Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Death Race (aka Death Race 2000 ou Les Seigneurs de la Route)
Parents : Paul Bartel
Livret de famille : David Carradine (Frankenstein), Sylvester Stallone (Jo Viterbo), Mary Woronov (Calamity Jane), Martin Kove (Nero), Simone Griffeth (Annie Smith), Roberta Collins (Matilda), Louisa Moritz (Myra), Joyce Jameson…
Date de naissance : 1975
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h24 – 300.000 $
Signes particuliers (+) : Une allégorie magistrale caché derrière un script délirant. Fun, fou, généreux et jubilatoire. Des futures stars à leurs débuts. Un film courageux, féroce, amoral et couillu.
Signes particuliers (-) : A peut-être un poil vieilli plastiquement.
SUPER MARIO KART : GORE ÉDITION
Résumé : Comme chaque année, le gouvernement totalitariste américain organise une grande course nationale suivie par des millions de personnes. Quelques bolides s’élancent pour traverser le pays avec comme but de marquer des points en écrasant des gens. Révolté, un groupe de révolutionnaires fait tout pour saboter la compétition…
Réalisé par Paul Bartel sous l’égide des productions Roger Corman, La Course à la Mort de l’an 2000 est un petit joyau du cinéma sans argent mais débrouillard des années 70. L’illustre producteur qui a lancé les plus grands, conformément à sa recette traditionnelle du « un max d’ambition et d’inventivité pour le moins de pognon possible » donne sa chance au jeune Paul Bartel (Cannonball), déjà auteur d’un premier film produit par son frère Gene Corman, pour signer une espèce de film d’aventure et d’action futuriste (et limite post apocalyptique) proche du Rollerball de Jewison sorti quelques mois plus tard et du Mad Max de Georges Miller, à base de bolides tunés s’affrontant dans une course impitoyable à travers les États-Unis. La jeunesse et le talent, c’est ce qu’a toujours revendiqué le Corman producteur et du coup, pas étonnant de retrouver dans ce petit budget de 300.000 dollars, de futures stars de légende alors à leurs débuts, ici, David Carradine et Sylvester Stallone. Death Race 2000 est du coup un petit bijou sorti de ses usines et l’un des plus cultes au passage. Budget minimaliste, jeunes acteurs, un real débutant mais avant tout, du talent, de l’inventivité, de la malice, de la générosité habile et bien sûr, ce petit coté irrévérencieux savoureux ici fortement mis en avant par un script à l’idée surréaliste d’amoralité corrosive et d’impertinence, défiant la bonne morale puritaine américaine !
La Course à la Mort de l’an 2000, c’est une course culte suivie par des millions d’américains mettant aux prises des bolides pilotés par des fondus du cerveau où la mort rapporte des points ! Mais pas n’importe quelle mort. Écraser des piétons est un gage de remonter au classement sauf qu’il vaut mieux bien choisir ses cibles. Un homme ne rapporte pas énormément mais une femme, c’est 10 points de glanés alors que les enfants valent 40 points et les vieillards étant le pactole idéal avec 100 points ! Si ça c’est pas couillu ! Sur la ligne de départ, le vénéré Frankenstein (Carradine), star de ce sport trash, mutilé par toutes les courses passées, son éternel rival, sorte de Poulidor énervé d’être toujours dans son ombre, Joe Viterbo (Stallone) à la rage croissante puis la belle Calamity Jane, l’effacé Néro et la surréaliste Matilda, représentante de l’Allemagne nazie affichant fièrement sa croix gammée ! Tous sont des concurrents sérieux à cette course marquée par des problèmes d’attentats d’un groupe de révolutionnaire souhaitant l’abolition de cette boucherie barbare scandaleuse.
La Course à la Mort de l’an 2000 fleure bon le film seventies à tendance psychédélique, malin comme le diable. Paul Bartel, bien formé selon la méthode Corman, use d’ingéniosité pour faire beaucoup avec trois fois rien. Quelques vieilles bagnoles déglinguées customisées pour caractériser leur pilote entre un voiture-taureau, une voiture-fusée, une voiture-lion etc., des pots de peinture pour faire du sang sur les passages gores d’écrasement sans pitié et c’est parti pour un carnage d’1h30 jubilatoire où les cascades et les cadavres vont s’enchaîner au rythme des moteurs qui vrombissent en roulant à 200 a l’heure à travers les States et d’un humour corrosif jouissif porté par le délirant de cette entreprise audacieuse reculant devant aucun tabou.
La Course à la Mort de l’an 2000 est fun et avec ses moyens limités, la méthode Corman jaillit dans toute sa splendeur. Pas besoin de millions pou faire ultra-fun et généreux et le film de Bartel va être spectaculaire et palpitant. Un vrai régal qui doit sa notoriété culte pour un point essentiel, son fond. Car contrairement à bon nombre d’insipides série B inintéressantes, La Course à la Mort de l’an 2000 est redoutable de sens. Critique acide des dérives d’une Amérique et de sa violence, notamment exaltée par les médias se délectant du scandale voyeuriste (à l’image des Running Man), il est une piqûre de rappel des dangers nous conduisant tout droit à un retour aux jeux du cirque où les plus faibles seront les premières victimes. Visionnaire à son époque, il pouvait prêter à sourire et pourtant, il préfigure la télé-réalité d’aujourd’hui de plus en plus scandaleuse. Et ce genre d’œuvres, tout comme Running Man, Rollerball ou le français Le Prix du Danger n’était finalement pas si bête. D’ailleurs, Hollywood ne s’y est pas trompé en en faisant un remake, calamiteux soit dit en passant, en 2004 par Paul WS Anderson. Mais le genre de cette version reste inégalable, proportionnellement à ce qu’elle ose et qui serait compliqué à reproduire aujourd’hui.
Bande-annonce :
1975 – Course a la mort de l'an 2000 – Paul Bartel par Altanisetta