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JURÉ N°2 de Clint Eastwood : la critique du film

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Nom : Juror #2
Père : Clint Eastwood
Date de naissance : 30 octobre 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h54 / Poids : NC
Genre : Drame, Thriller

Livret de Famille : Nicholas Hoult, Toni Collette, Zoey Deutch

Signes particuliers : Pas un grand Clint Eastwood.

Synopsis : Alors qu’un homme se retrouve juré d’un procès pour meurtre, il découvre qu’il est à l’origine de cet acte criminel. Il se retrouve face à un dilemme moral entre se protéger ou se livrer.

 

LES ADIEUX DE LA LÉGENDE

NOTRE AVIS SUR JURE N°2

94 ans et toujours cette envie de faire des films et de raconter des histoires. Comme s’il ressentait une certaine urgence à en faire le plus possible avant le clip de fin, Clint Eastwood les a enchaînés sur un rythme de jeune homme ces derniers temps. Mais cette fois, il semblerait que ce soit le dernier, le quarantième et ultime long-métrage d’une très longue et grande carrière. Trois ans après Cry Macho (dont on priait pour que ce ne soit pas déjà son dernier afin de ne pas voir une légende du cinéma pareille finir sa carrière sur un tel navet), Clint Eastwood est de retour avec Juré Nº2, une sorte de croisement entre le classique Douze Hommes en Colère et le français Le Septième Juré de Georges Lautner. Du premier, l’idée d’un groupe de jurés qui va débattre pendant des jours pour trouver un verdict alors que l’un d’eux a des doutes et essaie d’infléchir l’opinion arrêtée des autres. Du second, le principe d’un homme nommé juré au procès d’un crime dont il est le réel coupable inavoué.

Homme sans histoire qui s’apprête à devenir papa, Justin Kemp est nommé juré au procès d’un homme accusé du meurtre violent de sa petite-amie. Mais Justin pense être le vrai responsable accidentel de la mort de la jeune femme. Commence pour lui un dilemme moral terrible entre l’envie de se protéger et la culpabilité de laisser un autre être condamné à sa place.

94 ans. C’est triste à dire mais Clint Eastwood est un vieux monsieur… qui fait des vieux films. S’il est nettement plus fréquentable que son précédent Cry Macho, néo-western amèrement pathétique qu’aucun argument ne pouvait sauver, Juré nº2 souffre de certaines similitudes, essentiellement dans l’écriture ou la mise en scène. Encore une fois, l’écriture est en partie affaiblie par l’amoncellement de commodités scénaristiques bien arrangeantes qui ne laissent que peu de place à la subtilité. Tout est souvent assez facile, assez convenu, assez caricatural aussi, notamment les trajectoires des personnages secondaires ou quand le grand Clint est un peu coincé dans son intrigue, n’hésitant pas à se laisser aller à l’ellipse grossière pour passer au-dessus du problème (l’épilogue par exemple). Côté mise en scène, on sent que l’inspiration n’y est plus, la créativité non plus. Trop plate, trop mécanique, trop du genre à surligner la moindre idée à coup de plans commodes au cas où le spectateur ne comprenne pas tout seul, elle se fourvoie même par moments dans des erreurs de débutants (des plans qui tremblent). Surtout, elle prend souvent des allures de petit téléfilm cousu de fil blanc et l’on constate à regret, qu’il y a parfois plus d’idées dans certaines séries télé actuelles (comme récemment la série Présumé Innocent avec Jake Gyllenhaal pour rester dans le registre du film de procès). L’intégration (maladroite) des flashbacks réguliers est aussi un bel exemple d’une narration trop simple pour prétendre à plus qu’un aveu de faiblesse créative. Globalement, Juré Nº2 souffre d’une facture très artificielle et ampoulée dans sa conception, donnant l’impression d’un petit film sans grande envergure. Déjà qu’il fallait accepter la probabilité d’une telle histoire (être nommé juré à un procès de son propre crime, c’est sacrément pas de bol). Mais ça à la limite…

Toutefois et en dépit de cette absence d’hardiesse virtuose (on sent qu’il tourne/expédie ses films très vite et très simplement désormais), Clint Eastwood parvient quand même à nous prendre dans son intrigue et dans le dilemne personnel qui torture son personnage, le tout supporté par des thématiques fortes sur le conflit entre le Bien et le Mal, l’injustice et la justice. « La vérité n’est pas toujours juste » déclare le personnage principal. A méditer.

Davantage œuvre mineure d’un grand cinéaste devenu simple faiseur que bijou animé par un regard virtuose, Juré Nº2 se suit sans déplaisir et restera comme une sortie honorable pour un Clint Eastwood qui évite la toute petite porte de derrière au moment de mettre un point final sur le chapitre d’une vie entière consacrée au septième art. Et maintenant, une légende prend sa retraite. Elle a été bien méritée. Et si l’ultime plan de sa carrière devait être celui de Juré N°2, au moins il restera dans les mémoires tant la dernière image du film est probablement le seul vrai coup de génie audacieux de ce quarantième long-métrage.

 

Par Nicolas Rieux

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