Mondociné inaugure un nouveau rendez-vous hebdomadaire à venir désormais tous les samedis. Le « Wall Ciné Pictures » c’est un coup de projecteur sur trois films, anciens ou récents, connus ou méconnus, d’ici ou de là-bas. Histoire de se balader ensemble dans l’incroyable vivier du septième art, et peut-être, de vous faire connaître, redécouvrir ou donner envie de voir ou revoir, tout un tas de films ! Escale n°1, focus sur Friday Night Lights le film, l’asiatique Héros de Guerre et la vieille série B d’épouvante-SF It, The Terror from Beyond Space.
FRIDAY NIGHT LIGHTS
De Peter Berg – 2004
Genre : Drame, Sport
Avec : Christian Kane, Billy Bob Thornton, Lucas Black, Connie Britton, Jay Hernandez, Derek Luke, Garrett Hedlund, Amber Heard…
USA – 1h57
Synopsis : Friday Night Lights relate les aventures d’une courageuse équipe d’amis, les Permian High Panthers, l’équipe du football américain qui a connu le plus grand succès de l’histoire du Texas. Pour les jeunes hommes de l’équipe, chaque match est une chance de transcender leur petite ville et leur rêve éphémère de gloire sur le terrain, dont l’apogée doit être atteint avant qu’ils n’aient 18ans. Le film dépeint un portrait fort d’Odessa et de ces autres villes aux États-Unis, où une fois par semaine en automne, la ville et ses espoirs prennent vie sous les projecteurs éblouissants du vendredi soir.
On connaît la série, curieusement un peu moins le film à sa source. Adapté d’un roman de H.G. Bissinger, Friday Night Lights est la première marche d’une grande aventure pour le cinéaste Peter Berg et pour le public mis en orbite sur le chemin d’une œuvre extraordinaire. En 2004, l’auteur de Very Bad Things se lance dans cette fabuleuse histoire mêlant passion, destinée et dévotion de toute une ville vivant au rythme des matchs de football américain de son équipe universitaire, ces fameux « friday night » où toute la population locale se tourne vers le stade pour soutenir leurs minots. Avec beaucoup de justesse et de sensibilité, Peter Berg brossait un subtil portrait social et anthropologique de la jeunesse américaine et de l’Amérique en général, le football devenant une toile de fond pour parler de choses plus vastes et importantes : la jeunesse désœuvrée, coincée dans une Amérique à deux vitesses, où le football est un moyen pour s’exprimer, s’affirmer, s’extraire des problèmes du quotidien, trouver un chemin d’épanouissement personnel autour de valeurs d’unité et de fraternité. Ensemble, la bande des Permian Panthers va vivre une histoire fédératrice exceptionnelle où peu importe la finalité, victoire ou défaite, ce sera surtout l’aventure humaine ensemble qui va compter dans un récit initiatique. Berg montre comment le sport va être un moteur pour certains ou un échappatoire salvateur pour d’autres, qui y trouveront un moyen de donner du sens à leur vie et à leur jeunesse. Et au-delà, sans misérabilisme ni condescendance, le cinéaste de brosser un portrait de ces petites villes vivant au rythme d’une distraction leur permettant d’exister, ces petites villes où rien ne se passe, abandonnées par la grande Amérique, où les matchs deviennent un vecteur pour se réunir autour d’un rendez-vous commun et d’une passion vibrante cassant la morne routine. Après Friday Night Lights, émouvante épopée sportive, Peter Berg décida de prolonger l’aventure pour développer tout ce qu’il n’avait pas pu évoquer en 2h de film. En 2006, naîtra la série du même nom, probablement l’une des plus belles jamais créées sur le petit écran, qui révèlera des comédiens tels que Taylor Kitsch ou Michael B. Jordan.
