[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Première Année
Père : Thomas Lilti
Date de naissance : 2018
Majorité : 12 septembre 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h50 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Vincent Lacoste, William Lebghil, Alexandre Blazy…
Signes particuliers : Un regard juste, drôle et émouvant sur les étudiants en facs de médecine.
LEBGHIL ET LACOSTE EN FAC DE MÉDECINE
LA CRITIQUE DE PREMIÈRE ANNÉE
Résumé : Antoine entame sa première année de médecine pour la troisième fois. Benjamin arrive directement du lycée, mais il réalise rapidement que cette année ne sera pas une promenade de santé. Dans un environnement compétitif violent, avec des journées de cours ardues et des nuits dédiées aux révisions plutôt qu’à la fête, les deux étudiants devront s’acharner et trouver un juste équilibre entre les épreuves d’aujourd’hui et les espérances de demain.
Après Hippocrate et Médecin de Campagne, l’ancien toubib reconverti en cinéaste qu’est Thomas Lilti poursuit son œuvre d’un cinéma fait de comédies dramatiques tournant autour du monde médical et essayant d’en illustrer avec connaissance et pertinence, les problèmes et/ou petits dysfonctionnements. En cela, Lilti est un peu au cinéma sur la santé, ce qu’Olivier Marchal est au polar sur la police. Avec les mêmes qualités et les mêmes défauts d’ailleurs. Réunissant Vincent Lacoste et William Lebghil en têtes d’affiche, Première Année s’attache au parcours de deux aspirants médecins durant leur (ou leurs) première année en fac de médecine. Une première année qui s’annonce extrêmement difficile, exigeante et exténuante, avec ses montagnes à gravir, ses réussites et ses déceptions, mais aussi ses illogismes.
Comme à son habitude, Thomas Lilti signe un film haut en couleurs, oscillant entre le rire et le sérieux, et s’appliquant avant tout à cerner au mieux le monde qu’il tente de dépeindre, non sans une touchante humanité. Et pour le coup, c’est ici l’évidente réussite de Première Année, long-métrage qui parvient à capter l’attention que l’on soit intéressé ou non par l’univers des facs de médecine et le monde médical en général. C’est la force de toujours de Thomas Lilti, cette capacité à nous ouvrir les portes d’un milieu qu’il connaît par cœur, et à communiquer au spectateur les enjeux et les maux qui le caractérisent. Ainsi, comme les deux héros lancés dans la bataille pour réussir cette impitoyable première année où tant échouent, on se prête vite à entrer dans l’effervescence des mois qui passent comme eux, à stresser pour les exams comme eux, à vivre cette excitation du « ça passe ou ça casse » comme eux, à comprendre les repas avalés en deux minutes, les mémos collés partout dans l’appart, les soirées à potasser et les piles de bouquins qui s’entassent partout. Là où Lilti est fort, c’est dans cette propension à transformer son récit d’école en un thriller à suspens, tout en le ramenant régulièrement à la comédie pure (le film multiplie les scènes très drôles) voire au drame émouvant.Mais à force de labourer ce sillon du monde médical tout en changeant de sujet à chaque fois (les hôpitaux, la médecine de campagne, les facultés), Thomas Lilti s’est un peu enfermé dans un type de cinéma cyclique qui peine à se réinventer d’une œuvre à l’autre. Au point que Première Année passerait presque pour un préquel assumé à Hippocrate. Ainsi et comme pour ses précédents efforts, Première Année a toujours ce même ton, toujours ce même caractère inoffensif, toujours ce même manque d’un petit plus qui l’aiderait à grandir. Malgré son engagement de film en film pour mettre en évidence des problématiques concrètes (ici les incohérences de la méthodologie de sélection en première année de médecine), le cinéma de Thomas Lilti n’a jamais su être vraiment incisif, peut-être parce que cette éternelle légèreté de ton employée comme moyen pour toucher un plus large public, est finalement un frein aux films de l’auteur qui gagnent en accessibilité ce qu’ils perdent en mordant. Comme Hippocrate et Médecin de Campagne avant lui, Première Année est à la fois sympathique, instructif, mas aussi frustrant et inabouti. Reste deux bons acteurs formant un duo complice, une drôlerie qui fait mouche, et cette précision du regard sur ces « P1« , année déshumanisante où les étudiants se transforment en machine à apprendre bête et disciplinée, année de toutes les concurrences acharnées, année de toutes les tensions voire du cynisme (car le malheur des uns fera le bonheur d’autrui), année où l’on se rend soi-même malade en rêvant de soigner un jour. Illogisme disait-on ?
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux