Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : The Riot Club
Pères : Lone Scherfig
Date de naissance : 2014
Majorité : 31 décembre 2014
Type : Sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h46 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Sam Claflin (Alistair), Max Irons (Miles), Douglas Booth (Harry), Sam Reid (Hugo), Ben Schnetzer (Dimitri), Matthew Beard (George), Freddie Fox (Guy), Josh Oconnor (James), Olly Alexander (Ed), Holliday Grainger (Toby), Jessica Brown Findlay (Lauren), Natalie Dormer (Rachel)…
Signes particuliers : Comme quelques-uns avant lui, The Riot Club se plaît à s’immiscer dans l’antichambre de la jeunesse dorée de la « Haute » britannique en s’intéressant non sans un ton très grinçant, aux « clubs » qui animent les coulisses de la prestigieuse Oxford. A un club plus précisément…
LE CERCLE DES PETITS GOSSES DE RICHES
LA CRITIQUE
Résumé : Le Riot Club est réservé à l’élite de la nation. Ce cercle très secret d’Oxford fait de la débauche et de l’excès son modèle depuis 3 siècles. Miles et Alistair, deux étudiants en première année, ne reculeront devant rien pour avoir l’honneur d’en faire partie… L’INTRO :
Le succès de la pièce de théâtre POSH de la dramaturge anglaise Laura Wade, n’aura pas échappé au producteur Pete Czernin, intéressé par le regard porté par l’auteure sur cette jeunesse dorée de la haute société que l’on se complaît à observer dans un étrange mélange de fascination malsaine, d’envie et de rejet. Cette classe sociale inaccessible et ses dérives ont toujours inspiré le cinéma ou la littérature, et des planches vers le grand écran, POSH devient The Riot Club sous l’œil de la caméra de Lone Scherfig (Une Education, Italian for Beginners). Laura Wade signe elle-même la transposition de son œuvre alors que devant la caméra, la production aura fait appel à une jeune génération montante de comédiens britanniques talentueux, Max Irons (fils de Jeremy), Sam Claflin (Pirates des Caraïbes 4, Hunger Games), Ben Schnetzer et Freddie Cox (épatants dans Pride), Sam Reid (Serena ou ’71), Douglas Booth (Noé), Holliday Granger (Bel Ami, Jane Eye), Jack Farthing (Blandings) etc… Plus expérimentée, on notera la présence de la belle Natalie Dormer (The Tudors, Hunger Games 3). De Toronto à Dinard, The Riot Club aura se faire remarquer en festivals avant de sortir en salles.L’AVIS :
Sexe Intentions, Les Liaisons Dangereuses, Le Cercle des Poètes Disparus, La Crème de la Crème, autant de films auxquels on pense à un moment ou à un autre, pour une raison ou pour une autre, en regardant The Riot Club, drame cruel teinté d’humour (parfois) qui s’attache aux clubs très fermés qui animent l’existence des petits gosses de riches d’Oxford. A un club surtout, très select, fondé il y a plusieurs siècles sur une philosophie épicurienne amatrice de libertinage, de beuverie, de femmes et de bonne chère et réservé à quelques fils de « grandes familles » choisis sur le volet. Ils sont beaux, ils sont fortunés, ils sont inconséquents, ils sont arrogants, ils se croient supérieurs… The Riot Club infiltre, tel un membre à part entière, le petit monde auto-exclusif de ces nantis à la fois amusants et effrayants, pour une peinture acerbe et cruelle de cette jeunesse dorée enfantée par l’aristocratie au comportement trash, cynique et dédaigneux. La thématique n’a rien de nouvelle en soi mais Lone Scherfig va s’efforcer de l’embrasser d’une manière différente pour conférer à son film une entité propre qui justifiera son existence.
Là où The Riot Club essaie d’aller plus loin que le simple portrait de ce milieu mystérieux en pointant du doigt cette jeunesse qui se comporte si mal sans jamais réaliser son horreur, c’est que Lone Scherfig s’efforce de présenter cette « élite » constituée de vacuité, de prétention et d’arrogance, dans son immédiateté tout en y associant l’idée pleine d’ironie qu’elle est appelée à s’insérer dans tous les hauts postes des plus hautes sphères de la société. La question est alors de voir en quoi leurs idéaux, ce qu’ils sont et ce qu’ils représentent à cet âge inconséquent, perdurera dans leur personnalité future, la façon dont tout cela va déterminer ce qu’ils deviendront ultérieurement. Ce que l’on retrouve chez ces jeunes n’est finalement qu’un miroir de ce que l’on retrouvera chez eux dans 20, 30 ou 40 ans. Cynisme, vilenie, orgueil, supériorité, pouvoir, argent, mépris… The Riot Clubs est une peinture grinçante à un âge déterminant, mais qui amène vers une réflexion plus globale sur le devenir de ces personnages à la fois fascinants et terrifiants.
La réalisatrice se défend d’une quelconque volonté de juger ses personnages. Mais ce parti pris était faussé des le départ. Oui, The Riot Club juge, d’une certaine manière, par sa structure et son déroulé, même s’il essaie d’amener un peu de nuances à son propos. Ce petit groupe drolatique au départ, finit par devenir effrayant lorsque les masques tombent, lorsque ces héros d’une sorte de Cercle des Poètes Disparus version trash-libertin dévient en dépassant les limites de la morale et de la décence, aveuglés par leur égocentrisme et leur esprit cynique de supériorité mal placé mais enraciné. Drame sur un « jeu » qui va trop loin, The Riot Club n’offre rien de nouveau dans son canevas ou son propos, il pourra même parfois paraître un peu vain sur le fond, enfonçant des portes ouvertes par d’autres avant lui, ce qui lui confère une certaine prévisibilité artificielle. Mais malgré ça, Lone Scherfig parvient à fasciner, à troubler, à intéresser. Et l’on s’étonne finalement de s’attacher à ces personnages énervants de premier abord, presque pathétiques au second. The Riot Club ère entre la comédie dramatique, le drame pur, le thriller social, le film politique… Pas toujours adroitement, peut-être car la cinéaste ne cristallise pas au mieux ses enjeux, peut-être parce qu’elle freine l’élan trash de son long-métrage, atténuant aussi bien le rire que le drame et le choquant. Il manque un petit quelque-chose qui aura fait la différence, qui aurait transcender ce The Riot Club. Mais s’il ne marquera pas ni par son propos ni par la façon dont il le présente, et s’il ne s’imposera pas comme un choc horrifiant, reste une œuvre sincère et curieusement, divertissante.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux