Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Trainwreck
Père : Judd Apatow
Date de naissance : 2014
Majorité : 18 novembre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h05 / Poids : 36 M$
Genre : Comédie, Romance
Livret de famille : Amy Schumer (Amy), Bill Hader (Aaron), Brie Larson (Kim), Colin Quinn (Gordon), Ezra Miller (Donald), Tilda Swinton (Dianna), John Cena (Steven), Vanessa Bayer (Nikki), Mike Birbiglia (Tom), LeBron James (lui-même)…
Signes particuliers : Judd Apatow recrute une nouvelle venue dans sa bande et offre un beau premier rôle au cinéma, à la star de l’humour américain : Amy Schumer.
AMY LE JOUR, AMY LA NUIT, C’EST UN POÈME…
LA CRITIQUE
Résumé : Depuis sa plus tendre enfance, le père d’Amy n’a eu de cesse de lui répéter qu’il n’est pas réaliste d’être monogame. Devenue journaliste, Amy vit selon ce crédo – appréciant sa vie de jeune femme libre et désinhibée loin des relations amoureuses, qu’elle considère étouffantes et ennuyeuses ; mais en réalité, elle s’est un peu enlisée dans la routine. Quand elle se retrouve à craquer pour le sujet de son nouvel article, un brillant et charmant médecin du sport nommé Aaron Conners, Amy commence à se demander si les autres adultes, y compris ce type qui semble vraiment l’apprécier, n’auraient pas quelque chose à lui apprendre.L’INTRO :
Pour son cinquième long-métrage en tant que réalisateur, Judd Apatow innove en portant à l’écran un scénario écrit par un tiers. Une première. Ce tiers, c’est la star Amy Schumer, pour laquelle Crazy Amy est un véhicule lui permettant de mettre les pieds dans le grand bain du cinéma, elle qui était jusqu’à présent une star de la scène du stand-up et de la télévision, où elle avait accédé à la notoriété grâce à son show comique à succès Inside Amy Schumer. Crazy Amy, c’est donc l’histoire d’une rencontre entre le magnat de la comédie US et la jeune rigolote quasi-inconnue dans le monde mais jouissant d’une forte popularité outre-Atlantique. Une fois n’est pas coutume, Judd Apatow aura eu le nez fin en proposant à sa nouvelle partenaire intégrant son désormais célèbre « univers », de se charger de l’écriture d’une comédie romantique en grande partie basée sur sa vie et sa propre expérience de trentenaire célibataire fofolle. Alors que Schumer a pondu un script à son image, l’entente entre les deux artistes aura fonctionné au-delà des espérances puisque Crazy Amy s’est imposé comme l’un des beaux succès de l’été au box office américain (110 M$).L’AVIS :
Curieusement, Crazy Amy a beau ne pas être une idée, une histoire ou un scénario signé Judd Apatow, il n’en est pas moins pour autant très représentatif de son cinéma, avec toutes ses caractéristiques, thématiques, qualités et défauts. Au point que les aficionados du réalisateur adoreront sans doute ce nouvel effort du bonhomme, au moins autant que ses détracteurs éprouveront des difficultés à y adhérer. Judd Apatow a toujours divisé et ce cinquième long-métrage ne changera probablement pas la donne, bien au contraire. Comme toujours, le cinéaste se positionne quelque part à mi-chemin entre la comédie la plus traditionnelle qui soit, et une certaine conception du cinéma indépendant modéré. Crazy Amy est joyeux, drôle, déterminé à faire rire et à laisser une impression de feel good movie sur la foi d’un personnage principal fort et porteur, mais derrière les apparences premières, ruissèlent quelques notes plus graves, plus amères, essayant d’élever le débat un brin au-dessus de la gaudriole limitée. Alors que l’humour potache y côtoie cette volonté de finesse du fond, Crazy Amy déploie les thématiques récurrentes chères à Apatow, le tout reboutiqué dans une romcom cherchant à s’éloigner un peu des standards communs. D’abord, parce que le metteur en scène s’amuse à inverser les codes traditionnels d’un cinéma généralement macho en offrant à une femme (pas forcément dans les canons de beauté usuels de surcroît), un rôle généralement caractéristique des personnages masculins. Amy est gentiment trash, Amy est libre, Amy picole, fait la fête, couche et éjecte ses partenaires sans même attendre le lendemain matin. Amy est décalée, un brin barrée, mais surtout, Amy est une grande adulescente, qui éprouve de grosses difficultés à gérer sa problématique personnelle du passage de l’adolescence à l’âge adulte tardif. Voilà, on est bel et bien chez Apatow.Une fois de plus, les intentions sont bonnes. Mais une fois de plus, Apatow tombe dans ses travers habituels. Les mêmes problèmes de rythme, les mêmes problèmes de longueurs (encore une fois, sa comédie dépasse les deux heures), la même sensation de confusion dans un film qui veut parler de beaucoup de choses et qui patauge dans son sujet avec une fausse finesse qui, en réalité, à la lourdeur d’un pas d’éléphant. Comme à son habitude, Aparow signe un film intéressant dans le fond, mais pénible sur la forme, faussement ludique et divertissant et réellement ennuyeux et cacophonique, au milieu duquel la pseudo-maîtrise de l’écriture perd son duel face au phagocytage de son trop-plein d’intentions et face à la lourdeur du dispositif. Et c’est d’autant plus dommage que des idées surnagent dans ce bouillon à la saveur insuffisamment relevée. On nous avait vendu une héroïne gonflée, à l’arrivée, on se retrouve avec une fausse impertinente errant entre l’attachant et l’agaçant. On nous avait vendu un film féminin sans être féministe, Crazy Amy finit par rentrer dans le rang et torpiller sa démonstration de départ par la sagesse de son évolution. En dépit de personnages secondaires croqués avec talent (excellente Tilda Swinton en directrice d’un magazine putassier, surprenant Ezra Miller ou très bon Lebron James), Crazy Amy est un long ventre mou monotone et peu inspiré, coincé entre une scène d’ouverture géniale et un final où explose l’énergie de sa star débridée et en roues libres.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux