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EDDINGTON d’Ari Aster : la critique du film [Cannes 2025]

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Nom : Eddington
Père : Ari Aster
Date de naissance : 16 juillet 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h25 / Poids : NC
Genre : Thriller, Western, Comédie dramatique

Livret de Famille : Joaquin PhoenixPedro PascalEmma Stone, Austin Butler, Luke Grimes…

Signes particuliers : Une déception à la hauteur de l’attente.

Synopsis : Mai 2020 à Eddington, petite ville du Nouveau Mexique, la confrontation entre le shérif et le maire met le feu aux poudres en montant les habitants les uns contre les autres.

PORTRAIT D’UNE AMERIQUE FRACTUREE

NOTRE AVIS SUR EDDINGTON

Ari Aster. Rien que le nom fait saliver. Sa présence en compétition officielle à Cannes a instantanément généré une hype monumentale autour de son petit dernier, Eddington. Le père de Hérédité et Midsommar faisait son retour deux ans après l’échec de son Beau is Afraid avec Joaquin Phœnix. Un Joaquin Phœnix qui justement remet le couvert avec le cinéaste puisqu’il est l’une des têtes d’affiche d’Eddington aux côtés du très à la mode Pedro Pascal mais aussi d’Emma Stone ou Austin Butler.

Comme toujours écrit par Ari Aster lui-même, Eddington plante son décor en pleine pandémie de Covid, dans la petite ville d’Eddington au Nouveau-Mexique. Le shérif y affronte le Maire. Leur confrontation va devenir contagieuse et mettre le feu aux poudres en montant tous les habitants les uns contre les autres.

Jusqu’ici, Ari Aster a toujours été considéré comme l’un des petits génies de la nouvelle vague horrifique américaine. Si Hérédité et Midsommar était de purs films d’horreur, Beau is Afraid amorçait un début de transition vers autre chose, vers un ton plus humoristique, plus sarcastique surtout. Avec Eddington, Ari Aster laisse vraiment le genre qui a fait sa renommée. Cette fois, le cinéaste signe une sorte de western comico-dramatique moderne, une fresque aux allures de huis clos à ciel ouvert sous le soleil suffocant du Nouveau Mexique.

Souvent célébré pour l’intelligence de ses œuvres jamais vides ou futiles, Ari Aster associe une nouvelle fois à son long métrage, des thématiques fortes qui sont les moteurs de son histoire. Eddington est avant tout une radiographie d’une Amérique plus que jamais divisée, où les points de vue s’expriment avec une violence à l’absurdité presque tragicomique. A ce titre, plusieurs scènes du film flirtent avec la drôlerie ubuesque mais le plus affligeant réside dans leur authenticité réaliste. On les sait réalistes mais c’est en les voyant à l’écran, dans une fiction de cinéma, qu’on en saisit pleinement toute l’absurdité. A l’image de la campagne politique dépeinte avec un triste amusement ironique où les confrontations entre les personnages (entre le shérif et le maire, entre les manifestants et la police locale). A travers son allégorie d’une Amérique fracturée, Ari Aster montre comment le pays a sombré dans le grotesque, ses oppositions dégénérant systématiquement dans des extrêmes sans possibilité de dialogue. Fortement politisé (à n’en pas douter le film le plus engagé du cinéaste), Eddington associe à cette satire centrale, un portait sur la réussite et l’échec, un autre sur la dépression, un commentaire sur la gestion du Covid, des réflexions sur les violences policières, le racisme, le complotisme, la masculinité toxique, le wokisme… Stop, n’en jetez plus, c’est trop !

C’est tout le problème d’Eddington. A force de brasser mille et un sujets dans son portrait d’une Amérique tarée à travers un projecteur braqué sur un microcosme chargé d’une représentativité symbolique, Ari Aster signe une œuvre fourre-tout qui se perd parfois dans elle-même. La coupe déborde et le flot de cette démonstration gargantuesque se répand partout et nulle part à la fois. Souffrant en plus d’un cruel problème de rythme et d’équilibre, Eddington finit par devenir assommant. Ce qui pourrait amuser au départ finit par agacer, le propos qui aurait pu séduire finit par s’écraser dans sa lourdeur démonstrative et le film en vient à épouser le chaos qu’il entend dépeindre. Il y a de bonnes idées dans Eddington, un sens de l’image intact et des surprises narratives intéressantes. Mais tout ne peut fonctionner avec un scénario aussi mal structuré. Fort heureusement, là où certains films se délitent en cours de route, Eddington fait le contraire. Sa deuxième partie est un peu mieux et sa troisième est la meilleure. Mais si l’arrivée est fantastique, on n’oubliera pas que le voyage a été épuisant. L’une des plus grandes déception du cru cannois 2025.

 

Par Nicolas Rieux

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