Carte d’identité :
Nom : The Suicide Squad
Père : James Gunn
Date de naissance : 2020
Majorité : 1er décembre 2021
Type : sortie Blu-ray/DVD
Nationalité : USA
Taille : 2h12 / Poids : NC
Genre : Action, Super-héros
Livret de Famille : Margot Robbie, Viola Davis, Joel Kinnaman, Idris Elba, Michael Rooker, Jai Courtney, John Cena, Sylvester Stallone…
Signes particuliers : Une explosion de folie haute en couleurs !
VOUS N’ÊTES PAS PRÊT !
NOTRE AVIS SUR THE SUICIDE SQUAD
Synopsis : Bienvenue en enfer – aka Belle Reve, la prison dotée du taux de mortalité le plus élevé des États-Unis d’Amérique. Là où sont détenus les pires super-vilains, qui feront tout pour en sortir – y compris rejoindre la super secrète et la super louche Task Force X. La mission mortelle du jour ? Assemblez une belle collection d’escrocs, et notamment Bloodsport, Peacemaker, Captain Boomerang, Ratcatcher 2, Savant, King Shark, Blackguard, Javelin et la psychopathe préférée de tous : Harley Quinn. Armez-les lourdement et jetez-les (littéralement) sur l’île lointaine et bourrée d’ennemis de Corto Maltese. Traversant une jungle qui grouille d’adversaires et de guerilleros à chaque tournant, l’Escouade est lancée dans une mission de recherche et de destruction, avec le seul Colonel Rick Flag pour les encadrer sur le terrain… et la technologie du gouvernement dans leurs oreilles, afin qu’Amanda Waller puisse suivre le moindre de leurs mouvements. Comme toujours, un faux pas est synonyme de mort (que ce soit des mains de leurs opposants, d’un coéquipier ou de Waller elle-même). Si quelqu’un veut parier, mieux vaut miser contre eux – et contre eux tous.
Succès n’a jamais rimé avec Qualité, c’est un fait de très longue date au cinéma. Et si les chiffres de Suicide Squad s’étaient révélés plutôt bons en 2016 avec quasi 750 millions de dollars de recettes mondiales, reste que le film de David Ayer avait été un beau foirage communément admis par une grande majorité. Dès lors, difficile de ne pas l’avoir en tête au moment d’appréhender The Suicide Squad, avec un « The » devant pour marquer un peu la différence. Le titre n’évoque pas en soi l’idée d’une suite. Donc un reboot ? Pas vraiment. Le trouble est entretenu, la Warner parlant ni d’une suite, ni d’un reboot, plutôt de quelque chose de bâtard entre les deux, une sorte de « suite indirecte » qui ressemble furieusement à un reboot mais du mais qui se permet quelques petites références à son prédécesseur comme pour ne pas le renier complètement. Réalisé par James Gunn après son licenciement (finalement provisoire) de chez Disney, The Suicide Squad cristallisait de fortes attentes. Parce que le réalisateur des Guardiens de la Galaxie est très apprécié des fans, parce qu’il semble avoir eu une certaine liberté pour mener le projet, et enfin parce que les bandes annonces ont vite de montrer que le résultat serait très différent. Tellement différent qu’adieu l’assassin PG-13 qui a tendance à toujours tout lisser à Hollywood et bienvenu au R-Rated annonçant un déluge de violence sans limite. Margot Robbie rendosse la tenue sexy-déjantée de Harley Quinn, Idris Elba incarne Bloodsport, John Cena est un monolithique Peacemaker et autour d’eux, Joel Kinnaman, David Dastmalchian, Viola Davis et même la voix de Sly Stallone !
Bon, d’emblée, reconnaissons que le premier mérite de The Suicide Squad est de faire oublier… Suicide Squad. Rien que pour ça, merci James Gunn. Changement radical de braquet, on fout à la poubelle la bouse d’il y a 5 ans et sa (non) personnalité en bambou discount, place à un vrai délire furieux, hardcore et complètement débridé. De l’action qui carbure au kérosène pour fusée, du gore à gogo, de l’humour de toutes les couleurs associé à des punchlines par kilos, le plein de surprises (l’entame est un must savoureusement hallucinant) et une effusion massive de cool attitude, tel est le programme de cette suite/reboot explosive qui se veut être non seulement la bombe de l’été mais si possible, la bombe de l’univers DC après des années d’atermoiements.