———————————————————
HÉROS DE GUERRE
De Feng Xiaogang – 2007
Genre : Guerre, Action
Avec : Chao Deng, Heng Fu, Jun Hu…
Chine & HK – 2h05
Synopsis : 1948. La campagne de Huaihai, durant la guerre civile chinoise, s’interrompt pour l’hiver. Le capitaine Guzidi, commandant la neuvième compagnie de l’armée populaire, mène une unité d’infanterie composée de seulement 46 hommes lors d’une mission de tirs pour défendre la rive sud de la rivière Wen. Ses ordres sont clairs : combattre jusqu’à ce que sonne le ralliement…
Fresque ambitieuse à gros budget, Héros de Guerre s’inscrit dans la mouvance des films post-Il faut sauver le Soldat Ryan avec une esthétique travaillée, des images désaturées et une violence crue, dure et réaliste. Signé Feng Xiaogang (The Banquet), Héros de Guerre s’écarte des œuvres nationalistes chinoises à l’ultra-patriotisme parfois gênant. Dans ce drame centré sur les valeurs d’entraide, de rassemblement, de courage et sur la culpabilité, brille le destin dramatique d’un homme, le Capitaine Guzidi (formidable Zhang Hanyu) forcé de conduire son peloton vers un destin tragique en obéissant aux ordres aussi fous soit-il. Héros de Guerre se joue en deux actes. D’abord, la guerre civile chinoise acharnée avec la lutte entre une poignée d’hommes devant tenir un flanc de colline stratégique. Sans concession, cette première partie nous montre toute l’horreur du combat entre les corps déchiquetés, les gerbes de sang, les mutilations, la peur et l’attente puis les empoignades brutales et sans pitié. Comme le classique de Spielberg, Héros de Guerre ne fait pas dans la dentelle et ne nous épargne rien du carnage auquel l’on assiste avec une dureté sans nom, parfois à la limite du soutenable. Viendra ensuite, le destin de ce soldat héroïque traversant les guerres tel un robot fantomatique, errant sans but là ou on l’envoie, si ce n’est celui de faire reconnaître le courage et l’abnégation de ses hommes face à une administration sourde et peu enclin aux louanges. Drame de guerre ou film de guerre dramatique, Héros de Guerre est une oeuvre impressionnante et spectaculaire, conjuguée à une mélancolie désabusée profondément émouvante. Primé au festival asiatique de Deauville.
———————————————————
IT, THE TERROR FROM BEYOND SPACE
De Edward L. Cahn – 1957
Genre : SF
Avec : Marshall Thompson, Shirley Patterson, Kim Spalding, Ann Doran...
USA – 1h58
Synopsis : Une expédition vers Mars disparaît étrangement et ne donne plus signe de vie. Une seconde expédition est montée six mois plus tard et découvre sur place que tout l’équipage est mort excepté son commandant, le colonel Edward Carruthers. Ce dernier explique que tous ses hommes sont morts dans une mystérieuse tempête de sable par une forme de vie inconnue. Mis aux arrêts car non cru, le vaisseau repart en direction de la Terre sans se douter que la chose en question s’est glissée à bord…
Ah les américains, il n’y a pas à dire, ils sont vraiment les rois du monde question marketing. Dans les années 50, le cinéma, surtout de série B, aimait faire des annonces sensationnalistes pour faire le buzz autour de films mineurs cherchant à se mettre médiatiquement en évidence. Et les producteurs de It, The Terror from Beyond Space avaient fait fort. L’affiche du film arborait fièrement son coup marketing malin : 50.000$ était offert à la première personne en mesure d’affirmer, preuve à l’appui, que la chose vue dans le film n’existait vraiment pas sur la planète Mars ! Malins les bougres, car ils savaient très bien que la chose était alors improuvable mais aiguisaient furieusement la curiosité du public. Quelle pouvait bien être cette fameuse et mystérieuse « chose » ? Et hop, le tour était joué et le succès au rendez-vous ! It, The Terror from beyond Space pourrait se revendiquer aujourd’hui comme le grand-père du futur Alien de Ridley Scott. Un vaisseau, une créature à bord quasi-invisible et tapie dans l’ombre, décimant l’équipage un à un. Et c’est sans parler du final encore plus troublant mais que l’on ne dévoilera pas ici pour laisser le suspens tout entier. En modeste faiseur de séries B qu’il était, le méconnu Edward L. Cahn avait accouché d’un film de SF plutôt palpitant voire angoissant, laissant la part belle à la tension. Aujourd’hui visuellement daté, It, The Terror from beyond Space n’en reste pas moins un beau représentant du genre de son époque, agréable et divertissant. Certes, quelques séquences sont carrément reprises d’un précédent Flight to Mars par souci d’économie sur les effets couteux, certes les décors sont minimalistes et typiques de la série B de SF à l’ancienne, mais le tout est honorablement emballé et demeure une réussite mineure et sympathique au scénario bien ficelé.
A samedi prochain !
Par Nicolas Rieux