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WAR OF THE WORLDS de Rich Lee : la critique du film [Prime Video]

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Nom : War of the worlds
Père : Rich Lee
Date de naissance : 30 juillet 2025
Type : Dispo sur Amazon Prime Video
Nationalité : USA
Taille : 1h21 / Poids : NC
Genre : SF

Livret de Famille : Ice CubeEva LongoriaMichael O’Neill

Signes particuliers : Nul ? Nooooon, pire que ça.

Synopsis : Will Radford est un expert en cybersécurité au sein de la Sécurité intérieure. Il passe ses journées à traquer les menaces potentielles. Mais une attaque menée par une entité inconnue l’amène à se demander si le gouvernement ne lui cache pas quelque chose… ainsi qu’au reste du monde.

 

PLANQUEZ-VOUS !

NOTRE AVIS SUR WAR OF THE WORLDS

Après la mode du found footage, celle du film d’écrans. Plus clairement, on parle de ces films high-concept où toute l’action se suit par le biais d’écrans d’ordinateurs, de téléphones, de webcams, de tchats, d’onglets ouverts… A ce petit jeu, le réalisateur russe Timur Bekmambetov est presque devenu un expert. Également producteur quand il n’est pas trop occupé à signer des nanars bourrins à faire passer Paul W.S. Anderson pour Kubrick (Wanted, Abraham Lincoln chasseur de vampires, l’affreux Ben-Hur de 2016), le bonhomme a produit les Unfriended, Searching ou Missing : Disparition Inquiétante, tous des thrillers dont l’action se déroulait entièrement à travers le prisme d’écrans, jouant plus ou moins astucieusement avec les possibilités de ce nouveau langage cinématographique en terme de montage, d’isolement des personnages et de multiplication des onglets/écrans. Mais parce qu’il est gourmand le Bekmambetov, le voilà qui a voulu voir très grand en tentant d’adapter… La Guerre des Mondes d’H. G. Wells ! On se doutait bien que le résultat n’allait pas ressembler au chef-d’œuvre de Spielberg mais on n’était loin d’imaginer l’ampleur du carnage. Et ce, même si un bref coup d’œil au casting mettait un peu la puce à l’oreille (Ice Cube et Eva Longoria en têtes d’affiche, ça fleurait pas bon le blockbuster ultra-ambitieux).

Néanmoins, le machin restait intriguant. Suivre une invasion extraterrestre à travers les multiples écrans d’un expert du département de la sécurité intérieure chargé de traquer les cybermenaces, titillait l’idée de revisiter le classique de la littérature SF autrement, à la sauce moderne diront certains. Avec un peu de malice et de créativité, le pari aurait pu fonctionner du haut de son ressort associant l’impuissance d’un homme enfermé contre l’attaque mondiale globalisée qui se joue dehors. Mais voilà, Universal a préféré se débarrasser du bousin (initialement destiné aux salles de ciné) en lui trouvant une porte de sortie sur Prime Video. Ok, définitivement le truc puait du fiac. Mais on était encore loin de mesurer à quel point les effluves allaient être douloureuses.
On se demande encore s’il faut en rire ou en pleurer. Ancien spécialiste des effets spéciaux qui a eu l’occasion de collaborer sur la pré-production de gros mastodontes tels que Minority Report ou Pirates des Caraïbes, Rich Lee est probablement un bon gars en soi. Néanmoins, il restera sûrement longtemps associé à l’un plus gros crimes contre le cinéma de l’année 2025. Sa « Guerre des Mondes » n’est pas une purge, c’est au-delà, le genre de films évoluant dans un monde où la nullité n’est plus quantifiable. Pourtant, encore une fois l’idée était bonne. Et les pistes explorées par la mise en scène en avaient sous le coude. Plutôt que de tout montrer, War of the Worlds pouvait se permettre de jouer la suggestion, de révéler par petites touches, d’en montrer peu mais bien. Un peu comme quand Gareth Edwards avait osé faire un Godzilla en montrant très peu son lézard géant. Sauf que le film sort un calibre 12 et se tire une bardée de balles dans son pied-bot jusqu’à pisser le sang et mourir d’hémorragie.

Déjà, règle numéro un du cinéma, quand on n’a pas de budget, on truque, on ruse, on contourne, on fait malin. Chaud-bouillant qu’il était, Rich Lee, lui, veut montrer. Tout. Résultat, son film déclenche vite l’hilarité avec ses effets spéciaux aussi claqués au sol que ceux d’une sale production discount de chez Asylum. À se demander s’ils n’auraient pas été intégrés en post-prod via une vulgaire appli Android. Que c’est cheap ! Que c’est laid ! Que c’est nul ! Et puis il y a le scénario… Tout minimaliste qu’il soit généralement sur les films high-concept, il est impératif d’en bétonner les bases pour l’édifice tienne sur des fondations solides. Mais là, on navigue entre les eaux du ridicule ascendant n’importe quoi. Dans le monde de Rich Lee, toute la bureaucratie américaine est composée de 4-5 personnes qui se courent après. La sécurité intérieure, c’est deux personnes (notre héros et son chef), la NASA, c’est une scientifique intrépide qui part elle-même sur les lieux des catastrophes our voir ce qu’il se passe (alors qu’elle est en liaison avec un gars qui a des caméras partout hein). Et puis il y a le président et son vice. Et basta, on dira que ça suffit. Bah non, ça suffit pas en fait. A vouloir être économe, on franchit la barrière de la crédibilité acceptable. Une crédibilité déjà entamée par des couches de facilités grotesques et par une idée de temps réel qui ne colle pas du tout à ce que le film montre et raconte (en 1h20, les Aliens déboulent, détruisent et le monde s’organise et riposte).

Archi-moche et viscéralement débile, War of the Worlds se cherche un bon point. Il ne viendra certainement pas de la distribution, à la hauteur de la médiocrité ambiante. Seul face à son fond vert, Ice Cube en fait des tonnes avec son jeu limité censé pourtant tenir toute l’entreprise sur sa seule expressivité (et il nous offre une vaste galerie de mèmes à mourir de rire allant du « noooooo » au « whaaat » en passant par le « Oh my god ») tandis qu’Eva Longoria ne semble même pas savoir ce qu’elle joue. Si tant est que l’on puisse appeler ça « jouer ».

Reste le discours ? Tout le film semble bâti sur une alerte complotiste dénonçant la gestion de données personnelles, extirpées, décortiquées, analysées et exploitées par nos gouvernements inquisiteurs qui nous mentent. Nous, autres pauvres humains lambdas, sommes loin d’imaginer à quel point Big Brother nous surveille de près et utilise nos moindres faits et gestes. Avec ce propos torturé narrativement jusqu’au risible (entre notre MacGyver de l’informatique capable de toutes les prouesses en dix secondes et des tripodes belliqueux qui s’attaquent direct à nos data-center), Rich Lee n’invente pas grand-chose et nous rabâche puissance XXL ce que l’on sait déjà. Mais on aurait bien voulu croire à sa naïve honnêteté… si le film ne nous tabassait pas de placements de produits hypocrites à gogo, pour Tesla, pour Facebook, pour -et surtout pour- Amazon ! On ressort de cette courte et intense expérience avec le cerveau en vrac, cuit comme une fricadelle, ébouillanté par la nullité ambiante, grillé par la maxi-connerie permanente, et cramé par un montage hystérique en surchauffe. Bordel, faut le voir pour le croire…

 

Par Nicolas Rieux

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