Comme on le disait, classé R aux Etats-Unis (les moins de 17 ans doivent être accompagnés d’un adulte), The Suicide Squad ne se prive de rien. Mais alors de vraiment RIEN. Et James Gunn d’ouvrir les vannes et de se comporter comme un gosse dans une pâtisserie privatisée rien que pour lui. En mode glouton, le cinéaste se lâche sans aucune retenue. Et tout y passe, The Suicide Squad frôlant le record du plus gros carnage meurtrier de l’histoire du cinéma, le tout avec un panache rock n’ roll ultra-jouissif. Comédie d’action SF super-héroïquement gore et What The Fuck, The Suicide Squad est un joyeux bordel intersidéral qui se régale et qui nous régale dans ce qui pourrait ressembler à une gigantesque teuf cinématographique complètement dévissée du ciboulot. Une chose ressort clairement de toute cette affaire post-Snyder’s Cut Justice League : quand on laisse les coudées franches aux réalisateurs pour qu’ils fassent vraiment ce qu’ils veulent, on obtient des films avec nettement plus d’audace et de personnalité (exception faite de l’horrible Wonder Woman 84) que quand on cherche à les soumettre à un moule à recettes.
Mais le coup de maître a quand même une limite : celle qu’il crée lui-même par sa frénésie hystérique. The Suicide Squad est un déversoir ultime de fun… mais qui en a un peu trop conscience. C’est effectivement complètement dingue et on apprécie instantanément cette liberté foutrement jubilatoire qui explose à l’écran dès la première minute. Mais gare à l’excès de « coolitude ». Le film de James Gunn veut tellement être cool non-stop d’un bout à l’autre que ses envolées finissent parfois par lasser sur 2h20. On se marre aux 20 premières têtes explosées, mais au bout de la centième… A force de vouloir être cool tout le temps, à force de donner des coups de coude au spectateur pour lui montrer que c’est cool dans une emphase d’autosatisfaction permanente, à force de maintenir un rythme à 2000 à l’heure, The Suicide Squad finit par se brûler un peu les ailes qui le portaient au sommet du kiff régressif. Durant une heure, le film est une éclate totale, hallucinée et hallucinante. Mais le festival finit par s’épuiser même s’il a quand même de la ressource pour proposer des séquences dantesques jusqu’à bout. Narrativement, il a pour lui d’arriver constamment à se renouveler en cours de route enchaînant des « blocs » très différents les uns des autres, du spectacle super-héroïque foutraque au Kaiju plein de second degré. Mais en terme de ton et de style, il donne l’impression de tourner parfois en rond sur lui-même, peu aidé par sa durée XXL (2h20 quand même).
Néanmoins, malgré cette sensation d’usure qui amoindrit son impact, The Suicide Squad reste très nettement au-dessus de la masse et s’impose comme une folie revigorante pleine de punch et forte d’une générosité indéniable. Cerise sur le gâteau, c’est parfaitement interprété par une galerie d’acteurs qui s’amuse à l’évidence et l’on ne pourra que louer la mise en scène d’un James Gunn formidablement inspiré et capable de pondre des scènes d’une beauté ahurissante (comme cette bagarre filmée dans le reflet d’un casque). En bref, un énorme plaisir, certes parfois excessif, mais surtout aussi épique que frappadingue, qui conjugue avec panache et génie décomplexé, spectacle, hilarité et style.
LE BLU-RAY DE THE SUICIDE SQUAD
Si le film aura été en soi une explosion de générosité, le Blu-ray édité par Warner est à sa mesure. Outre une image impeccable et un son qui défonce proposant au choix du Dolby Digital 5.1 de qualité ou du Atmos surpuissant (transformé en 7.1 pour les équipements n’ayant pas la capacité de le décoder), c’est surtout la multitude de suppléments qui rend cette édition particulièrement bandante. Conscient que le film a tout pour devenir un hit en vidéo (sans doute plus qu’il ne l’a été en salles), Warner a mis le paquet pour remplir sa galette HD. Au total, on avoisine l’heure et demi de bonus pour prolonger le plaisir, sans compter la possibilité de revoir le film avec les commentaires audio d’un James Gunn généreux en anecdotes, en analyses ou en infos (ou comment déceler les easter eggs que l’on aurait éventuellement loupés). Derrière, les festivités commencent par 17 minutes de scènes coupées ou rallongées. Suit un module décryptant le tournage de 4 scènes mémorables du film. Le passage par un petit bêtisier d’une dizaine de minutes vient balancer un peu d’humour dans tout cela (avouons qu’il est drôle) avant de passer à quelques featurettes revenant notamment sur le comics original, le travail de James Gunn ou l’élaboration de King Shark et Starro le Conquérant. On notera que le passage obligé de la bande-annonce du film (dont généralement on se fout) est ici l’un des moments de choix de la galette puisqu’en lieu et place du traditionnel trailer que l’on connaît par cœur, on nous propose différentes bandes annonces revisitées selon un style vintage et un genre à chaque fois (film de guerre, film d’horreur, film policier). Amusant et jouissif. Bilan, on s’est régalé et c’est pas tous les jours à l’heure où les suppléments des blockbusters ont tendance à se contenter de featurettes lisses comme une chantilly industrielle.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux