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DREAMS de Michel Franco : la critique du film

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Nom : Dreams
Père : Michel Franco
Date de naissance : 28 janvier 2026
Type : sortie en salles
Nationalité : USA, Mexique
Taille : 1h38 / Poids : NC
Genre : Drame, Romance

Livret de Famille : Jessica ChastainIsaac HernándezRupert Friend

Signes particuliers : Du grand Michel Franco.

Synopsis : Fernando, un jeune danseur de ballet originaire du Mexique, rêve de reconnaissance internationale et d’une vie meilleure aux États-Unis. Convaincu que sa maîtresse, Jennifer, une Américaine mondaine et philanthrope influente, l’aidera à réaliser ses ambitions, il quitte clandestinement son pays, échappant de justesse à la mort. Cependant, son arrivée vient bouleverser le monde soigneusement construit de Jennifer. Elle est prête à tout pour protéger leur avenir à tous deux, mais ne veut rien concéder de la vie qu’elle s’est construite.

AUTOPSIE D’UN RÊVE ILLUSOIRE

NOTRE AVIS SUR DREAMS

Deux ans après Memory, le mexicain Michel Franco (Sundown) retrouve à nouveau la star américaine Jessica Chastain pour Dreams, un film dont le titre semble promettre des rêves… pour mieux nous imposer son désenchantement. Car tous les rêves n’ont pas vocation à être réalisés. Le cinéaste y suit l’histoire d’une riche américaine tombant amoureuse d’un danseur de ballet mexicain. Quand ce dernier franchit la frontière illégalement pour la retrouver à San Francisco, leur passion va devoir affronter certaines réalités. Posé à plat, le pitch pourrait presque laisser penser à une comédie romantique comme on en voit fleurir des dizaines en période de noël. Sauf que Noël est passé (enfin sera passé au moment de la sortie) et que Michel Franco n’est pas franchement un conteur de bluettes hollywoodiennes tartignoles. Très vite, on comprend que les jolis rêves de Dreams sont en réalité des illusions.

Dreams est un film de rapports. Rapports érotiques entre deux amants passionnés, rapports de classes entre deux mondes peu conciliables, rapports de domination amoureuse et/ou sociale entre deux êtres que tout oppose, rapports de xénophobie entre une famille de la Haute société franciscanaise et un immigré clandestin. À travers une sorte d’anti Romeo et Juliette à cheval entre les États-Unis et le Mexique, Michel Franco déploie un grand film sulfureusement politique, remarquable dans l’adresse avec laquelle il prend à son compte le glamour d’une romance torride pour mieux le contrarier et l’amener vers une entre-zone tragique où des personnages perdent de leur humanité. Et Dreams de devenir une allégorie sur l’âpreté de notre monde tordu où la beauté est salie, où les apparences se trahissent, où les natures s’affrontent, où les idéaux flétrissent trop vite. Quoi ou qui sauver de cette plongée sombre et  désabusée ? Personne à vrai dire. Entre des protagonistes que l’on déteste et d’autres que l’on va finir par détester, Dreams pervertit sa belle histoire de départ pour mieux commenter le monde actuel qui détruit tout.

Michel Franco signe un film cru et cruel, porté par son éternel regard acéré, par un propos fort sur les tensions humaines et politiques, sur les carcans qui emprisonnent les individus et sur la peur absurde d’être dépossédé de ce que l’on a. Comme la mondaine Jennifer qui a peur de perdre son luxe, comme ce danseur qui a peur de perdre sa liberté, comme ces américains qui ont peur que les étrangers ne leur volent leurs biens, leurs femmes, leur travail. Témoin, cette phrase lâchée par le patriarche de la famille « J’aime que tu aides les immigrés, c’est bien. Mais il y a des limites« . Venir en aide de loin sans bousculer son confort et sa réputation, c’est une chose, tomber amoureuse et coucher avec l’un d’eux, c’est trop. Bien aidé par le talent d’une immense Jessica Chastain (comme toujours) qui ne recule devant rien pour son rôle et un Isaac Hernandez formidable de consistance, Dreams est un film d’une intelligence admirable, parfois un poil relâché dans certaines jointures narratives mais néanmoins d’une grande acuité.

 

Par Nicolas Rieux

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