La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : The Hole in the Ground
Père : Lee Cronin
Date de naissance : 2019
Majorité : Sortie indéterminée
Type : Prochainement
Nationalité : USA
Taille : 1h31 / Poids : NC
Genre : Épouvante
Livret de famille : Seana Kerslake, James Quinn Markey, Kati Outinen…
Signes particuliers : Présenté au BIFFF.
UNE MÈRE AU FOND DU TROU
AVIS SUR THE HOLE IN THE GROUND
Synopsis : Une mère et son fils viennent d’emménager dans une nouvelle maison près des bois. Au cours d’une balade en forêt, le fils disparaît un petit moment. La mère parvient à remettre la main sur lui et découvre, en même temps, un énorme gouffre au coeur du bois. Quelques temps après, elle remarque que son petit garçon a un comportement étrange. Est-ce bien son fils qui est revenu vers elle ?
Séparée de son mari, Sarah élève seule son fils Chris dans une maison isolée au cœur d’une forêt irlandaise. Entre une vieille voisine flippante et un immense cratère au milieu des bois, la stabilité mentale de la jeune femme est mise à rude à épreuve, surtout lorsqu’elle se met à remarquer le comportement de plus en plus étrange de Chris…
Décidément le lien fusionnel entre une mère seule et son enfant fait le bonheur des petites productions d’horreur psychologiques ! De prime abord, The Hole In The Ground pourrait d’ailleurs souffrir d’arriver après certains films s’étant servis de cette thématique -l’ombre de l’australien Mr Babadook plane sur l’ambivalence de cette relation mère/fils irlandaise- mais en réalité, c’est plus particulièrement le folklore sur lequel il bâtit son discours qui pourrait lui conférer de sérieux airs de déjà-vu. Évidemment, on ne peut pas trop en dire sous peine de gâcher la surprise mais quelques longs-métrages récents ont également ressuscité cette légende sous diverses formes sur grand écran (notamment un compatriote de Lee Cronin en 2015 mais plus sur le ton d’un survival) et, si vous avez déjà vu l’un d’eux, The Hole In The Ground pourrait partir avec un handicap de taille niveau rebondissements. En effet, il est fort probable que vous compreniez de quoi il en retourne bien plus vite qu’un néophyte en la matière (ce dernier sera sans doute, lui, complètement désarçonné comme rien n’est ici explicité sur les éléments composant ce mythe) mais on vous rassure, même si vous croyez naviguer en terrain connu avec The Hole In The Ground, le film va parvenir à démontrer la pertinence de sa proposition métaphorico-horrifique.
Du côté de son discours, The Hole In The Ground va faire preuve d’une solidité exemplaire. Avec son plan d’ouverture où la mère regarde son fils s’amuser de ses reflets devant un miroir déformant, le film pose tous ses enjeux à venir en l’espace de quelques secondes. Quelque chose va rapidement clocher dans cette relation mais cela viendra-t-il d’une forme de détresse psychologique de la part de Sarah ou d’une cause extérieure ? Le père ne sera jamais présent physiquement dans l’histoire mais son ombre sera là en permanence, à travers quelques non-dits évoquant un passé douloureux, une cicatrice qui ne veut pas se refermer… et Chris. Qu’elle le veuille ou non, Sarah doit vivre avec un être lui rappelant constamment celui qu’elle a fui et, lorsque son fils commence à adopter des attitudes ou des comportements qui lui étaient jusqu’alors inconnus, c’est quelque part la part du père chez le fils qui se réveille et qui va, à son tour, perturber la jeune femme. Pendant une bonne partie de sa durée, les événements étranges ont beau se multiplier, The Hole In The Ground va réussir subtilement à jouer l’équilibriste à la lisière de la folie et du fantastique, la réalisation traduira sans cesse visuellement le déséquilibre croissant de la mère au fur et à mesure qu’elle s’enferme dans la certitude que son fils a changé tout en mettant en exergue l’étrangeté de ce dernier. Comme un symbole de cette démarche, à un moment où tout pourrait basculer d’un côté ou de l’autre, la caméra préférera volontairement se détourner d’un élément de preuve qui pourrait affirmer/infirmer trop tôt les dires de Sarah. Et même lorsque le film choisira définitivement son camp, il n’oubliera jamais de mettre en relief ce que représente ce combat sur l’état émotionnel de cette mère amenée à se retrouver inévitablement confrontée à la part d’elle-même qui refuse de guérir du passé. En ce sens, le dernier acte, anxiogène au possible, dévoilera juste ce qu’il faut de la nature de l’ennemi à affronter, sans jamais tomber dans la surenchère démonstrative, comme dans le but de mieux souligner la prédominance du personnage face à une épreuve dépassant l’entendement…
Et puis, dans sa vocation même de nous coller à notre fauteuil, The Hole In The Ground réservera quelques vrais jolis moments de flippe. Bien loin de la mouvance dominante basée sur des jump scare à gogo, le film préférera intelligemment se reposer sur une ambiance étouffante à la fois par son cadre où les teintes sylvestres décolorées paraîtront toujours refléter la dépression qui couve chez son héroïne et par le fait de ne jamais s’écarter de l’engrenage paranoïaque de cette dernière, notamment grâce à des visions très efficaces traduisant cette peur de voir la violence prendre le dessus chez son fils. Ainsi, The Hole In The Ground nous enfermera toujours un peu plus dans le regard inquiet de Sarah jusqu’à ce qu’il surpasse et déteigne sur tout le reste en donnant l’impression au spectateur d’être lui aussi captif de cette situation inextricable. L’excellente prestation de Seána Kerslake sera d’ailleurs un ajout qualitatif non négligeable au succès de l’entreprise.
Alors oui, a priori, The Hole In The Ground paraît arriver un peu après la guerre en mixant l’esprit de « Mr Babadook » à une légende récemment reprise par d’autres films mais ce premier long-métrage de Lee Cronin va rapidement dépasser cette appréhension et faire entendre sa propre voix en se focalisant sur le regard d’une mère terrifiée par un enfant qu’elle ne reconnaît plus. Parfaitement construit dans tout ce que lui offre comme possibilité son discours, The Hole In The Ground en devient peut-être même le film le plus habile à tirer profit de ce mythe à la fois en termes d’horreur et de maîtrise métaphorique. En plus d’une durée courte mais vraiment sidérante de densité (tout donne le sentiment d’avoir été dit pour le mieux en l’espace de 1h30), on ne peut que vous conseiller d’aller jeter un œil sur ce qui se cache dans ce fameux trou…
Par Frédéric Serbource
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