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AMARE AMARO de Julien Paolini : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Amare Amaro
Père : Julien Paolini
Date de naissance : 2019
Majorité : 19 février 2020
Type : Sortie en salles
Nationalité : France, Italie
Taille : 1h30 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Syrus Shahidi, Virginia Perroni, Celeste Casciaro…

Signes particuliers : Un premier film maîtrisé qui révèle un cinéaste.

ANTIGONE EN SICILE

NOTRE AVIS SUR AMARE AMARO

Synopsis : Gaetano, jeune homme taciturne, vit au chevet de son père dont il gère seul la boulangerie. Malgré le succès de ses baguettes, le jeune français né de mère sicilienne n’a jamais été intégré par la communauté du petit village sicilien. Lorsque son frère aîné, truand notoire, décède au cours d’un crime vengeur qu’il provoque en causant la mort de deux personnes, Gaetano choisit d’assumer ses responsabilités familiales et de l’enterrer près de sa mère. Mais sur l’île, le poids de la tradition est omniprésent. La maire, Enza, fait régner la loi comme une baronne de la pègre. D’après la tradition les gens de mauvaise nature ne peuvent être enterrés près des honnêtes gens. Elle refuse l’accès au corps à Gaetano. Un différend envenimé par l’amour fou qu’éprouve Anna, la fille d’Enza, pour Gaetano. Embrassant sa cause, elle encourage son petit-ami à aller au bout de sa mission, quitte à se mettre en danger lui et les siens. 

Remarqué en festivals après une tournée mondiale à succès ponctuée d’un Grand Prix à Cognac, Amare Amaro est le premier long-métrage de Julien Paolini, réalisateur franco-italien auteur de nombreux courts avant de franchir le pas vers les choses sérieuses. L’effort a failli ne jamais sortir quand un partenaire financier l’a lâché au dernier moment, mettant sa distribution en péril. Mais heureusement, une campagne participative a trouvé de généreux donateurs qui nous permettent aujourd’hui de pouvoir découvrir cette petite pépite qui a beaucoup de cinéma à offrir derrière son apparente modestie.
L’idée est amusante. Julien Paolini reprend le mythe fondateur d’Antigone et le remodèle pour l’appliquer au film noir italien. Adieu Thèbes, bienvenue en Sicile. Adieu Antigone et bienvenu Gaetano, un boulanger dont le frère vient de mourir assassiné. Pour le reste, il est toujours question d’un refus de sépulture à un petit voyou dans un coin reculé du monde, et de son frère qui va tout faire pour l’enterrer quand même malgré l’édit lancé par la maire semi-mafieuse du village. Il est toujours question de tragédie, de famille déchirée et d’exil. Outre l’originalité de la démarche de revisiter Antigone à la sauce drame moderne, Amare Amaro surprend également par son savoureux mélange des genres parfaitement maîtrisé par Julien Paolini. Le cinéaste navigue entre le thriller, le polar, le film noir, le drame romanesque et même la comédie quand il s’amuse avec truculence de ce jeu de vol de cadavre quasi-burlesque, pris, repris, re-repris. Dans le microcosme de ce petit village sicilien qui semble autant hors du monde que hors du temps, appelant presque une composante westernienne à ajouter aux genres précités, Amare Amaro fonctionne comme un huis clos à ciel ouvert et traverse au détour de son histoire, des thèmes aussi divers et variés que le multiculturalisme, l’immigration ou le deuil. Les imperfections d’un premier film n’échapperont à personne mais Julien Paolini s’impose comme un cinéaste à suivre de la nouvelle génération franco-italienne et ce premier film est une belle surprise que l’on ne peut que conseiller vivement !

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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