La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : Zavod
Père : Yuri Bykov
Date de naissance : 2018
Majorité : 24 juillet 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : Russie
Taille : 1h49 / Poids : NC
Genre : Thriller
Livret de famille : Denis Shvedov, Vladislav Abashin, Andrey Smolyakov…
Signes particuliers : Solide et efficace.
UN BON THRILLER MADE IN RUSSIA
NOTRE AVIS SUR FACTORY
Synopsis : Réagissant à la vente frauduleuse de leur usine, plusieurs ouvriers décident d’enlever l’oligarque propriétaire des lieux. Ils sont menés par “Le Gris”, un ancien des forces armées. L’enlèvement tourne à la prise d’otage, et, rapidement, la garde personnelle du patron encercle les lieux.
Quand on voit la Russie représentée de manière froide, terne, frappée par le sceau d’une austérité pesante, on pense tout de suite à des clichés à la dent dure imposés par des années de cinéma yankee au torse bombé. Mais que dire quand cette même vision nous est assénée de manière brutale et implacable par le cinéma russe lui-même ? Réalisé par Yuri Bykov (le très bon L’Idiot ! en 2014), Factory est un thriller à consonance sociale où un groupe d’ouvriers bientôt au chômage en raison de la fermeture prochaine de leur usine, kidnappent leur riche patron corrompu en espérant lui soutirer une rançon conséquente. C’était sans compter sur ses hommes de main, la police et les dissensions qui vont naître au sein du groupe.
La Casa de Papel commencerait-elle à faire des émules ? Le succès retentissant de la série en huis-clos dans une fabrique nationale de billets espagnole est sans doute complètement étranger à la génèse de Factory mais on y pense tout de même de très très loin alors que le film de Bykov tente d’entretenir un suspens haletant en tablant sur une histoire entretenant quelques vagues rapports. Mais le « plus » ici, ce quelque chose qui l’extrait instantanément du simple thriller de prise d’otages, c’est clairement le propos social dans lequel baigne le film et son récit. Alors que le coréen Parasite cartonne actuellement en salles, Factory fait lui aussi dans l’opposition des classes mais en évacuant tout humour noir pour y préférer une atmosphère lourde et anxiogène où le capital se rebelle contre les patrons sans scrupules. Et Factory de dresser un portrait sombre de la Russie d’aujourd’hui où les modestes ouvriers sont condamnés à végéter dans leur marasme de pauvreté pendant que les plus puissants se régalent sur leur dos. A lire, on pourrait croire à une critique acerbe du capitalisme ricain mais non, le film de Bykov montre en filigrane que la Russie communiste d’aujourd’hui ne vaut finalement pas mieux que le modèle économique de son ennemi juré. Poutine appréciera.Mais attention, il ne s’agit pas de penser que Factory n’est qu’un énième film social cérébralo-pompeux. Derrière ce discours virulent, Bykov signe aussi un thriller haletant et très efficace, qui sait relancer constamment son suspens en remodelant sur histoire au gré des événements qui le traverse. Seulement handicapé par un budget limité le contraignant à étouffer un peu ses ambitions (on sent qu’il met des bâtons dans les roues à une possible plus grande envergure formelle et narrative et oblige à quelques raccourcis expéditifs), Factory réussit quand même le pari de se mouvoir avec cohérence et intelligence, maîtrisant adroitement son côté thriller nihiliste bien ficelé et peuplé de solides personnages désespérés.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux