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3 COEURS de Benoît Jacquot
Critique – Sortie DVD/Blu-ray

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012839.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxMondo-mètre
note 6.5 -10
Carte d’identité :
Nom : 3 Coeurs
Père : Benoît Jacquot
Date de naissance : 2014
Majorité : 28 janvier 2014
Type : Sortie DVD, Blu-ray
Nationalité : France
Taille : 1h46 / Poids : Budget NC
Genre : Drame, Romance

Livret de famille : Benoît Poelvoorde (Marc), Charlotte Gainsbourg (Sylvie), Chiara Mastroianni (Sophie), Catherine Deneuve (la mère)…

Signes particuliers : La vie, l’amour, une question de hasard, de timing, de choix… Benoît Jacquot livre un drame fort et bouleversant sur un triangle amoureux déchiré et déchirant.

LA TRIANGULAIRE DE L’AMOUR

LA CRITIQUE

Résumé : Dans une ville de province, une nuit, Marc rencontre Sylvie alors qu’il a raté le train pour retourner à Paris. Ils errent dans les rues jusqu’au matin, parlant de tout sauf d’eux-mêmes, dans un accord rare. Quand Marc prend le premier train, il donne à Sylvie un rendez-vous, à Paris, quelques jours après. Ils ne savent rien l’un de l’autre. Sylvie ira à ce rendez-vous, et Marc, par malheur, non. Il la cherchera et trouvera une autre, Sophie, sans savoir qu’elle est la sœur de Sylvie…3 coeurs L’INTRO :

Grand artisan du cinéma français souvent rapproché de Robert Bresson même si lui préfère se revendiquer de la rigueur de Carl Dreyer, Benoît Jacquot signe avec 3 Coeurs son 21eme long-métrage, deux après le magnifique Les Adieux à la Reine. Après plusieurs années passées dans le cinéma historique à filmer des personnages féminins, le cinéaste change d’époque et de figures, s’intéressant à un protagoniste masculin dans une époque contemporaine. Avec le mélodrame Trois Cœurs, il imagine un triangle amoureux déchirant, un amour naissant entre homme et une femme au cours d’une déambulation nocturne improvisée, un second rendez-vous raté par un triste concours de circonstance, deux vies qui se refont chacune de leur côté et des retrouvailles terribles, son « héros » mélancolique ayant sans le savoir, épousé la sœur de celle qu’il n’a jamais oublié, portant encore les stigmates de la frustration de cet amour éternellement manqué… Ce trio devant la caméra du cinéaste, c’est d’une part Benoît Poelvoorde, dans un rôle à contre-emploi des nombreuses comédies dans lesquelles se complaît l’acteur populaire belge, et de l’autre, le couple de « sœurs » fusionnelles Charlotte Gainsbourg et Chiara Mastroianni.546521.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

L’AVIS :

Avec ses airs de tragédie shakespearienne abattant la carte d’un jeu de hasard improbable, l’histoire développée par 3 Cœurs a tout de la mauvaise pièce narrativement poussive et tirée par les cheveux. Pourtant, la romance dramatique frustrante de Benoît Jacquot fonctionne au-delà de la raison, au-delà de la crédibilité, au-delà de la fiction, du temps et de la passion. Portée par une tension émotionnelle suffocante, renforcée par une lourde musique solennelle de circonstance, Trois Cœurs oppresse, terrifie même, alors que se dessine sa glaçante mécanique opératique à la fois simple comme les stupides malheurs de la vie et complexe comme les sentiments amoureux les plus renversants. Inspiré du cinéma dramatiquement romanesque d’un Douglas Sirk, Trois Cœurs est un énième témoin du talent de son auteur, virtuose dès qu’il s’agit de dépeindre les bouleversements intérieurs de personnages écartelés, confrontés à la puissance de sentiments contrariés par le destin.543103.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

A la force d’une maîtrise impressionnante pour porter à un haut seuil de lourdeur émotionnelle, ce mauvais tour du destin horriblement insoluble dans lequel l’amour s’entrechoque avec l’écartèlement d’une situation impossible et inextricable, Trois Cœurs étourdit, immerge, anéantit. La magie d’une rencontre croise la route de la douleur existentielle dans un drame qui fait mal, fonctionnant grâce à une subtile empathie pour chacun des impliqués dans ce triangle désespérément fataliste. Passer à côté du bonheur et de sa vie ou détruire des innocents, foncer tête baissée vers le bonheur ou se préoccuper des conséquences quitte à en souffrir, 3 Cœurs questionne en permanence en brassant des thématiques certes éculées, sur la fragilité des sentiments, les regrets et les loupés de l’existence quand le mauvais timing s’invite à la fête funèbre. On est probablement tous passé un jour ou l’autre par cet état d’écartèlement moral entre les choix proposés par un carrefour sentimental où chaque voie propose son lot de confort, d’affect et de douleur. Au final ? Personne ne peut ressortir indemne de ce sale tour joué par la vie, magnifié par un trio de comédiens bouleversants.529822.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

Le film de Benoît Jacquot est une odieuse merveille, une œuvre émotionnellement tendue comme un arc, dont le pouvoir tragique est littéralement incarné par un Poelvoorde grandiose de nuance, être que l’on devine malheureux, puis satisfait par résignation, avant d’entamer une lente déchéance vers le bord d’un précipice aux allures de mort cardiaque par chagrin. Si quelques mauvais choix comme le recours à une voix off intermittente parasite parfois la splendeur grésillante de cette œuvre épurée entièrement braquée sur ses personnages et son émotion, reste que Trois Cœurs nous abandonne dans un intense sentiment de désarroi résonnant d’un sombre réalisme des sentiments qu’il convoque.

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

2 thoughts on “3 COEURS de Benoît Jacquot
Critique – Sortie DVD/Blu-ray

  1. Bonjour Louis et merci pour ton message. 😉
    Je vois ce que tu veux dire pour la confrontation. Mais je crois que Jacquot a surtout voulu s’attacher au tiraillement intérieur du personnage, paumé entre deux voies et qui ne sait pas laquelle choisir. Finalement, cette confrontation redoutée n’était pas tellement son sujet donc il l’a laissé de côté. Son sujet central, c’est plus un homme coincée entre deux femmes.

  2. Très bonne critique ! Bien que je n’ai personnellement pas vraiment aimé 3 Cœurs, tu as presque réussi à me faire changer d’avis tant tu écris bien, c’est épatant 🙂
    Moi aussi j’ai vraiment été intrigué par l’histoire de base, avec ses airs de tragédie shakespearienne comme tu dis. J’ai donc beaucoup aimé la première partie, où l’histoire s’installe petit à petit. C’est un peu après que mon engouement pour Trois Cœurs a commencé à diminuer… Lorsque l’histoire a en fait commencé à manquer de réalisme. Après cette introduction très réussie, j’attendais une confrontation ou une explication, n’importe quoi qui aurait pu aider à faire avancé l’histoire. Mais même pas. La musique stressante (énormément utilisée tout au long du film) n’est en fait qu’un canular étant donné que le moment dramatique qu’elle était censé annoncer n’arrive jamais ! Au lieu de ça la situation s’étire interminablement et fini par montrer des facettes incohérentes des personnages. (C’est à cause de l’amour ? Oui mais bon…) On a même le droit à une sous intrigue quasiment inutile avec le maire pour passer le temps ! Bref, je m’attendais à voir une famille partir en vrille à cause d’une histoire d’amour et je n’ai finalement vu que les prémices d’une confrontation. C’est donc pour moi une déception… D’autant plus que le casting était excellent !

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