Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : The Grand Budapest Hotel
Père : Wes Anderson
Date de naissance : 2013
Majorité : 03/09/14 (en vidéo) – 26/02/2014 (en salles)
Nationalité : USA
Taille : 1h40
Poids : Budget N.C.
Type : Comédie
Livret de famille : Ralph Fienes (Gustave), Jude Law (l’auteur jeune), Tony Revolori (Zero), F. Murray Abraham (Mr Mustapha), Adrian Brody (Dmitri), Mathieu Amalric (Serge), Tilda Swinton (Mme D), Jason Schwartzman (Jean), Willem Dafoe (Jopling), Jeff Goldblum (Kovacs), Harevy Keitel (Ludwig), Saoirse Ronan (Agatha), Edward Norton (Henckels), Bill Murray (Ivan), Owen Wilson (Chuck), Léa Seydoux (Clotilde), Tom Wilkinson (l’auteur âgé), Bob Balaban (Martin)…
Signes particuliers : Wes Anderson au sommet de son art ? C’est en tout cas ce qu’a pensé le festival de Berlin qui lui a accordé son Grand Prix du Jury. Comédie merveilleusement fantaisiste, The Grand Budapest Hotel est le genre d’enchantement qui nous rappelle pourquoi l’on aime le cinéma. Le cinéaste nous emmène dans une vieille Europe à l’âge d’or en plein évanouissement et nous abandonne à une gracieuse aventure drolatique douce-amère, traversée de personnages étonnants que l’on aime en un battement de cil. Un bijou de poésie, de justesse et d’inventivité souveraine.
LA PLUS GRANDE DISTRIBUTION JAMAIS CONTÉE
LA CRITIQUE
Résumé : Le film retrace les aventures de Gustave H, l’homme aux clés d’or d’un célèbre hôtel européen de l’entre-deux-guerres et du garçon d’étage Zéro Moustafa, son allié le plus fidèle. La recherche d’un tableau volé, oeuvre inestimable datant de la Renaissance et un conflit autour d’un important héritage familial forment la trame de cette histoire au coeur de la vieille Europe en pleine mutation.…
L’INTRO :
Le très apprécié Wes Anderson nous invite à une nouvelle balade agréablement ubuesque dans son imaginaire doucement décalé et pétillant comme un carrousel chic tournoyant sous les rires de ses hôtes. Prenant inspiration de l’univers littéraire de l’auteur viennois Stefan Zweig, il nous emmène cette fois-ci du côté de l’Europe de l’Est, à la rencontre d’un lieu atypique, son Grand Budapest Hotel, vieil édifice luxueusement passéiste perdu dans les massifs, non de la Hongrie comme on pourrait s’y attendre, mais d’un pays fictif baptisé Zubrowka. Perché au sommet d’une colline aisément accessible par son charmant funiculaire rétro-kitsch, cette station thermale anciennement réputée est aujourd’hui un temple de villégiature déserté où le temps semble s’être arrêté, les rares clients s’y croisant le temps d’un regard ou d’un hochement de tête sous l’œil d’un concierge désœuvré, le tout dans une étrange atmosphère presque fantomatique. La rencontre entre un écrivain de passage et une mystérieuse figure hantant les lieux quelques semaines chaque année, Mr Zéro Mustapha, va être l’occasion le temps d’un dîner, de faire revivre cet imposant hôtel fané, par l’histoire étonnante de son propriétaire vieillissant.
L’AVIS :
Wes Anderson a un don précieux pour les fresques fantaisistes et baroques, débordantes de vie, de douceur, d’humour caustique et de mélancolie teintée d’amertume et de nostalgie. Avec The Grand Budapest Hotel, il œuvre dans ce qu’il sait faire de mieux. Un film délicieusement décalé, ni trop ni pas assez, nourrie à la tendresse d’un univers en apesanteur embrassé avec une justesse frappante. Ce divin miracle de raffinement nuancé par un espiègle esprit rocambolesque lorgnant vers le cinéma burlesque avec son histoire de course-poursuite fabuleuse, conjugue le style de la découverte aventureuse d’un A Bord du Darjeeling Limited et le ton de la fresque loufoque évoluant à travers le temps et les époques façon La Famille Tenenbaum, deux must du metteur en scène parmi ses meilleurs films à ce jour. Un pur Wes Anderson inimitable emballé avec une grâce distrayante portant son cinéma vers des sommets suprêmes où il touche la voûte céleste de l’art total en compagnie de personnages forts et incarnés donnant corps et vie à cette magnifique virée étourdissante quelque part dans les contrées de l’irréel.
Avec une distribution comme on en a rarement vu, peuplée d’illustres comédiens comme autant de marionnettes se laissant subtilement manipulée à la guise d’un artiste faisant vivre un univers plein de folie délicate, The Grand Budapest Hotel est un petit moment d’élégante magie cinématographique brillant de mille feux par ses images poétiques, baroques, créatives, incarnant une sucrerie colorée pleine de drôlerie et d’inventivité formelle comme narrative. Par un joyeux capharnaüm fugacement débridé au charme nostalgique mais tenu avec une maîtrise affolante de génie, Wes Anderson nous offre généreusement une chronique du vieux continent en pleine déliquescence et désenchantement, mais sublimé par une grande puissance évocatrice soutenue par un enchevêtrement parfait entre une narration à la fluidité subjuguante et une direction artistique matérialisant à merveille ce monde décrépi dont la flamme soubresaute encore à peine dans les mémoires de ses derniers mohicans. Et alors que pas à pas, l’enchantement affine son beau message et sa vision de la vie comme une continuité sans cesse surprenante, The Grand Budapest Hotel devient un met classieux et délectable, comme une succession de tableaux de maîtres subtilement composés dont la richesse dépasse la seule contemplation de l’instant d’une sorte de comédie endiablée semblable à celles dite « d’antan ».
Foudroyante déclaration d’amour envers la vie et le cinéma, la curiosité intrépide qu’est The Grand Budapest Hotel semble être l’œuvre définitive et crépusculaire d’un auteur qui a comme atteint le summum de la virtuosité de son art. Comment Wes Anderson va t-il se réinventer après ça ? Pourra t-il encore en repousser les limites maintenant qu’il a signé ce qui semble s’imposer comme son œuvre ultime ? On a hâte de le découvrir.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux