Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Still Life
Pères : Uberto Pasolini
Date de naissance : 2014
Majorité : 15 avril 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : Angleterre, Italie
Taille : 1h27 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Eddie Marsan (John May), Joanne Froggatt (Kelly), Karen Drury (Mary), Andrew Buchan (Mr Pratchett)…
Signes particuliers : Eddie Marsan trouve enfin un premier rôle dans cette tendre comédie dramatique signée Uberto Pasolini, producteur de Full Monty et neveu de Luchino Visconti.
PROMENADE AVEC LA VIE ET LA MORT
LA CRITIQUE
Résumé : Modeste fonctionnaire dans une banlieue de Londres, John May se passionne pour son travail. Quand une personne décède sans famille connue, c’est à lui de retrouver des proches. Malgré sa bonne volonté, il est toujours seul aux funérailles, à rédiger méticuleusement les éloges des disparus… Jusqu’au jour où atterrit sur son bureau un dossier qui va bouleverser sa vie : celui de Billy Stoke, son propre voisin. L’INTRO :
Producteur au nom béni des dieux, Uberto Pasolini, au passage neveu de l’illustre Luchino Visconti, ne s’est jamais vraiment considéré comme un metteur en scène. Pire, il se définit comme un homme sans « imagination » qui aura du coup puisé dans sa vie, dans la vie en général, pour tenter de passer derrière la caméra avec Still Life, joliment titré Une Belle Fin en français. Pourtant, il ne s’agit pas d’une fin pour le néo-cinéaste auteur précédemment d’une obscure comédie italo-germano-sri-lankaise en 2008 (Sri Lanka National Handball Team) mais bel et bien d’un espéré début. Car avec ce second long-métrage, l’ex-producteur du triomphal Full Monty, se révèle un brillant réalisateur, qui ne s’appuie pas en effet sur une brillante imagination, mais sur un talent fou pour capter des instants rendus avec grâce et sensibilité.L’AVIS :
Une Belle Fin est une œuvre en porcelaine, un film fragile et délicat, tourné avec simplicité et humilité, mais qui pointe pourtant beaucoup de choses derrière son naturalisme bouleversant. Une tendre réflexion quasi-philosophique sur la société et sa façon de traiter les siens, sur la solitude, grand mal de notre époque, sur l’importance de la vie (alors qu’ironiquement il parle de la mort), sur l’humanité, en laquelle le cinéaste croit si fortement, sur la possibilité de trouver une forme de bonheur dans la dévotion aux autres, sur la trace de notre passage sur Terre ou encore sur les rapports humains modernes. Profondément fataliste de prime abord avec son personnage empathique envers lequel on ne peut éprouver que tristesse et mélancolie, Une Belle Fin avance, lentement mais sûrement, en s’enveloppant progressivement d’une luminosité chaleureuse et émouvante, qui affectera tout le récit et son message plein d’intelligence dans sa faculté à ne jamais s’imposer en jouant des coudes, bien au contraire, privilégiant le ressenti personnel pour mieux laisser le spectateur façonner sa propre appréhension de cette belle histoire confectionnée avec finesse et raffinement.Au son d’un thème magnifique de douce nonchalance, sans doute la seule forme de langage cinématographique vraiment mise en avant et appuyée, Uberto Pasolini nous accompagne dans cette chronique dramatique épurée et naturaliste, dont la mise en scène discrète voire effacée, les couleurs ternes et la simplicité narrative, permettent de laisser le champ totalement libre à l’essentiel, son personnage sublime et fascinant, vecteur de sentiments profondément justes et subtils. Rien ne viendra parasiter ce centre du récit, interprété par un Eddie Marsan à qui l’on offre enfin un premier rôle permettant de mesurer l’ampleur de tout le talent qu’on lui savait déjà.Tendre, doux, d’une immense pudeur et délicatesse, en plus d’être traversé de moments de grâce époustouflants, Une Belle Fin appartient à cette catégorie de films cantonnés à la discrétion médiatique et pourtant dignes de toutes les attentions. Un petit bijou d’humanisme, offert par un humble fils spirituel de Yasujirö Ozu.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux