Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : The Homesman
Père : Tommy Lee Jones
Livret de famille : Tommy Lee Jones (Briggs), Hillary Swank (Cuddy), Grace Gummer (Anabella), Miranda Otto (Theoline), Sonja Richter (Mme Svendsen), William Fichtner (Belknap), James Spader (Mr Duffy), John Lightow (Dowd), Tim Blake Nelson (Tim), Jesse Plemmons (Garn Sours), Meryl Streep (Altha Carter), David Dencik (Thor Svendsen)…
Date de naissance : 2014
Majorité : 18 mai 2014 (en salles)
Nationalité : France, USA
Taille : 2h02 / Poids : Budget 16 M$
Signes particuliers (+) : Outre sa saisissante beauté formelle, un drame westernien d’une pureté magistrale, épris d’une humanité bouleversante et d’un enivrant parfum de liberté vis-à-vis de son affranchissement des genres définis, des codes, des conventions, du traitement des mythes fondateurs de l’Amérique… Audacieux, fascinant, et porté par un duo de comédiens exceptionnels.
Signes particuliers (-) : Le rythme lancinant pourra dérouter certains.
VOL AU-DESSUS D’UNE VIEILLE CHARIOTE
LA CRITIQUE
Résumé : En 1854, trois femmes ayant perdu la raison sont confiées à Mary Bee Cuddy, une pionnière forte et indépendante originaire du Nebraska. Sur sa route vers l’Iowa, où ces femmes pourront trouver refuge, elle croise le chemin de George Briggs, un rustre vagabond qu’elle sauve d’une mort imminente. Ils décident de s’associer afin de faire face, ensemble, à la rudesse et aux dangers qui sévissent dans les vastes étendues de la Frontière. L’INTRO :
Acteur au de-là du talentueux appartenant à cette race des monstres sacrés du septième art, Tommy Lee Jones s’était révélé (aussi) un cinéaste brillant avec son acclamé Trois Enterrements en 2005. Depuis, plus rien. Et nous de rêver secrètement à un retour derrière la caméra, retour qu’il aura fallu attendre près de neuf ans. Avec The Homesman, cet artiste complet signe donc son deuxième long-métrage de cinéma (auxquels s’ajoutent deux téléfilms). Une œuvre qu’il aura écrite, réalisée et interprétée, s’y offrant le co-premier rôle aux côtés de la surdouée Hillary Swank. Adaptation du célèbre roman consacré Le Charlot de Damnés de Glendon Swarthout (paru en 1988), qui a nourri en son temps les fantasmes de Paul Newman ou Sam Shepard sans qu’aucun ne puisse l’adapter, The Homesman est produit, à l’instar de Trois Enterrements, par un Luc Besson qui témoigne une fois de plus de sa grande diversité. Et l’acteur-réalisateur T.L. Jones de connaître une deuxième fois les honneurs d’une présentation en compétition officielle au très prestigieux Festival de Cannes.L’AVIS :
Pour sa seconde réalisation, Tommy Lee Jones récidive dans le « western dramatique » ou le « drame westernien » c’est selon, autant l’un que l’autre et pourtant « autre » au final. Car son film transcende en fait les notions de genre, pour aller s’inscrire avec liberté dans l’immense cinéma américain que l’on aime tant, celui animé d’un parfum de grandeur d’âme et d’humanité qui confère au chef d’œuvre. S’il peut paraître un peu confus dans son entame au montage déroutant, The Homesman trouve rapidement sa voie, et elle est belle. Une aventure humaine initiatique et fondatrice, révélant dans leur plus pure essence, un homme et une femme esquintée par la vie, au cours d’un doux récit embué dans une amertume d’une pureté magistrale. Magnifiquement maîtrisé et d’une splendeur désarmante, The Homesman compense en émotion brute et en puissance évocatrice ce qu’il peut perdre parfois en rythme dans un film globalement lancinant et crépusculaire duquel explose dans une déflagration puissante, l’intensité du jeu d’une Hilary Swank magnifique de tristesse et d’abnégation (le prix d’interprétation ne serait pas immérité) côtoyant le génie d’un Tommy Lee Jones incarnant avec justesse un splendide anti-héros drolatique et mystérieux, tout en nuance.A l’image de son précédent Trois Enterrements, la force cristalline du cinéma de Tommy Lee Jones déboussole. Sans détour, violent, poignant, surprenant à plus d’un égard, The Homesman est le porte-étendard d’un cinéma affranchi des conventions. Des ancrages aussi. Un cinéma d’auteur personnel qui va là où il veut, que l’on ne guide pas, que l’on n’enferme pas dans les codes traditionnels des mythes fondateurs du cinéma américain qu’il aborde. Une œuvre qui se guide elle-même au gré de son récit fascinant et passionnant. Tour à tour grave ou bouffon, dur ou émouvant, doux ou brutal, pudique ou frontal, mélancolique ou absurde, ce voyage fabuleux d’une « vieille fille » désespérée et d’un ancien soldat harassé affranchi de toutes attaches, convoyant ensemble trois femmes rendues folles par l’immensité de l’Ouest américain, est une sacrée leçon d’une unicité redonnant foi dans le véritable septième art. Un film à l’ancienne, confectionné dans le grandiose.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux