Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : The Neighbors (aka The Neighbor)
Père : Kim Hwi
Livret de famille : Ji-han Do (Ahn Sang-Yoon), Chun Ho-jin (Pyo Jong-Rok), Cha Hyeon-woo (Detective Lee), Young-nam Jang (Ha Tae-Seon), In-gi Jeong (Hong-Jung), Sae-ron Kim (Yoo Soo-Yeon / Won Yeo-Seon), Seong-gyoon Kim (Ryu Seung-Hyuk), Yunjin Kim (Kyung-Hee), Dong-seok Ma (Ahn Hyuk-Mo)…
Date de naissance : 2012 (sortie inconnue)
Nationalité : Corée du Sud
Taille/Poids : 1h55 – Budget NC
Signes particuliers (+) : Un thriller honnête made in Corée, bien ficelé et adroit, dominé par une mise en scène élégante et inventive et une belle galerie de personnages.
Signes particuliers (-) : Des maladresses dans un script qui parfois se disperse un peu inutilement à trop vouloir caractériser ses personnages et user de ses aventures à la lisière du fantastique.
UN SI CHARMANT VOISINAGE…
Résumé : La tranquillité d’un sympathique quartier résidentiel coréen est perturbé par le sauvage meurtre d’une petite écolière. Un serial killer semble se cacher parmi la communauté…
La tranquillité du pays du matin calme est mise à rude épreuve avec le thriller The Neighbor, premier film du cinéaste Kim Hwi qui adapte un webzine coréen éponyme signé d’un phénomène local, le manhgawa Kang Full. Après de brillantes études de lettres, Kang Full a voulu faire carrière dans le dessin, pour lequel il a rapidement un talent évident. Mais ne trouvant aucun éditeur pour le prendre charge, l’artiste a décidé de se faire seul, créant un site internet où il publia son travail. Succès immédiat, le site de Full attire des millions de visiteurs à travers le monde et très rapidement, le cinéma. Plusieurs de ses œuvres ont été adaptées quand The Neighbor fait l’objet d’une transposition sur grand écran, mais cette histoire de voisin serial killer dans un petit quartier résidentiel sera son apothéose, confirmant au passage la bonne vitalité du cinéma coréen notamment dans les registres du polar et du thriller.
Kim Hwi signe un film adroitement ficelé, angoissant et oppressant, bien aidé par sa mise en scène soigneusement léchée malgré quelques excès d’artifices pour lesquels on reste hésitant entre créativité assumée ou léger manque de rigueur. Dans tous les cas, la première chose qui saute aux yeux, c’est la façon dont le cinéaste prend son temps pour poser ses personnages très caractérisés, pour poser son univers en quasi huis-clos dans ce microcosme résidentiel troublé par le meurtre violent et sadique d’une jeune écolière. Pas de suspens sur le coupable, on le connaît tout de suite (un impressionnant Seong-gyoon Kim) mais cette tournure narrative n’importe peu au final car le film ne recherchait pas le whodunit (même s’il y a là une matière intéressante à exploiter pour un autre film tourné dans un sens paranoïaque). Avec beaucoup de talent, Kim Hwi établit ses connections, ses interactions et place ses pions sans que jamais son film ne soit ennuyeux, au contraire. Une belle-mère au bord de la folie ne se pardonnant pas la mort de sa belle-fille, un vendeur de valises sympathique intrigué par les gens bizarres qui l’entourent, un livreur de pizza gêné par un mauvais pressentiment, un caïd local passablement énervé, une mère très active dans la communauté, une joyeuse écolière attendrissante, deux gardes veillant à la sécurité du coin et ce voisin sinistre, désagréable et flippant. Hwi tient sa galerie de personnages et mène avec beaucoup de maîtrise et un sens aiguisé de la narration, l’évolution de tout ce beau monde avec comme point de convergence ce psychopathe vivant au beau milieu d’eux sans qu’ils ne s’en doutent.
On pourra éventuellement regretter que The Neighbor en fasse un peu trop sur certains points de drama peu indispensables et qui égarent parfois le récit, notamment quand il s’invite à la lisière du fantastique (les traumas personnels illustrés sous la forme de fantômes étant une bonne idée mais trop jouée et répétée). Toutefois, avec ses excellents comédiens (dont Yunjin Kim, que beaucoup connaissent pour avoir été la coréenne Sun de la série Lost ou l’excellent Ma-Dong Seok vu dans Le Bon, la Brute et le Cinglé, The Unjust ou Nameless Gangster dans un rôle de truand que l’on emmerde pas, même de loin), sa mécanique bien travaillée, son ambiance lourde et étrange mais non dénué d’un soupçon d’humour qui fonctionne bien et sa direction artistique admirable, ce premier effort derrière la caméra d’un auteur qui avait déjà séduit par le passé en signant le script du pas mal Midnight FM (et celui moins « pas mal » de Haeundae) est une franche réussite, thriller implacable aux légers accents horrifiques.
Bande-annonce :