Au menu du ciné-club ce samedi, un classique oublié du cinéma néo-zélandais, la jeunesse de Wim Wenders au cinéma, et un chef-d’œuvre de Blake Edwards.
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UTU
De Geoff Murphy – (1984)
Genre : Aventure – Nouvelle-Zélande
Avec : Anzac Wallace, Merata Mita, Bruno Lawrence
En Blu-ray le 07 mars 2018
Synopsis : En Nouvelle-Zélande, dans les années 1870. Alors que les Anglais viennent de coloniser le pays, un jeune guerrier maori se rebelle contre l’envahisseur…
Utu est un classique oublié. Réalisé par Geoff Murphy en 1984, le film retrace le parcours d’un jeune guerrier maori qui va se rebeller contre l’envahisseur anglais, lequel vient de coloniser sa Nouvelle-Zélande natale. Dans la filmographie assez médiocre du cinéaste, Utu fait figure d’exception. Le réalisateur à qui l’on doit Young Guns 2, Piège à Grande Vitesse ou Fortress 2, avait signé à l’époque le film le plus cher de l’histoire du cinéma néo-zélandais. Après un passage remarqué à Cannes, Utu est devenu un immense succès. Un succès mérité car avec son faux parfum de fresque épique à la Danse avec les Loups et autres Dernier des Mohicans, Utu est une œuvre forte qui quitte rapidement tout lyrisme emphatique pour tourner davantage au drame historique à la lisière du documentaire, emmené par un jeune acteur qui n’avait jamais fait de cinéma auparavant. L’histoire est passionnante, l’ambiance mélancolique, des touches de violence y côtoient des notes d’humour, et le résultat est aussi brillant que puissant. Après avoir disparu des écrans pendant plus de 30 ans à cause d’un conflit entre ses producteurs, Utu réapparait aujourd’hui, dans sa version restaurée éditée par La Rabbia. Et même s’il a un peu vieilli, tant dans le rythme que dans sa mise en scène, le film de Geoff Murphy conserve toujours sa force aventureuse et son côté politique sur le choc des civilisations. Un film à découvrir de toute urgence, grâce à cette première édition Blu-ray dans le monde, où le film est accompagné d’un beau livret de 42 pages et d’un making of de plus de 40 minutes sur le tournage.
RÉTROSPECTIVE WIM WENDERS
De Wim Wenders – (1974-1982)
Allemagne
Sortie au cinéma le 14 mars 2018
En attendant le magnifique Les Ailes du Désir qui sortira en version restaurée fin avril, c’est la « jeunesse » de Wim Wenders qui nous intéresse aujourd’hui avec la reprise de 6 films tournés entre 1974 et 1982. Suite au Festival du Film Restauré qui se tiendra dans les jours prochains à la Cinémathèque, ressortiront en salles les formidables Alice dans les Villes (1974) et L’Ami américain (1977), mais aussi L’Angoisse du gardien de but au moment du penalty (1971), Faux mouvement (1975), Au fil du temps (1975) et L’Etat des choses (1982). Idéal pour se replonger dans l’œuvre der l’un des plus grands cinéastes allemands de son temps.
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ELLE
De Blake Edwards – (1979)
Genre : Comédie – USA
Avec : Dudley Moore, Bo Derek, Julie Andrews, Robert Webber, Dee Wallace…
Synopsis : George Webber, compositeur de musique à succès, a tout pour lui : une belle villa à Beverly Hills, de l’argent et une amie/compagne qui ne demanderait que de vivre une vraie relation avec lui. Mais George est en pleine crise de quarantaine. Tombant instantanément amoureux d’une créature de rêve se mariant, en passant en voiture devant une église, il va la suivre jusqu’au Mexique où elle passe sa lune de miel et faire sa connaissance…
Tout simplement Blake Edwards… La phrase est certes expéditive mais elle pourrait presque suffire à résumer Elle. Chef-d’œuvre à la fois culte, intemporel et méconnu du roi de la comédie américaine, Elle est l’incarnation parfaite du cinéma de Blake Edwards. L’incarnation de son art d’une forme de comédie aujourd’hui révolue, alliant intelligence, subtilité, drôlerie et fine sensibilité. Un style revendiqué aujourd’hui par un Judd Appatow qui n’aura jamais su égaler le style et la maîtrise de Blake Edwards. Avec Elle, le cinéaste entraîne le spectateur dans le tourbillon d’un homme frappé par la crise de la quarantaine. Georges a beau tout avoir, il a l’impression que du haut de ses 42 ans, sa vie est finie, terminée, qu’il n’a plus rien à en attendre. Cet état de désespoir amusant va le conduire à toutes les folies en réaction à la déprime latente. Avec un sens du rythme et du timing parfait tant dans l’écriture que dans la réalisation et les dialogues, et une justesse inégalée dans le regard porté sur son sujet, Blake Edwards signe une comédie entre hilarité, mélancolie et impertinence (l’ami gay, la sex friend). Tout va vite, les dialogues fusent, les situations et les éléments comiques débordent le spectateur de toutes parts à travers des séquences instantanément cultes (la scène du jeu du chat et la souris par téléphone / la scène post-dentiste). En plus d’une délicieuse drôlerie et d’une tendresse douce-amère émouvante, Blake Edwards insuffle à son film, une sensualité débordante via une Bo Derek plus belle que jamais. Une Bo Derek qui va être au centre de l’une des scènes les plus mémorables du cinéma des années 70 : la scène culte de la plage où George observe les petits détails d’un corps tout droit sorti d’un rêve, ces petits détails que l’on remarque, sur lesquels on s’attarde quand le coup de foudre nous transcende, nous emporte… Plus qu’un film, Elle est un remède contre la tristesse ! Seul souci, le DVD est difficile à trouver et la version éditée par Warner au début des années se revend à prix d’or sur des sites comme Ebay ou Amazon. Espérons une réédition un jour…
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A samedi prochain !
Par Nicolas Rieux