Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Transcendence
Père : Wally Pfister
Livret de famille : Johnny Depp (Will), Rebecca Hall (Evelyn), Paul Bettany (Max), Morgan Freeman (Tagger), Cillian Murphy (Buchanan), Kate Mara (Bree), Cole Hauser (Stevens), Clifton Collins Jr (Martin)…
Date de naissance : 2014
Majorité : 25 juin 2014 (en salles)
Nationalité : USA, Angleterre
Taille : 1h53
Poids : Budget 100 M$
Signes particuliers : Ça se voudrait être du sous-Nolan, c’en est très loin, joli navet ennuyeux tour à tour ambitieux et désespéramment cheap.
CHRISTOPHER NOLAN VERSION DISCOUNT
LA CRITIQUE
Résumé : Dans un futur proche, un groupe de scientifiques tente de concevoir le premier ordinateur doté d’une conscience et capable de réfléchir de manière autonome. Ils doivent faire face aux attaques de terroristes anti-technologies qui voient dans ce projet une menace pour l’espèce humaine. Lorsque le scientifique à la tête du projet est assassiné, sa femme se sert de l’avancée de ses travaux pour « transcender » l’esprit de son mari dans le premier super ordinateur de l’histoire. Pouvant désormais contrôler tous les réseaux liés à internet, il devient ainsi quasi omnipotent. Mais comment l’arrêter s’il perdait ce qui lui reste d’humanité ? L’INTRO :
Chef opérateur attitré de Christopher Nolan depuis Memento, récompensé à l’Oscar pour son travail sur Inception, Wally Pfister fait ses grands débuts de metteur en scène avec Transcendance, ambitieux thriller de science fiction produit avec bienveillance par un Nolan reconverti en mentor. Un film entrelaçant science et métaphysique dans une réflexion sur le pouvoir sans cesse grandissant de la technologie et les dangers qu’elle représentera le jour où elle surpassera l’homme, pour reprendre une célèbre citation d’Einstein reprise d’ailleurs sur l’affiche du film. Et pour matérialiser son sujet en apparence captivant, le cinéaste a fait confiance à des comédiens avec lesquels il a pour la plupart déjà travaillé, Johnny Depp en tête (sur le clip My Valentine de Paul McCartney) mais aussi Morgan Freeman, Cilian Murphy et Josh Stewart. Paul Bettany et la belle Rebecca Hall complètent cette distribution de prestige qui s’avèrera malheureusement insuffisante pour empêcher le film de réaliser un sacré flop au box office américain (23 M$ de recettes pour 100 M$ de budget).
L’AVIS :
Avec cette histoire de scientifique émérite dont la conscience est uploadée dans un cyber-ordinateur ultra-puissant aux possibilités illimitées, après avoir été assassiné par un groupuscule de terroristes anti-technologies, Wally Pfister ambitionnait un long-métrage à la fois palpitant dans son aventure, riche en émotions avec son fond de romance motivant une femme à combattre la « mort » de son époux, mais surtout questionneur sur les avancées technologiques pharamineuses notamment en neuroscience, nanotechnologie et robotique, posant de plus en plus sur la table, le débat des limites de certaines recherches de scientifiques jouant à être Dieu sans s’en rendre totalement compte. De tout temps et à plus raison de nos jours, les recherches scientifiques sont motivées par de nobles espoirs et convictions mais l’histoire nous a, à maintes reprises, mis face aux dangers de certaines dérives incontrôlées et c’est là, tout le fond substantiel déployé par l’arc dramatique de ce Transcendance.
Wally Pfister avait tout en main pour pondre une fiction passionnante. Mais voilà, à se prendre pour un simili-Christopher Nolan sans le génie qui va de pair, le cinéaste tente de copier le travail de son glorieux modèle sans le talent ni la maîtrise. Transcendance est un ersatz « nolanien » raté, long-métrage aux enjeux pauvres (mais qui essaie de nous faire croire le contraire) et sans cesse prévisibles, adossés à une intrigue sans consistance autre que l’écran de fumée pseudo-scientifique qui tente de masquer la fumisterie proposée, semblant effleurer seulement ses thématiques par peur de s’aliéner le public néophyte en la matière si elle allait réellement au bout des choses. Exactement le contraire de la philosophie du cinéma de Nolan. Ennuyeux comme la pluie, paresseux dans son traitement, artificiel comme l’intelligence qu’il prend pour sujet, dépourvu d’ambitions formelles fortes et d’emprise narrative pour épauler sa réflexion virant à la fable aux thématiques archi-éculées, Transcendance peine à se transcender lui-même et Pfister n’est pas un habile conteur. L’absence de toute direction d’acteurs finit de le faire basculer du côté obscur du ridicule, à l’image d’un Johnny Depp au regard de lamantin malade, qui n’aura jamais été si mauvais.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux