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GRAND CIEL de Akihiro Hata : la critique du film

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Nom : Grand Ciel
Père : Akihiro Hata
Date de naissance : 21 janvier 2026
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h31 / Poids : NC
Genre : Drame, Thriller, Fantastique

Livret de Famille : Damien BonnardSamir GuesmiMouna Soualem

Signes particuliers : Un premier film intriguant.

Synopsis : Vincent travaille au sein d’une équipe de nuit sur le chantier de Grand Ciel, un nouveau quartier futuriste. Lorsqu’un ouvrier disparaît, Vincent et ses collègues suspectent leur hiérarchie d’avoir dissimulé son accident. Mais bientôt un autre ouvrier disparait.

LES ÂMES QUI HABITENT LES MURS

NOTRE AVIS SUR GRAND CIEL

Il est de plus en plus difficile faire exister un film dans un paysage cinématographique inondé de nouvelles sorties chaque semaine. Pour son premier long métrage, le japonais Akihiro Hata peut compter sur un indéniable effet de curiosité. Son Grand Ciel pousse Damien Bonnard et Samir Guesmi dans un univers troublant entre le drame social et le thriller fantastique.

Ouvriers de nuit sur le gigantesque chantier d’un quartier éco-futuriste, Vincent et Saïd supportent au quotidien la dureté de leur métier et des conditions imposées par leur société de BTP. Déjà intrigués par les bruits mystérieux qui résonnent dans les entrailles de la structure et la présence d’une étrange poussière excessive, ils le seront encore un peu plus quand l’un des leurs disparaît alors qu’il était parti chercher sa fraiseuse au sous-sol…

Présenté à la dernière Mostra de Venise où il concourrait pour le prix Orrizonti récompensant le meilleur premier film, Grand Ciel est une modeste entreprise qui doit sa réussite à la combinaison d’une solide maîtrise de son ambiance oppressante et d’une bonne orchestration de sa métaphore sociale. Toute son histoire de disparitions mystérieuses dans les entrailles poussiéreuses de cet immense chantier n’est en réalité qu’une allégorie des âmes de ces ouvriers qui sont aspirées dans la construction de ces immenses ouvrages. Ils donnent leur vie pour ces constructions luxueuses et comme s’en amuse un ouvrier, « leur seule chance d’habiter un jour dans des résidences comme ça, c’est d’y mourir pendant les travaux, comme ça ils seront là pour l’éternité ». Sous couvert de cinéma de genre quand le thriller fantastique s’invite en cours de route, Grand Ciel est une parabole engagée dont le propos interpelle sur des réalités aux quatre coins du monde quant à l’exploitation de la main d’œuvre ouvrière (on se souvient encore du scandale des ouvriers morts sur les chantiers de construction des stades de football ultra-modernes pour la Coupe du Monde au Qatar). Hata rappelle que derrière le confort des aisés dans leurs habitats luxueux aux allures de tours d’ivoire, il y a eu des hommes qui ont sacrifié une part d’eux-mêmes, à souffrir de conditions rudes jour et nuit, à se casser le dos et à bouffer de la poussière (entre autres choses toxiques), tout ça pour -souvent- un salaire de misère et une inconsidération humaine.

Le film aurait pu s’arrêter sur cette seule démonstration évidente sans écho cinématographique. Mais le joli coup de Hata est d’avoir réussi à l’asseoir sur une intrigue captivante piégeant le spectateur dans une atmosphère à la tension sourde, constamment inquiétante, et par instants presque angoissante. Le jeune cinéaste se révèle adroit dans sa manière de conjuguer son portrait social cristallin (auquel s’ajoute un propos sur la lutte des classes et les rapports de domination) et l’efficacité d’un thriller de genre. Pour être plus qu’un petit film assez convaincant, il lui manquerait juste plus d’ampleur et d’ambitions cinématographiques et surtout, de davantage jouer sa carte du fantastique énigmatique. Passée son idée allégorique, Hata semble toujours dans la retenue comme s’il n’osait pas aller vraiment dans le genre et préférait juste flirter avec, de loin. On dit souvent qu’on ne fait pas de films juste avec des intentions mais pour une fois, on saluera celles de Hata.

 

Par Nicolas Rieux

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