les faux-semblants plutôt que d’affronter les réalités avec courage. Ici, tout le monde est un peu lâche au fond, un peu antipathique même mais plus par mollesse que par méchanceté. Ou disons que tout le monde préfère occulter ces réalités englouties pour réussir à s’aimer pardessus les rancœurs.
Si certains longs-métrages prenant le créneau du film de famille peuvent parfois s’essouffler sur la longueur, celui de Cédric Khan ne va faire que croître en intensité au fil des minutes qui passent, au fur et à mesure que l’indicible explose, pour s’achever au final sur l’un des plus beaux plans de fin vu au cinéma cette année. Un plan qui trône au-dessus de tout, un plan qui dit tout, un plan qui symbolise tout. Fête de Famille est un coup de maître, qui en fait parfois un tout petit peu trop mais qui nous plonge dans un maelstrom d’émotions inconfortables qui remuent en profondeur.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux