Nom : Triple Nine
Père : John Hillcoat
Date de naissance : 2015
Majorité : 16 mars 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h55 / Poids : 28 M$
Genre : Polar, Thriller, Action
Livret de famille : Chiwetel Ejiofor, Anthony Mackie, Aaron Paul, Norman Reedus, Casey Affleck, Woody Harrelson, Clifton Collins, Kate Winslet, Gal Gadot, Teresa Palmer…
Signes particuliers : Un film de gangsters sombre et nerveux. John Hillcoat’s rules !
UN TRIPLE-SEC PAR JOHN HILLCOAT
LA CRITIQUE
Résumé : Ex-agent des Forces Spéciales, Michael Atwood et son équipe de flics corrompus attaquent une banque en plein jour. Alors qu’il enquête sur ce hold-up spectaculaire, l’inspecteur Jeffrey Allen ignore encore que son propre neveu Chris, policier intègre, est désormais le coéquipier de l’un des malfrats. À la tête de la mafia russo-israélienne, la redoutable Irina Vlaslov ordonne à l’équipe d’effectuer un dernier braquage extrêmement risqué. Michael ne voit qu’une seule issue : détourner l’attention de l’ensemble des forces de police en déclenchant un code « 999 » – signifiant « Un policier est à terre ». Mais rien ne se passe comme prévu…L’INTRO :
Comment ne pas avoir la bave aux lèvres à l’idée de retrouver le cinéaste John Hillcoat, à la barre d’un polar urbain sur le grand-banditisme avec mafia, flics et ripoux, illustré par des intentions alléchantes et une distribution à faire pâlir les rois de la réunion de talents style les frères Coen, Scorsese ou Fincher ? Triple 9 n’est pas encore sorti aux Etats-Unis (du moins à l’heure de ces lignes) qu’il suscite déjà une attente indescriptible. D’autant que le talentueux réalisateur de The Proposition, La Route ou Des Hommes sans Lois, s’est une nouvelle fois bien entouré malgré son modeste budget (28 M$) avec rien de moins devant sa caméra, que Chiwetel Ejiofor, Anthony Mackie, Aaron Paul, Norman Reedus, Casey Affleck, Woody Harrelson, Clifton Collins, mais aussi Kate Winslet, Gal Gadot ou Teresa Palmer. Vertigineux.L’AVIS :
Le cinéma de John Hillcoat a toujours eu pour lui, d’œuvrer en marge de la trop grande sagesse des productions hollywoodiennes peu audacieuses pour essayer d’aller vers l’essence même des genres auquel il se frotte. Et avec Triple 9, le metteur en scène de rester dans ce qui lui réussi le mieux, à savoir un style sec, rugueux, sombre, brut de décoffrage, et qui s’applique à bouger le spectateur, à ne jamais le laisser passif devant ce qu’il se passe à l’écran, mais au contraire, à tout faire pour l’embarquer au cœur des aventures proposées, toujours inscrite dans un mélange d’immersion et de tension pure. Dans le cas de Triple 9, John Hillcoat n’invente rien. L’australien s’efforce seulement de prendre la direction des mythes du polar opposant grands bandits et grands flics, en invitant tout ce qui zone entre eux. Le résultat rappelle beaucoup de tentatives passées, bonnes ou moins bonnes, mais ne fait jamais dans la référence ouverte, restant focalisé sur son histoire, son sujet, ses personnages et toute la force qui transporte ce polar arpentant les voies royales de l’incarnation de grands codes du cinéma américain fou et furieux.Avec Triple 9, on pense à la démonstration impactante de Training Day, à la férocité haletante de la série The Shield, un peu à Heat, beaucoup au The Town de Ben Affleck, on a en tête la noirceur du souvenir du Cartel de Ridley Scott et encore bien d’autres nobles références que le metteur en scène n’étale pas mais retravaille. Triple 9 est une plongée sous tension extrême, magnifiée par une réalisation épique et stylisée, décuplée par une bande-son puissante, gonflée par un découpage énergique. La violence de l’univers en présence est frontale, les enjeux sont simples mais bien orchestrés, et l’ensemble est secoué en permanence par sa conviction, sa sauvagerie, sa maîtrise, et son pouvoir de capter et entretenir l’attention autour de codes traditionnels mais reformulés avec brio dans un exercice dont il est impossible de décrocher tant il assoie et enfonce de force le spectateur dans son fauteuil pour mieux lui faire encaisser 4G d’accélération sous pression.Dès la première scène de braquage jouissivement virtuose, John Hillcoat nous propulse sans ménagement dans son univers avec une efficacité monstrueuse et un dynamisme des grands soirs. Et même s’il est encore trop tôt pour le savoir, on sent déjà que l’on va passer un sacré moment de cinéma. La suite ne fera que confirmer cette sensation entrevue et espérée. Personnages charismatiques et travaillés, esthétique contemporaine teintée d’un léger parfum d’old school qui n’est pas pour déplaire, atmosphère rendue suffocante par la mise en valeur d’une progression montant crescendo dans une idée de la force coercitive d’enjeux de plus en plus inextricables, narration percutante et nerveuse… Triple 9 suit un parcours relativement balisé, à tel point que l’on finit par presque tout attendre en se moquant de l’effet de surprise, trop occupé à se concentrer sur l’électrochoc que produit une œuvre à l’ossature désespérée, empruntant des sentiers que l’on connaît par cœur, mais que l’on se plaît à revisiter quand le guide nous y balade avec une telle maestria. Certains y verront un peu de facilité, d’autres, un énorme plaisir qu’il serait dommage de bouder, car tous les codes de la mythologie du film de gangsters sont réunis dans un polar sacrément rentre-dedans.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux