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CONCLAVE d’Edward Berger : la critique du film

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Nom : Conclave
Père : Edward Berger
Date de naissance : 04 décembre 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 2h00 / Poids : NC
Genre : Thriller

Livret de Famille : Ralph FiennesStanley TucciIsabella Rossellini, John Lithgow…

Signes particuliers : Ou quand un drame religieux devient un thriller palpitant.

Synopsis : Quand le pape décède de façon inattendue et mystérieuse, le cardinal Lawrence se retrouve en charge d’organiser la sélection de son successeur. Alors que les machinations politiques au sein du Vatican s’intensifient, il se rend compte que le défunt leur avait caché un secret qu’il doit découvrir avant qu’un nouveau Pape ne soit choisi. Ce qui va se passer derrière ces murs changera la face du monde.

LES COULISSES DE LA (MAUVAISE) FOI

NOTRE AVIS SUR CONCLAVE

En latin courant, conclave se traduirait par « pièce fermée à clé« . Le terme évoque surtout une tradition séculaire de l’église catholique. Quand un Pape décède, les cardinaux se réunissent au Vatican dans un huis-clos total et n’en sortent qu’une fois que le nouveau souverain pontife a été élu à une majorité. Ainsi, comme un verdict de tribunal, un conclave peut durer un ou plusieurs jours et les scrutins peuvent être nombreux.

Plongée en immersion dans les coulisses du pouvoir religieux catholique, le film d’Edward Berger suit le déroulé d’un conclave organisé au lendemain de la mort du dernier Pape. En charge de son organisation, le cardinal Lawrence va faire face à mille et un problèmes, des luttes de pouvoir aux machinations politiques et autres conspirations, sans parler d’un secret qui pourrait bien faire trembler les murs de toute l’institution. À mesure que le conclave se poursuit, il se retrouve engagé dans une course contre la montre pour découvrir le fin de mot de l’histoire avant l’élection du futur Pape.
Avec le concours d’acteurs extraordinaires (Ralph Fiennes, Stanley Tucci, John Lithgow), Edward Berger signe un film passionnant qui aurait pu s’organiser comme une chronique dramatique dans l’idée, mais qui prend vite des allures de thriller intense et haletant dans les faits. Car une élection papale n’a rien de la cérémonie ampoulée que l’on pourrait croire. Entre les rivalités continentales, ethniques ou culturelles, les programmes des uns et des autres, les inimitiés ou les ambitions personnelles, l’élection d’un nouveau Pape ressemble davantage à une élection présidentielle. Conclave donne à voir un portrait peu reluisant des coulisses de l’Eglise catholique où loin des notions de paix, de spiritualité et de fraternité, les cardinaux s’organisent, s’opposent et s’affrontent comme des hommes ou partis politiques vénaux. Entre les murs du Vatican, c’est tout un monde de tractations, de corruption, de soutiens et d’opposants qui se met en branle. Entre ceux qui veulent enfin mettre l’un des leurs sur le trône, ceux qui sont prêts à tout pour faire barrage à un candidat au programme réac et rétrograde, ceux qui ont peur de la réception de leurs idées progressistes, ceux qui sont motivés par leur ambition et leur soif de pouvoir, Conclave est l’intense spectacle d’une guerre ouverte à la Game of Thrones pour prendre la place encore chaude d’un Pape défunt même pas (ou à peine) pleuré par ses proches fidèles, tous trop occupés par sa succession. Un bal chorégraphié par la trahison, la mesquinerie, les mensonges et l’avidité.

Magistralement filmé et nourri d’idées captivantes pour entretenir un fort suspens paranoïaque, Conclave s’inspire de la veine des thrillers politiques américains d’Alan J. Pakula et des polars d’enquête à la John Le Carré (au scénario, on retrouve Peter Straughan qui avait scénarisé La Taupe de Tomas Alfredson) pour conduire une critique corrosive contre l’Eglise papale qui cache derrière son image publique et son idéologie, des hommes tout sauf idéaux qui, aveuglés par le pouvoir, sont capables d’oublier tout ce qu’ils sont censés être et promouvoir. La charge aurait pu être plus cinglante si Berger y était allé plus franchement dans le jeu de massacre mais l’étude est déjà clinique et surtout à hauteur d’hommes, scrutant leurs faiblesses.

Jusqu’à l’amorce de son épilogue, le film d’Edward Berger était un coup de maître. Un thriller virtuose confirmant le talent de son auteur après l’époustouflant À l’Ouest, Rien de Nouveau il y a deux ans. Dommage que Conclave se prenne les pieds dans le tapis dans un dernier acte où le film cède à une surenchère de rebondissements maladroits ternissant un peu ce qu’il avait si brillamment installé jusque-là.

 

 

Par Nicolas Rieux

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