CADDO LAKE de Celine Held et Logan George : la critique du film

Ils ont signé une palanquée de courts, des épisodes de séries et même un long-métrage (Topside en 2020). Le duo Celine Held et Logan George travaille ensemble depuis un bon bout de temps maintenant et si leurs précédents travaux les ont déjà emmenés de Venise à Cannes, c’est probablement avec Caddo Lake qu’ils pourraient bien faire le plus parler d’eux. Disponible sur la plateforme Max, Caddo Lake est un thriller énigmatique porté par Dylan O’Brien (Le Labyrinthe) qui ambitionne de vous provoquer quelques noeuds au cerveau en même temps qu’un sacré emballement cardiaque.

Dans le vaste bayou de Caddo Lake à la frontière du Texas et de la Louisiane, une fillette disparaît. Dans le même temps, un jeune homme porteur d’un passé difficile essaie de comprendre certaines zones d’ombre de son histoire.

Bon, il faut vraiment que M. Night Shyamalan arrête de faire des films miteux ou des enfants qui font à leur tour des films miteux, et qu’il se contente de produire des films malins faits par des cinéastes malins. On exagère un peu mais entre ses dernières sorties au mieux amusément grotesque (Trap) au pire bancales ou ridicules (Old, Knock at the Cabin) et les piteuses tentatives de ses rejetons (Les Guetteurs de sa fille Inisha), le célèbre maître du suspens a pas mal perdu de sa superbe. Et s’il n’en est que producteur, Caddo Lake est probablement le meilleur truc auquel son nom a été associé ces dernières années.

Caddo Lake est à ranger dans cette sous-catégorie de films étiquetés « thriller/mystère ». Un moyen de désigner ces thrillers de genre à intrigues tortueuses, construits comme des puzzles dont l’ultime pièce vient généralement dessiner une « histoire de dingue » retournant complètement la perception de l’intrigue en dévoilant tardivement son concept jusque-là nébuleux et s’éclairant soudainement au détour d’un twist bluffant. En vrac, on pourrait citer le Triangle de Christopher Smith, le Timecrimes de Nacho Vigalondo, le plus méconnu Coherence de James Ward Byrkit ou dans une moindre mesure, des productions plus renommées comme Predestination, Looper, Déjà-vu, Ouvre les Yeux et on en passe.

Dans la droite lignée de plusieurs de ces films pré-cités, Caddo Lake n’invente rien sur le fond. Difficile d’en dire plus ou d’expliquer pourquoi sans divulguer des éléments majeurs de l’intrigue qu’il est important de ménager pour profiter de l’expérience haletante orchestrée par le duo Celine Held et Logan George, mais toujours est-il que la finalité du film le rapproche fortement d’autres séries B passées tout aussi malignes que lui. Rien de nouveau donc sous le soleil du film à énigme alambiquée. Néanmoins, à défaut d’originalité, ce que fait Caddo Lake, il le fait plutôt bien. Le film impose un suspens haletant tenu par des mystères troubles et troublants que l’on a hâte de percer et il peut compter sur sa structure ingénieusement élaborée et son indiscutable efficacité pour compenser ses faiblesses. À cela s’ajoute un cadre d’action (le bayou de Caddo Lake) intensément fascinant. Un bon film du soir pour un spectateur se baladant de plateforme en plateforme à la recerche de la perle rare.