Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Toni Erdmann
Mère : Maren Ade
Date de naissance : 2016
Majorité : 17 août 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : Allemagne
Taille : 2h42 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Peter Simonischek, Sandra Hüller, Michael Wittenborn…
Signes particuliers : Acclamé à Cannes, Toni Erdmann était la palme des festivaliers mais il ne fut pas celle du jury.
UN PÈRE PAS COMME LES AUTRES
LA CRITIQUE DE TONI ERDMANN
Résumé : Quand Ines, femme d’affaire d’une grande société allemande basée à Bucarest, voit son père débarquer sans prévenir, elle ne cache pas son exaspération. Sa vie parfaitement organisée ne souffre pas le moindre désordre mais lorsque son père lui pose la question « es-tu heureuse? », son incapacité à répondre est le début d’un bouleversement profond. Ce père encombrant et dont elle a honte fait tout pour l’aider à retrouver un sens à sa vie en s’inventant un personnage : le facétieux Toni Erdmann…L’INTRO :
Porté en triomphe au dernier festival de Cannes, Toni Erdmann était parti pour rafler sans surprise la palme d’or après avoir séduit une assistance totalement acquise à sa cause. Mais le jury emmené par George Miller ne l’aura finalement pas entendu de cette oreille. Reparti bredouille côté palmarès, le film allemand de Maren Ade aura tout de même pu se contenter du prix de la critique internationale, décerné par la cohorte de journalistes présents sur la Croisette. Toni Erdmann aurait-il payé sa durée très conséquente (2h42) ? Ou peut-être le fait d’avoir été présenté dès les premiers jours de la compétition ? A moins qu’il n’ait tout simplement fait les frais d’une sélection d’un niveau assez élevé… Toujours est-il que nombreux sont ceux qui ont vu une petite injustice dans le fait d’avoir ainsi boudé ce beau récit filial dans lequel un père décide d’intervenir auprès de sa fille, voyant que cette dernière traverse une existence comblée par son travail mais vide de « bonheur ». Il décide alors d’inventer un personnage décalé, Toni Erdmann, pour l’accompagner au quotidien…L’AVIS :
Ni vraiment drame, ni vraiment comédie, éventuellement « comédie dramatique » et encore, la classification pourrait être discutable, Toni Erdmann nous propose un regard amusé sur un mal moderne de plus en plus répandu : l’insatisfaction de vie et l’absence de bonheur sacrifiées sur l’autel de la réussite professionnelle écrasante. Les nombreuses idées esquissées par cette satire aux allures de chronique à la fois tendre, burlesque et mélancolique, séduisent et interpellent par leur écho social très contemporain mais malheureusement, elles peinent à bonifier leur vrai moteur de partage universel en raison de la forme adoptée par Maren Ade. Toni Erdmann est long, beaucoup trop long, et se perd en circonvolutions à force de terriblement étirer son histoire fondée sur une belle leçon de vie abordée sans aucune intention moralisatrice. On pourrait aisément retirer une heure de film pour gagner en densité, et probablement en émotion, cette dernière perdant de sa force au fil d’un scénario étiolé qui peine à réellement embarquer dans son aventure humaine. Surtout, Toni Erdmann tourne beaucoup en rond, parfois pour ne rien dire, et sa substance de fond est contrainte de se débattre au milieu d’un jardin touffu pour trouver une lumière éthérée. Derrière un ennui poli, reste un propos, deux excellents comédiens, une belle sensibilité intermittente, et une poignée de scènes formidables de drôlerie (tout le passage du brunch d’anniversaire est un régal de loufoquerie). C’est déjà pas mal diront certains, mais c’eut pu être tellement mieux traité…
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux