Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Une Nuit
Parents : Philippe Lefebvre
Livret de famille : Roschdy Zem, Sara Forestier, Samuel Le Bihan, Grégory Fitoussi, Jean-Pierre Martin, Sophie Broustal, Richard Bohringer…
Date de naissance : 2012
Nationalité : France
Taille/Poids : 1h40 – 4,7 millions €
Signes particuliers (+) : Une petit quelque chose d’envoutant et d’élégant, beau reflet du monde hypnotisant de la nuit. Réaliste. Crépusculaire. Ne cherche pas à faire du cinéma américain à la française.
Signes particuliers (-) : Quelques lacunes, notamment dans l’écriture des sous-intrigues.
PARIS BY NIGHT
Résumé : La jeune policière Laurence Deray a pour mission d’accompagner et de conduire, le temps d’une nuit, Simon Weiss, Commandant de la Brigade Mondaine. Elle va découvrir en sa compagnie le monde de la nuit, celui des bars et des boîtes de nuit, celui des truands et des hommes d’affaires, celui des petits voyous, de la drogue, de l’alcool…
Les mondes obscurs des truands, des mafias françaises, des gangs, des réseaux organisés ont toujours été une grande source d’inspiration pour le cinéma de genre hexagonal. En ces temps bénis avec le succès des polars, des films d’Olivier Marchal ou de séries comme Braquo, le contexte est idéal et le cinéma français de redoubler d’efforts et de tentatives. Ainsi, le peu prolifique cinéaste Philippe Lefebvre, auteur de deux long-métrages dans les années 80, s’adjoint, avec son scénariste Simon Michaël, les services de Philippe Isard, ancien flic de métier dans une démarche cinématographique à la Olivier Marchal, précédemment cité : faire un film s’inspirant du passé d’un homme ayant côtoyé un certain milieu matière à fiction réaliste.
Fort du passé d’Isard qui a eu l’occasion de patrouiller avec la mondaine, le trio va s’attacher à lever le voile sur les coulisses du monde vampirique de la nuit parisienne « fonctionnant à l’envers » (selon une réplique du héro Simon Weiss) de celui du jour et des adeptes du fameux métro-boulot-dodo. Évoquant les faiseurs de la nuit plutôt que les night-addict les vivant, Une Nuit a ce petit quelque chose d’hypnotisant, d’envoûtant, brossant avec une impression de film en temps réel, une nuit complète en l’espace de deux heures à la fois longues et brèves mais saisissant parfaitement un quotidien nocturne harassant et complexe. C’est par le prisme d’une jeune policière que l’on va se plonger dans le monde de la police des boîtes de nuit, des bars, des clubs spécialisés ou pas, dans cet univers étrange et attirant aux coulisses mystérieuses. La jeune Laurence Deray (Sara Forestier) nous introduit auprès de Simon Weiss (Roschdy Zem) et c’est partiellement par son regard que nous sommes invités à cette plongée le temps d’une seule nuitée, respectant unité de lieu (Paris), d’histoire (un personnage central) et de temps (une nuit e travail).
Non sans fictionnalisation (une histoire d’inspecteur borderline, de police des polices et d’amitié quasi fraternelle), Lefebvre essaie de capter une certaine réalité faite de compromis, de contacts, de jeux dangereusement limites et de tension permanente faisant écho à certains faits divers d’actualité dont le dernier exemple en date serait ce commissaire lyonnais, Michel Neyret, flic ou ripoux, policier aux méthodes douteuses trouvant potentiellement ses explications dans un métier compliqué jouant systématiquement avec les limites de la loi et des règles.
Si le cinéma français de genre est capable, malgré les contraintes financières, de livrer de bonnes choses dans l’horreur ou le polar, le thriller ou le film policier restent des registres plus difficiles, souffrant d’un problème récurrent de crédibilité dérangeant. A Bout Portant (quoique plutôt honnête dans son registre), La Proie ou Nuit Blanche sont autant d’exemples pour peu de réussites vraiment très convaincantes (Pour Elle). Une Nuit se défend quant à lui plutôt correctement, avec ses armes, s’éloignant d’une volonté de copie du cinéma américain, privilégiant une ambiance à l’action, se voulant plus calme et posé que bancalement efficace. Le film de Lefebvre s’éloigne d’ailleurs même du thriller comme du film policier sans pour autant tomber dans le polar non plus.
Chronique policière nocturne teintée de mélancolie crépusculaire, il est au final une belle et élégante réussite, plombée néanmoins comme souvent par une interprétation aléatoire. Si Roschdy Zem s’en sort comme toujours avec les honneurs, si son « acolyte » Sara Forestier n’a finalement pas grand-chose à dire si ce n’est être l’œil du spectateur pour accompagner ce dévoilage, l’ensemble des seconds rôles à commencer par Samuel le Bihan sont les points faibles de cette œuvre honorable, maîtrisée et à la tension palpable à chaque instant. En l’espace de cette nuit, c’est tout un cinéma à l’ancienne conférant Melville, qui s’orchestre sous nos yeux, réaliste et inspiré, documenté et prenant, se permettant même d’avoir Michael Mann comme référence en filigrane et renvoyant un homme face à sa volonté de bien faire et ses échecs inéluctables.
Bande-annonce :