Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : 3096 Tage
Mère : Sherry Hormann
Livret de famille : Antonia Campbell-Hughes (Natasha Kampusch), Thure Lindhardt (Wolfgang Priklopil), Amelia Pidgeon (Natasha jeune), Trine Dyrholm (Brigitta)…
Date de naissance : 2012
Majorité : indéterminée
Nationalité : Allemagne
Taille : 1h50
Poids : Budget NC
Signes particuliers (+) : Un biopic dramatique de l’un des faits divers les plus mondialement médiatisé de ces dernières années, correctement emballé et globalement assez sobre. On en retiendra surtout la prestation de la prodigieuse Antonia Campbell-Hughes, qui donne considérablement de sa personne.
Signes particuliers (-) : Reste la question de l’intérêt réel du film, d’autant qu’il retranscrit son histoire sans intentions autres que la simple mise en image de l’anecdote. Une démarche un peu perverse.
LA CAVE DE L’ANGOISSE
LA CRITIQUE
Résumé : Le récit des 3096 jours de captivité de la jeune autrichienne Natascha Kampusch, enlevée à l’âge de dix ans et séquestrée dans la cave de Wolfgang Prikopil pendant huit ans…
L’INTRO :
Cinéaste en activité depuis maintenant plus de trente ans, l’américaine Sherry Hormann a acquis une solide réputation en Allemagne où elle a immigré avec ses parents à l’âge de six ans. Cinéma, télévision, décoratrice, scénariste ou réalisatrice, cette metteur en scène touche à tout et engagée pour les droits de la femme a enchaîné quelques jolis succès d’estime comme The Silent Shadow ou le drame biographique Fleur du désert sur Waris Dirie. C’est presque logiquement que lui est revenu un autre drame biographique encore dans toutes les mémoires, l’adaptation de l’affaire Natasha Kampusch, cette jeune autrichienne dont le cauchemar a connu un tour du monde médiatique. Pour rappel, Natasha Kampusch, c’est cette fillette de dix ans enlevée en 1988 par Wolfgang Priklopil et séquestrée dans son sous-sol jusqu’en 2006, date à laquelle elle est parvenue à s’échapper.
Pour incarner Natasha Kampusch, la réalisatrice a retenu la candidature de la jeune actrice irlandaise Antonia Campbell-Hugues, vue dans Storage 24 ou Bright Star, et qui a perdu plus de 18 kilos pour se façonner un corps décharné d’anorexique. Son tortionnaire est quant à lui interprété par le danois Thure Lindhardt vaguement vu dans Into the Wild, Anges et Démons, Fast and Furious 6 ou prochainement Byzantium. Ce presque huis-clos éprouvant est basé sur les récits de Natasha Kampusch qui a raconté à de multiples reprises son drame à la télévision puis dans un livre.
Parce que le cinéma n’a désormais plus aucune limite en terme de pudeur et de morale, l’authentique calvaire de Natasha Kampusch se retrouve donc sur grand écran par un drame glauque tant dans ce qu’il raconte que dans sa démarche créative. La première question qui vient en tête est en rapport avec l’intérêt de ce genre d’œuvre pas loin du malsain rebutant. Film pour divertir ? Certainement pas. Film pour informer et rendre compte de l’horreur de cette histoire ? Probablement, mais le seul souci, c’est qu’il nous semble que l’affaire Kampusch a suffisamment fait le tour du monde et monopolisé l’attention des médias pour que l’on soit au fait de cette tragédie humaine. L’histoire de la jeune femme est terrible, certes, mais on avait bien saisi. En faire un film était-il donc absolument nécessaire ?
Au-delà du fait que son existence même interpelle, 3096 Jours est un long-métrage difficile à juger et à appréhender. Sherry Hormann se contente de raconter avec un grand détachement vis-à-vis de son sujet, la cruauté du drame vécu. Sobre, la cinéaste relate les grandes étapes de cette captivité en montrant juste ce qu’il faut pour en saisir la teneur, atténuant au passage les parties les plus dures car « il ne s’agit pas d’un film d’horreur » comme l’explique la véritable Natasha Kampusch, avant d’affirmer se « retrouver dans cette adaptation ». 3096 Jours n’est concrètement ni bon ni mauvais, bien au contraire, pour reprendre plus ou moins la formule d’un film de Klapisch. Le travail exécuté est propre, même si parfois un peu trop téléfilmé, l’interprétation est brillante, que ce soit du côté de la mignonne Campbell-Hugues en pauvre petite chose chétive et craintive ou de Thure Lindhardt tout en névrose bipolaire. Reste seulement un film dont on se demande au final l’utilité profonde si ce n’est de satisfaire une forme de voyeurisme pervers, soutenue et alimentée par sa démarche sans réelle intentions autres que l’illustration du fait divers.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux