Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : August : Osage County
Mère : John Wells
Livret de famille : Meryl Streep (Violet), Julia Roberts (Barbara), Ewan McGregor (Bill), Juliette Lewis (Karen), Benedict Cumberbatch (Charles Jr), Chris Cooper (Charles Sr), Abigail Breslin (Jean), Julianne Nicholson (Ivy), Margo Martindale (Mattie), Sam Shepard (Beverly), Dermot Mulroney (Steve)…
Date de naissance : 2013
Majorité : 26 février 2014 (en salles)
Nationalité : USA
Taille : 2h01 / Poids : 25 millions $
Signes particuliers (+) : Une élégante comédie dramatique sur la famille portée par un casting 5 étoiles où les talents rivalisent de gloire. John Wells compose une galerie de personnages finement étudiés et alimentant une plongée intimiste sur l’échec familial.
Signes particuliers (-) : Rien de neuf sous le soleil diaphane du registre. Osage County est un beau film à Oscars agréable et remplissant sa tâche tout en dégageant ce parfum de déjà-vu ailleurs et de sur-écriture caractérisée piégeant le naturel de son histoire dans une forme de facilité codifiée. Tant thématiquement que stylistiquement, l’effort de John Wells est parfaitement cousu au nylon d’un certain cinéma « indé » qui fait encore mouche sur une partie de la critique et du public mais pour encore combien de temps ?
ON NE CHOISIT PAS SA FAMILLE
LA CRITIQUE
Résumé : En famille, on se soutient. En famille, on se déchire… Suite à la disparition de leur père, les trois filles Weston se retrouvent après plusieurs années de séparation, dans leur maison familiale. C’est là qu’elles sont à nouveau réunies avec la mère paranoïaque et lunatique qui les a élevées. A cette occasion, des secrets et des rancœurs trop longtemps gardés vont brusquement refaire surface…
L’INTRO :
Producteur chevronné, notamment de séries télé (il était des débuts de Urgences), John Wells a travaillé sur quelques longs-métrages sentir monter en lui l’envie de tâter directement la caméra. En 2010, il signe l’apprécié The Company Men avec Ben Affleck, Kevin Costner ou Tommy Lee Jones et se révèle être un auteur aux facultés parfaitement taillées pour aller chercher un jour un Oscar avec ce genre de petit film plus ou moins indépendant construit sur la sensiblerie artificielle et une recherche préconçue de l’émotion par des histoires calculées comme telles et offrant de beaux à contre-emploi (ou pas) à des comédiens qui peuvent ainsi profiter de leur « quart d’heure de gloire » devant une caméra qui les met en valeur. Oui mais non, pas comme Guillaume Canet, on vous a entendu le monsieur au fond de la salle là-bas…
L’AVIS :
Avec Un Eté à Osage County, John Wells récidive dans le drame mâtiné de comédie à tendance émouvante. Jugez un peu. Une famille dispersée se réunit suite à la disparition du père, laissant seule une mère profondément dépressive et bourrée de médicaments. Ces tristes moments passés ensemble vont osciller entre tendresse et petites vacheries acerbes alors que les non-dits éclatent. Et pour mieux coller à la route vers les Oscars, un casting aussi étincelant que balisé. Meryl Streep en mère acariâtre, folle et cancéreuse parce que la caution larmoyante est crédible, Julia Roberts en fille la tête sur les épaules parce qu’à plus de cinquante temps, il est temps pour elle d’aller rechercher ce genre de rôles forts et plus ou moins à contre-emploi, Sam Shepard parce qu’il est bon et charismatique et que ça fait bien, Ewan McGregor parce que c’est toujours bien d’avoir du populaire apprécié, Benedict Cumberbatch parce qu’il est à la mode, Chris Cooper parce que… pourquoi pas, Abigail Breslin parce que quitte à avoir une ado, autant qu’elle soit douée ou encore Juliette Lewis parce que tout le monde l’aime bien en fait. On est bon, reçu 5/5, Osage County sera bel et bien de la partie aux prochains Oscars.
Après avoir traité de l’échec professionnel, John Wells évoque l’échec familial avec un drame programmé pour être bouleversant mais néanmoins mâtiné de moments de comédie fine. Le cinéaste réussit son affaire avec cette belle histoire tour à tour drôle ou cinglante, au rythme des beaux moments ou des querelles familiales empreintes de noirceur quand elles font ressurgir de vieux démons nourris aux rancœurs amères et aux mauvais secrets enfouis, le tout sous un ciel lointainement crépusculaire. On assiste à la réunion puis au délitement familial, entre humour noir et ironique et séquences mélo « poignantes » avec une certaine distance narrative et stylistique vis-à-vis du récit et des personnages alors que tout est cadenassé pour trouver une certaine efficacité du genre en répondant aux codes qui généralement habite le registre. Point d’excès caricaturalement hollywoodiens mais point de pudeur réellement respectable non plus et le film de tomber dans les clichés de la marge dans laquelle il s’inscrit, ceux d’un cinéma faussement indépendant mais à la démarche finalement plus cynique qu’il n’y paraît.
Car Osage County n’invente finalement pas grand-chose et se contente d’œuvrer dans la redite d’un style que l’on ne connaît que trop bien. C’est propre, c’est beau, c’est bien écrit et bien réalisé, mais en substance, il ne reste pas vraiment matière à se souvenir d’un film comme on a l’impression d’en avoir que trop vu. John Wells essaie d’amener une réflexion sur la famille, sur le deuil, sur le rôle de mère, sur la posture des enfants, sur les droits et le devoir à l’égard de ses proches, mais de cette petite œuvre qui essaie de discourir sur l’unité familiale, sur l’amour des siens au-delà des chamailleries typiques à toute famille, laisse un sentiment d’artificialité dans sa conception qui en contrarie l’émotion brute. On souhaiterait se laisser emporter par cette étourdissante plongée dans les eaux troubles d’un clan finalement semblable à mille autres, entre amour et épineuses rivalités sur fond de poids morts des souvenirs aigres, mais malheureusement, Osage County prend des œufs montés en neige de façon scolaire avant de retomber par manque d’âme, de caractère et d’originalité, sans jamais trouver ce petit ingrédient qui le ferait décoller au-delà de sa naïveté. Mais que cela ne nous empêche pas de souligner l’excellente prestation d’une distribution des grands soirs où les talents rivalisent (excellent Benedict Cumberbatch, magnifique Julia Roberts) à l’ombre d’une grande Meryl Streep gracieusement cabotine dans un huis-clos familial qui par moments, a son charme.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux