Nom : Brillantes Père : Sylvie Gautier Date de naissance : 2023 Majorité : 18 janvier 2023 Type : sortie en salles Nationalité : France Taille : 1h43 / Poids : NC Genre : Drame
Signes particuliers : Trop semblable à plein d’autres films du même genre.
Synopsis : Karine, femme de ménage, partage sa vie entre son travail de nuit avec ses collègues et Ziggy, son fils de 17 ans. Lorsque l’entreprise qui l’emploie est rachetée tout bascule pour Karine. La pression sociale va la pousser dans ses retranchements et la mettre face à un dilemme : dévoiler un secret ou mentir pour se protéger.
NOTRE AVIS SUR BRILLANTES
LES INVISIBLES
A l’origine productrice de documentaires, Sylvie Gautier a souhaité sauter le pas vers la fiction. Brillantes est son premier long-métrage, un drame qui fait écho tant à son travail dans le documentaire, qu’à son court-métrage Sotte réalisé en 2019 et dans lequel elle abordait déjà la thématique de l’illettrisme. Une thématique que l’on retrouve dans Brillantes puisqu’il est question, à travers cette plongée au cœur de la classe ouvrière, du quotidien d’une modeste femme de ménage ne sachant ni lire ni écrire, confrontée aux mutations de la société qui l’emploie. Récemment rachetée dans une optique de redressement, son entreprise va exercer une forte pression sur les plus exposés (traduction les plus faibles) pour les convaincre d’accepter des conditions de travail pires que celles déjà imposées. Et en tant « qu’illettrée », elle fait figure de proie facile.
Le cinéma français aime les chroniques à consonance sociale sur le quotidien d’un corps de métier. Avec si possible une approche lumineuse pour montrer le courage des membres de ces microcosmes en difficulté. Les lister serait trop long et fastidieux mais pour quelques exemples, on pourrait citer Polisse sur la police, Discount sur les caissières de supermarché, Voir le jour sur les sages-femmes, Les Hommes du Feu sur les pompiers, la pelletée de films sur les enseignants et on en passe. Et à chaque fois, ça marche un peu, beaucoup ou passionnément. C’est selon. Une chose est sûre, le registre est presque un sous-genre en soi, évoluant aux côtés de sa cousine germaine, la comédie sociale (type Les Femmes du 6eme étage, Les Femmes du Square etc.).
Ici, on a forcément de la sympathie pour ces héroïnes du quotidien qui en ont marre d’être traitées comme de la merde (ironiquement par des patrons dont les revenus proviennent entièrement du fruit de leur dur labeur), comme on a forcément de la sympathie pour un sujet social aux intentions inattaquables. Car pour qui connaît, ou a connu, quelqu’un exerçant la profession d’homme ou de femme de ménage (technicien/ technicienne de surface comme on dit pour adoucir la pilule), il est indéniable d’y voir une classe prolétaire sous-payée, sous-considérée, limite des invisiblescomme dirait Louis-Julien Petit.
La sympathie pour les personnages plantés par Sylvie Gautier et l’impossibilité de remettre en question son propos louable, sont les principales forces d’un film qui, sorti de ces considérations, suit le parcours très codifié de toutes les productions françaises du genre. Un récit balancé entre la noirceur sociale et le positivisme solaire de ces gens courages. Le traditionnel mélange entre la force collective et un regard dans l’intimité de vies compliquées. Le classique affrontement avec la hiérarchie, la classique scène de communion musicale (généralement dans un bar ou en boîte de nuit – une sorte de marque de fabrique), l’éternelle scène émouvante dans le cocon familial, la sempiternelle association dureté du quotidien et positivisme plein d’espoir etc. Brillantes aligne les balises et se montre finalement très programmatique dans son genre, d’autant moins original qu’il passe derrière le Ouistreham d’Emmanuel Carrère, lequel mettait déjà le quotidien (nocturne) des techniciennes de surface. Brillantes manque surtout de puissance et d’une personnalité moins scolaire. Mais il reste néanmoins touchant, dans le sillage de ses bonnes comédiennes, Céline Sallette et Eye Haïdara en tête.